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Économie Publié le mardi 29 octobre 2013 | Le Patriote

Procès des ex-barons/Avant le verdict du 30 octobre : Retour sur le gaspillage de Gbagbo et ses ‘‘hommes’’

Sauf changement de dernière minute, le Tribunal de première instance d’Abidjan rend le 30 octobre prochain, sa décision à l'endroit des ex-barons de la filière café-cacao, arrêtés en juin 2008 sous le régime de Laurent Gbagbo et poursuivis pour détournement de fonds, escroquerie, abus de biens sociaux, faux et usage de faux. Lors de l’audience débutée en 2012 et qui a duré plus de deux ans, le ministère public au terme de son réquisitoire, en juillet dernier, a confirmé les 5 infractions dans la gestion des ex-barons. A cet effet, il a requis 20 ans de prison ferme contre Henri Kassi Amouzou (ex-président du Fonds de développement et de promotion des activités des producteurs de café et de cacao / Fdpcc) et chacun de ses lieutenants, notamment Théophile Kouassi (ex-secrétaire exécutif du Fdpcc), Ouattara épouse Adou Fatoumata Joëlle Désirée (ex-Dg de Sifca-coop), Firmin Kouakou (ex-Dg du Fonds de régulation du café – cacao / Frc), Angeline Lahon Kili (ex-présidente du conseil d'administration du Frc), Prosper Kouassi Tohouri (ex-directeur des affaires administratives et financières du Frc), Jean-Claude Bagnon Bayou (ex-Dg du Fonds de garantie des coopératives de café – cacao / Fgccc), Tano Kassi Kadio (ex-Dg de la Bourse du café et du cacao / Bcc), Gabriel Yallé Agbré (ex-daaf de l’usine de Fulton à New York), Moussa Bado (ex-Dg Forexi) et Diomandé Sindou (expert-comptable). Le procureur a demandé 10 ans de prison pour Mme Obodji née Bossou Amelan Roselyne (ex-daaf du Fdpcc), Blaise Kra Banny (ex-Dg adjoint et daaf de Sifca-coop), Jean-Claude Amon (ex-Dg de l’usine de Fulton à New-York) et Me Antoine Niamien N’Guessan (notaire). Il a recommandé 5 ans contre Placide Zoungrana (ex-Pca de l’Autorité de régulation du café et du cacao / Arcc), Didier Gbogou Lohouro (ex-Dg de l’Arcc), Agbalessi Coffi née Loukou Ahou Dominique (ex-daaf de l’Arcc), Lucien Tapé Do (ex-Pca de la Bcc), Bolou épouse Dago Sophie Laure-Adèle (ex-daaf de la Bcc), Viviane Mensah Magnan (ex-daf de la Bcc), Sahé Kouadio, Mathurin Souanga Koffi (ex-Dg de Simatt), Okaigny Okaigny (ex-Pca de l’usine de Fulton à New York) et Aka épouse Elloh Evelyne Marguerite (ex-Dg de Coco-service). Le procureur a par ailleurs, demandé la relaxe de Pauline Kadio Ahoua (trésorière de Sifca-coop), Kouassi Kouamé (ex-vice-président de conseil de Sifca-coop), Gnako Alfred, Jacques, Mangoua Koffi Sarata (ex-pca du Fgccc), Digbeu Lambert (ex-daaf du Fdpcc) pour insuffisance de preuves de leur culpabilité. Mis en mandat de dépôt depuis juin 2008, les ex-barons de la filière café-cacao ont été mis en liberté provisoire le vendredi 07 janvier 2011, suite à une demande introduite auprès du procureur de la République et examinée par le tribunal.

Usine de Fulton, achat d’armes...

