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Société Publié le samedi 26 octobre 2013 | Nord-Sud

Difficultés liées à l’emploi: Les jeunes posent leurs diagnostics

Nestor Dahi, Jeunesse du Front populaire ivoirien (JFpi): «L’espoir s’est mué en désespoir»

«Pour le Front populaire ivoirien (Fpi), tout le débat doit s’articuler autour des états généraux de la République. Parce que le problème de l’emploi des jeunes en Côte d’Ivoire s’inscrit dans un moule général qui est le malaise qui frappe toute la nation. Le pays tout entier n’est pas guéri. Si on ne s’assoit pas pour faire les états généraux, comment allons nous faire pour solutionner le problème des jeunes ? Donc pour le Fpi et surtout pour sa jeunesse, il est important qu’on puisse s’asseoir entre nous Ivoiriens pour mettre sur la table des discussions les problèmes réels de la Côte d’Ivoire. Ce sont, entre autres, les problèmes de l’insécurité, du foncier, le retour des exilés dont des milliers de jeunes. Il y a des jeunes qui sont en prison, comment faire pour que ceux-ci puissent recouvrer la liberté d’abord, avant de s’asseoir et parler de leur insertion. Pour nous, tout passe forcément par les états généraux de la République. Mais, pour qu’on puisse s’asseoir et regarder dans tous les détails de l’inadéquation entre la formation reçue dans les universités et les grandes écoles et l’emploi en Côte d’Ivoire, il faut qu’il y ait la sécurité, l’assurance pour chaque Ivoirien de vivre en harmonie avec son frère. Et le reste viendra ensuite. Pour nous, le nœud gordien, ce sont les états généraux de la République. Sinon effectivement, il y a des difficultés. La formation est aujourd’hui au rabais ; avec la crise, elle s’est s’accentuée. Et est devenue plus que médiocre sous l’ère Ouattara. Il est même difficile de parler aujourd’hui d’adéquation formation-emploi. Il faut qu’on s’asseye pour poser le diagnostic même de la formation. Il (le président de la République, ndlr) avait promis 2 millions d’emplois mais on ne sent rien. Il y a plutôt un recrutement hors-la-loi, certains jeunes sont recrutés, on ne sait sur quels critères. Parce que vous constatez avec moi que depuis un certain temps, il n’y a plus de concours d’entrée à la fonction publique. Il n’y a pas de plan concret concernant l’insertion des jeunes dans le tissu professionnel en Côte d’Ivoire. Je crois que l’espoir s’est mué en désespoir».

Constant Koffi, Pdt Coalition pour le changement (Cpc): «Il faut une bourse pour encourager les plus gros employeurs»

«La solution pour l’emploi des jeunes passe d’abord par l’adaptation des filières de formation aux besoins des entreprises. Parce qu’il y a une totale inadéquation entre la formation et l’emploi. De sorte que nous avons plusieurs milliers de jeunes qui sortent du circuit chaque année et qui ont des difficultés pour obtenir un stage. Pour moi, la première solution est l’adéquation à trouver entre la formation et l’emploi. La deuxième chose, c’est de penser au recyclage de ceux qui n’ont pas eu grand-chose à faire de leur diplôme. Voyez-vous, il y a eu près de dix ans de crise dans ce pays. Des jeunes ont pu avoir des diplômes et dix ans après, ils n’ont pu obtenir de premier emploi. Lorsque ces derniers se présentent dans une entreprise qui veut recruter, ils font face à d’autres réalités : ils ne sont pas opérationnels. Or, vous savez, les entreprises ne sont pas philanthropes. Lorsqu’elles regardent, effectivement, elles réalisent que ces jeunes ne sont pas opérationnels. Donc il faut pouvoir mettre en place un système pour les recycler pour être compétitifs sur le marché de l’emploi. Autre chose, c’est d’ouvrir un ensemble de programmes. Que ce soit au niveau du privé ou même de l’Etat, plusieurs milliers de jeunes sont atteints par la limite d’âge. Voyez-vous, le dispositif d’emploi qu’on a l’habitude de voir s’adresse à des jeunes qui ont souvent entre 19 et 25 ans, voire 35 ans. Et le reste ? Pour nous, dans un contexte où pendant plusieurs années le système de l’emploi a été bloqué, il faut pouvoir faire sauter le verrou de l’âge au moins pour une période probatoire de cinq ans. Cela permettra à des jeunes, une fois qu’ils ont été recyclés, d’être compétitifs sur le marché de l’emploi. Dans certains pays d’Europe, l’âge pour être considéré comme jeune est compris entre 16 et 25 ans. En Afrique, on l’a fixé entre 16 et 35 ans. C’est pour dire que chaque réalité s’adapte au contexte du pays. En Côte d’Ivoire, nous sommes dans un contexte bien précis. Il faut qu’on tienne compte de la crise qu’on a connue et qu’on propose des solutions conséquemment. Pour le reste, il faudrait tenir compte des jeunes qui ne sont pas partis à l’école, parce qu’ils sont un grand nombre. Il faut leur proposer des programmes de formation dans les métiers. Mais en plus, il faut faire en sorte que lorsqu’ils finissent ces apprentissages, ils aient un accompagnement technique pour qu’ils puissent s’installer. Si on a pu permettre à quelqu’un d’apprendre la plomberie, il faut qu’on poursuive au moins le système d’encadrement jusqu’à son installation. Il ne s’agira pas de lui donner de l’argent en liquidité. Il s’agira de mettre sur pied un dispositif où tout ce dont il a besoin en termes de matériels pour démarrer lui soit octroyé. C’est un ensemble de mécanismes que l’Etat doit pouvoir mettre sur pied en partenariat avec le privé pour que l’emploi jeune puisse redécoller. Nous savons qu’il y a des dispositifs qui sont en cours. On nous parle du Partenariat public-privé (Ppp), pour nous c’est l’ensemble de ces dispositifs qui doit être accentué pour permettre la flexibilité au niveau des marchés. Si les entreprises qui offrent beaucoup de possibilités aux jeunes en termes de stages, d’emplois sont récompensées par l’Etat, cela va pousser les autres à faire autant. Il faudrait une bourse qui pourrait encourager les plus gros employeurs».

