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Société Publié le samedi 19 octobre 2013 | Nord-Sud

Guillaume Gbato, secrétaire général du Synapp-ci : “La presse d’aujourd’hui est meilleure qu’en 1990”

Il y a une lenteur dans le processus de réconciliation nationale. Les journalistes sont accusés au même titre que les hommes politiques. Qu’en pensez-vous ?

Le rôle du journaliste est d’informer, de relayer les différentes opinions. C’est souvent un faux procès qui est fait à la presse. Il y a des gens qui ont choisi comme métier la politique, ce sont les hommes politiques. Ce sont eux qui donnent le tempo. Nous les journalistes, nous ne devrions que rendre compte. Il ne faut pas qu’on nous considère comme des acteurs neutres, à l’image des robots. Depuis la fin de la crise postélectorale, plusieurs de nos préoccupations en tant que citoyens sont sur la table et n’ont pas trouvé de solution.

Que répondez-vous à ceux qui estiment que les journalistes ne doivent pas relayer mot par mot le discours de division des politiques ?

Personne n’est obligé à faire quoi que ce soit. Il y a la responsabilité du journaliste qui doit pouvoir apprécier les discours et voir ce qui est exploitable ou pas. Au-delà de ces petites questions de principe, le vrai problème est que l’Etat qui crée le cadre d’expression et d’exercice du métier mette les journaux dans des conditions qui leur permettent de prendre du recul. Tant que les conditions de travail des journalistes seront celles que nous connaissons aujourd’hui, à savoir la précarité de l’emploi, le manque et la faiblesse de la formation, les mauvaises conditions de vie et de travail, tant qu’on sera sous cette pression permanente, il ne faut pas s’attendre à une certaine qualité.

Est-ce qu’à cause de cette pression que le rédacteur doit être le griot  des hommes politiques ?
Nous sommes tellement préoccupés du quotidien que nous n’avons pas le recul nécessaire.

Aujourd’hui, à la vue du travail qui s’effectue dans les rédactions, les effectifs sont très réduits pour un volume de travail élevé.

Ce n’est pas une raison pour que le journaliste ne fasse pas convenablement son travail…
Je ne les dédouane pas. Je dis que si quelqu’un fait quatre comptes-rendus alors qu’il aurait fallu qu’il en fasse un seul, et qu’il a des problèmes de loyer, de nourriture pour la famille, il ne peut pas avoir le recul nécessaire pour faire le discernement. Il est accaparé par ses problèmes. C’est une réalité.

Il y a le principe élémentaire du journalisme qui veut qu’on équilibre l’information. Pourquoi les rédacteurs ne le font pas ?

Au niveau du traitement de l’info, il y eu beaucoup de progrès. Le problème n’est pas à ce niveau, il est plus profond. Nous sommes accaparés par des problèmes de survie. Ce sont des choses qu’il ne faut pas négliger. La moyenne d’expérience professionnelle de nos journaux tourne autour de 15 ans. Des personnes qui ont 15 ans de métier savent comment exploiter les informations. S’ils ne le font pas souvent, c’est parce qu’il y a cette pression. Sinon, ce n’est pas généralisé.

Que doivent faire les hommes de presse pour amener les Ivoiriens à se réconcilier ?

Pour moi, la question de la réconciliation est politique. Nous ne pouvons pas nous substituer aux hommes politiques. Il y a un intérêt qui est le rassemblement. Il y a des questions qui préoccupent. Il y a un certain nombre de sujets à savoir l’insécurité, la situation des droits de l’Homme ; nous devons interpeller les autorités publiques et proposer des choses qui créeront la cohésion. Si chacun fait correctement son travail en ayant à l’esprit les standards internationaux, on saura qu’il y a une presse qui fait son travail et cela pourra déboucher sur la réconciliation nationale.

Est-il possible que les journalistes se départissent un jour du discours politique et de la manipulation des informations pour faire correctement leur travail ?

Oui. Il ne faut pas être pessimiste. La presse ivoirienne a fait beaucoup de progrès. Nous faisons un travail basic. Il faut réunir les fondamentaux. La presse d’aujourd’hui est meilleure à celle de 1990, donc il y a de l’espoir.

Entretien réalisé par SA
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