C’est le 11 octobre 2007 que le Président Laurent Gbagbo a officiellement saisi le Procureur Raymond Tchimou, afin que celui-ci ouvre une enquête judiciaire sur les nombreux cas de détournements massifs de fonds maquillés en rachat de sociétés, par les responsables des structures de gestion de la filière café-cacao. « Eu égard au caractère récurrent des accusations de détournement, de fonds dans la filière café-cacao et afin d'éclairer l'opinion nationale sur ces graves accusations, nous vous instruisons par la présente de diligenter une enquête », avait écrit Laurent Gbagbo dans cette lettre envoyée au Procureur de la république de l’époque, Raymond Tchimou. En d’autres termes, c’est suite à l'annonce d'un détournement portant sur la somme de 100 milliards Fcfa au détriment de l'Etat de Côte d'Ivoire, lors de l'achat de l'usine de Fulton, mais aussi suites à de nombreux dysfonctionnements dans la filière café-cacao, que le Chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, a demandé qu'une enquête judiciaire soit ouverte. Concernant l’achat de Fulton, Firmin Kouakou, ex-directeur général du Fonds de régulation et de contrôle a confirmé, au cours d’une audience, la gabegie orchestrée, dira-t-il, par l’ex-chef de l’Etat, Laurent Gbagbo. Ce, malgré la vétusté de l’usine et surtout son abandon. «L’initiative de Fulton n’était pas de moi. J’ai reçu Leyla N’Diaye et Amon Jean-Claude (conseillers du président de la République) qui sont venus me présenter un projet d’achat d’usine de la part du chef de l’Etat. J’ai trouvé l’affaire intéressante et le président m’a dit qu’ils sont venus effectivement de sa part. Il m’a ensuite reçu à un déjeuner au cours duquel il m’a demandé de m’occuper du projet. Je ne pouvais pas refuser. Car j’ai considéré que c’est une mission. Donc j’ai fait mon devoir de citoyen», a-t-il dit, avant d’expliquer pourquoi il a précipité les choses en dépit des procédures normales. «Le meilleur mécanisme pour donner aux paysans un meilleur prix de leur produit, c’était de maîtriser l’industrialisation. Et telles que les choses se sont présentées à moi, j’étais obligé de prendre des décisions urgentes dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire car ça serait une perte d’opportunité pour le pays. Donc je n’ai pas consulté le Conseil d’administration. J’ai pris la décision d’acheter et j’ai opéré les premiers décaissements sur la réserve de prudence qui avait prévu 182 milliards sur la période 2002 à 2008 (…) Mais après, j’ai informé le Conseil d’administration», a ajouté Firmin Kouakou qui soutient que l’usine a été mise en place et produit du chocolat qu’ils ont même dégusté et fait déguster aux autorités étatiques d’alors. Et que le projet n’a pas pu aller à son terme par manque de moyen financier. Angeline Kili, Pca du Frc, soutient également qu’il fallait un montant de 10 milliards Fcfa pour boucler le projet. Montant qui n’arrivait jamais malgré les sollicitations des ministères de tutelle (Agriculture et Economie et Finances). Le Pca de la société Nyccc (New York chocolate confession company) Okaigni Okaigni, par ailleurs administrateur au Frc, a indiqué que Nyccc n’avait pas une autonomie financière. Il était entretenu sur tous les plans par le Frc. Il a aussi précisé que le Dg de cette société était payé à 10 millions par mois. Aka Ello, Dg de Coco services, est également passée à la barre et avoué qu’elle était payée à 3,5 millions par mois avec une indemnité de logement, 1 million par mois, prime de fin d’année de 10 millions l’année, prime de bilan 3,5 millions… Quant à Gnamien N’Guessan, notaire qui a suivi l’opération d’achat de l’usine Fulton, il a confié avoir perçu comme honoraire, 645 millions. Les dilapidations des ressources de la filière ont également concerné l’achat d’armes par Laurent Gbagbo et ses hommes. Même si à la barre, l’ex-patron du Frc, Firmin Kouakou a feint de ne plus se souvenir, une note produite par le tribunal a rétabli les choses.

