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Politique Publié le mercredi 30 octobre 2013 | Le Patriote

Rejet de la demande de mise en liberté provisoire : Laurent Gbagbo, la descente aux enfers

© Le Patriote Par DR
CPI: L`ex-President Laurent Gbagbo lors du procès du 29 octobbre 2013
Laurent Gbagbo n’a pas été mis en liberté provisoire. Hier, à peine les premières heures de la matinée entamées, l’homme a dû regagner l’une des douze cellules de la prison néerlandaise de Scheveningen, dans le quartier pénitentiaire de la CPI. C’est que, déjà à 8 heures, Temps Universel, la Chambre d’appel de la juridiction internationale avait fini de prononcer, en session publique, son jugement d’appel. Lequel portait, on le sait, sur l’appel interjeté par la Défense de l’ex-chef d’Etat contre la décision du 11 juillet dernier de la Chambre préliminaire I, qui rejetait pour la troisième fois la demande de mise en liberté provisoire du dictateur ivoirien.
Clairement donc, et à rebrousse-poil du rêve collectif caressé ces derniers jours par ses partisans, l’ex-homme fort d’Abidjan ne savourera pas le bon air de la liberté. Mais il est surtout vrai qu’après ce quatrième revers consécutif essuyé par ses avocats, la cause d’un procès proprement dit, où le fondateur du FPI devra répondre des quatre chefs d’accusation qui lui sont reprochés, dont celui notamment de crime contre l’humanité, semble être entendue. Inexorablement, on va donc tout droit vers la grande explication entre l’homme dont le refus d’une défaite électorale occasionna la mort de 3000 personnes et la justice internationale.
Exit donc le florilège d’hypothèses les plus mirifiques les unes que les autres émises ça et là par ses inconditionnels, et qui voyaient le captif de la CPI, la liberté provisoire en poche, s’en aller couler des jours tranquilles – et même jouissifs pour qui connaît l’homme – dans une capitale africaine, sous le parapluie protecteur d’un autocrate de son acabit. Fin de prestation également pour la horde de caudataires qui, ici comme ailleurs, de menteries en mystifications, avaient fini par faire croire, dur comme fer, aux pauvres militants du FPI que Laurent Gbagbo était quasi en route pour revenir prendre le fauteuil présidentiel qu’il avait perdu dans les urnes, voilà bientôt trois ans. Les nombreuses rumeurs de libération du fils de Mama, savamment (mais parfois cyniquement) orchestrées par les dirigeants actuels du parti bleu et qui ont déclenché dans certaines régions du pays, des scènes de jubilation collective, se sont du coup avérées aujourd’hui de très mauvais goût. Et si on avait dansé hier, c’est assurément à des scènes de lamentations généralisées qu’on s’adonne à présent dans le camp des refondateurs.
Mais, c’est dans l’esprit de Laurent Gbagbo lui-même, mais aussi dans sa chair, que cette sentence de la CPI, qui ne semble plus laisser de place à la moindre petite échappatoire judiciaire, quoique certains s’accrochent encore aux conclusions, le 11 novembre prochain, de la Chambre préliminaire, aura causé le plus de dégâts. Car comme le disait le marathonien américain, Franck Shorter : « Perdre ne signifie rien, mais si vous êtes trop possédé par l’idée de gagner, la moindre déception peut vous briser.» Or, Dieu seul sait que plus qu’une simple déception, ce à quoi le fils de Koudou Paul fait face depuis hier, c’est le dépit, l’anéantissement. Gbagbo est sans doute brisé. Et du fin fond de sa cellule, face à lui-même et à son destin, l’homme a sans doute pu légitimement écraser une larme de désespoir. On le comprendrait aisément.
L’audience d’hier était, en effet, celle qui avait le plus suscité l’espoir d’un élargissement du prisonnier de Scheveningen. Les longs mois de mobilisation de ses partisans, qui n’ont pas cessé de battre le pavée dans les capitales européennes et dont le mouvement s’était amplifié ces dernières semaines, la volonté annoncée de certains pays et dirigeants africains d’accueillir l’homme, mais surtout, la récente prise de position (malheureusement non assumée) de l’Union Africaine contre la CPI, accusée de ne juger que des dirigeants africains, avaient fini par faire croire à l’ancien chef d’Etat que son supplice pourrait prendre fin. Du reste, sa présence physique à l’audience, contrairement à celle du 9 octobre dernier, n’avait pu que trahir ce sentiment d’optimisme.
Las ! Les choses ont plutôt tourné au vinaigre pour Laurent Gbagbo, qui sait plus que quiconque aujourd’hui, qu’il amorce ainsi, après ce énième refus de sa liberté provisoire, une inéluctable descente aux enfers. Car, même s’il feignait peut-être de l’ignorer, aucun dirigeant de sa trempe, notamment un chef d’Etat, qui a pu être traîné devant les tribunaux de la CPI, n’avait jusque-là jamais été libéré, même de façon provisoire.


KORE EMMANUEL
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