Magloire N’Déhi, Pdt des Etudiants pour une société durable (Esd): «Que les jeunes soient patients»

«On ne peut pas dire qu’en deux ans rien n’a été fait pour l’emploi des jeunes. Pour être honnête, on ne peut pas le dire. Le chômage des jeunes relève surtout de problèmes structurels; il y a plusieurs facteurs au niveau du système éducatif. Quand on fait des formations qui ne répondent pas aux besoins des entreprises, quand on a des filières de formation qui ne débouchent pas directement sur des emplois, il y a un problème qui se pose. Par exemple, les filières en aéronautiques répondent à quels besoins en Côte d’Ivoire ? Ce sont des questions structurelles. C’est tout un ensemble de réformes qu’il faut pouvoir faire. Au niveau même de la jeunesse, est-ce que chaque jeune a une vision claire de ses capacités comme acteur de développement ? Il y a tout un ensemble de choses qui prend évidemment du temps. Mais quand vous regardez dans l’ensemble des actions du Président, quelque chose se fait. Il y a des investissements qui se font dans les différentes filières. Certes, ce n’est pas suffisant, mais il y a un effort qui est fait. Nous pensons que les années à venir nous allons sentir les résultats. L’Etat a annoncé le recrutement de 15 mille nouveaux fonctionnaires. C’est le résultat de la réforme de la fonction publique. Le ministre Gnamien Konan a procédé au recensement des fonctionnaires et il s’est avéré qu’il y avait des milliers de fictifs qui étaient payés à ne rien faire. Cela a créé des grincements de dents mais le résultat est que l’Etat a obtenu des marges financières qui vont permettre de recruter de nouvelles personnes. Il y a des réformes au niveau du Bts (Brevet de technicien supérieur, ndlr). Le système Lmd coûte énormément de moyens mais il permet aux étudiants d’être plus professionnels. Il y a la réhabilitation des universités qui a pour objectif de créer des cadres et conditions d’études pour que la formation des étudiants se passe dans un meilleur environnement. Quand Houphouet-Boigny envoyait les étudiants en France, c’était pour qu’ils soient dans de meilleures conditions d’études. Aujourd’hui avec le programme national d’investissement au niveau de l’agriculture, c’est beaucoup d’argent qui va être investi dans ce secteur pour créer des emplois. Ce sont près de 2000 milliards FCFA qui vont être mobilisés dans le cadre de ce programme. Mais, ce n’est pas en un ou deux ans qu’on en sentira les impacts. Le plus important, c’est que cela va se faire. Ce sont des programmes qui vont permettre à certains jeunes de se prendre en charge. Quand on prend les pays qui ont connu la guerre, le Libéria notamment, les impacts sont là, les choses décollent difficilement. Dans notre cas, je pense qu’il y a un travail qui a été fait en deux ans, même si ce n’est pas suffisant. Il faut pouvoir capitaliser tout ce qui a été déjà fait ; on fait le bilan et on jette les perspectives pour les années à venir. Je demande aux jeunes d’être patients, un travail est en train d’être fait».

Propos recueillis par Danielle Tagro
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