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En effet, le rapport de l'Organisation des nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) confirme que 10 milliards de FCFA ont été transférés dans un compte en Suisse et ont servi à l'achat d'armes utilisées pendant la guerre. Cette seule révélation a fait dire, à la barre, à l'ancien président du Conseil de gestion du Fdpcc, Henri Amouzou, qu'il comprenait désormais pourquoi l'ONUCI l'avait accusé à l'époque d'avoir acheté des armes à hauteur de 10 milliards de FCFA (Ce qui a contribué à l’achat de Kalachnikovs, Mi-24, paie de soldats, etc.) Outre ce fait, le Frc a reconnu avoir décaissé encore 10 milliards de FCFA, promis au gouvernement ivoirien par cette structure, comme contribution à l'effort de paix. Une autre révélation concerne la vente à l’exportation de 800 000 tonnes de café hors norme. Du café interdit à la commercialisation par l’Organisation internationale du café car de moindre qualité. Selon Gbogou Didier, Directeur exécutif de l’ARCC, l’ordre venu de la présidence de la république avait permis au régime Gbagbo d’engranger 600 millions de Fcfa en 2003. Tapé Do Lucien, ancien président du Conseil d’administration de la BCC n’est pas resté en marge de ces nombreuses confidences. Sans porter de gants, l’homme au chapeau de paysan souligne que de nombreux décaissements l’ont été au profit du gouvernement Gbagbo. En prime, une ligne ‘‘appui institutionnel’’. Et comme si cela ne suffisait pas, les ex-barons, avec l’accord des autorités d’alors, se sont fixé des salaires faramineux. Ainsi, le secrétaire exécutif de l’ex-Fdpcc, Kouassi Théophile, percevait une prime exceptionnelle de 10 mois de salaires en 2006, en raison de 8 millions de salaire mensuel, soit 80 millions Fcfa, hormis ses primes de bilan de gestion, de fin d’année et de treizième mois et autres avantages. Quant à Henri Amouzou son patron, il avait une ligne de 950 millions Fcfa pour les primes de fin d’année, qui répondaient par ailleurs aux demandes des autorités au plus haut sommet de l’Etat ivoirien. En plus d’un salaire exorbitant, avait un budget de souveraineté de 3,1milliards de FCFA de 2001 à 2008 en dehors de ses privilèges. L’ex-Pca de la Bcc, Tapé Do, percevait comme salaire mensuel près de 3 millions de F CFA. Quant à Mme Sophie Dago et Viviane Mensah, respectivement directrice financière et comptable, d’octobre 2001 au 30 avril 2007 et directrice des affaires financières de mai 2007 à juin 2008, elles ont expliqué le mode de décaissement d’argent à la BCC.

Les avocats demandent la relaxe de leurs clients

Angéline Kili, ex-PCA du FRC, elle, touchait 3 millions F Cfa par mois au départ, mais pour son statut et les risques encourus, ce montant est passé à 5 millions F Cfa, à sa demande. En un mot, le ministère public leur reproche le fait d'avoir utilisé les biens des différentes structures à des fins personnelles et également, en tant que fonctionnaires, d'avoir utilisées les redevances mises à leurs dispositions à des fins personnelles.
Malgré tous les gaspillages sus-énumérés, les plaidoiries ont eu lieu. Débutées le 15 juillet 2013, les actions de la défense dans ce procès des ex-barons ont consisté à la demande de la relaxe pure et simple des prévenus. Composée des Maîtres Adjé Luc, Yao Emmanuel, Blessy Chrisostome, Koné Mamadou, Adjé Luc…, la défense a estimé qu'on ne peut pas poursuivre ses clients parce que le délai de prescription est éteint. Les avocats révèlent, en effet, qu'aucun moyen de preuve ou fait nouveau n'est parvenu depuis leur arrestation. Ils précisent, par ailleurs, que les faits remontent à plus de 5 ans et sont désormais proscrits. «En matière de délit, après 5 ans, on ne peut plus poursuivre un prévenu. La loi, c'est la loi. Donc les clients doivent être relaxés », expliquent-t-ils en chœur. Prenant la parole au terme des débats, les 27 prévenus disent avoir agi avec responsabilité et assument leurs actes pour le développement de l’économie rurale en Côte d’Ivoire. Ils ont tous soutenu avoir dit leur part de vérité dans cette affaire qui défraie la chronique depuis octobre 2007. Ainsi donc, à quelques heures du verdict, les regards sont tournés vers le président du Tribunal, Ahmed Coulibaly qui aura, sauf cataclysme, la lourde tache de situer la trentaine de prévenus sur leurs responsabilités dans cette affaire qui a polarisé et continue de polariser la chronique depuis plus de sept ans. Jean Eric ADINGRA
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