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Société Publié le vendredi 1 novembre 2013 | AIP

Dynamique de réconciliation: Leaders communautaires et religieux en première ligne à Bouaflé

Bouaflé – La population de Bouaflé a signé son engagement et sa détermination à aller à la réconciliation, sans calcul, et prône la repentance, le pardon et la tolérance, comme armes de spiritualité, pour parvenir et recréer la cohésion parfaite entre toutes les couches socioculturelles de la région.

Interrogés par l’AIP, l’imam principal de la mosquée de Bromakoté, Touré Idrissa, a indiqué que "la réconciliation est possible entre ivoiriens, à condition qu’ils nourrissent dans leur cœur le pardon et la tolérance, sans toutefois, oublier les torts qui ont pu être causés pendant la crise postélectorale.

Ses propos ont été renchéris par le pasteur principal de l’église Foursquare de Bouaflé, N’Cho Camille, qui a souligné qu’"une action, dans ce sens, est à l'oeuvre par Dieu dans le cœur de chaque ivoirien, afin que celui-ci soit complètement désarmé". "Chacun est sur ses gardes; cela n’est pas bien; chacun doit être amené à pardonner à son frère et le voir comme soi-même; que l’amour se trouve dans le cœur des ivoiriens", a-t-il appelé, soutenant que "sans le pardon, il n’y a point de réconciliation".

Sur le conditionnement à créer pour parvenir aux finalités attendues, l’imam Touré Idrissa a par ailleurs fait savoir que "la réconciliation vraie passe également par la réduction notable de la pauvreté et une solution à la cherté de la vie que subissent les ivoiriens".

"La pauvreté a rendu les gens aigris, compliqués et susceptibles", a-t-il fait observé, invitant nonobstant les populations à continuer à pratiquer l’hospitalité et la solidarité, comme par le passé, entre les différentes régions et groupes ethniques; car ces valeurs sont de puissants adjuvants et moteurs de paix qui favorisent le brassage et la cohésion sociale.

L’imam appelle à la vulgarisation de messages de sensibilisation à la fraternité, la citoyenneté et la cohabitation, et ces messages doivent être prêchés dans les différentes assemblées religieuses. Puis, il a engagé les chefs et leaders de communauté à y prendre toute leur part, en poursuivant, pédagogique, à infuser et prolonger ces messages au sein de leurs groupes sociaux.

"Nous sommes condamnés à vivre ensemble, et nous ne pouvons nous séparer", a-t-il signalé, non sans relever les actions de paix initiées par sa communauté, à travers la lecture coranique intégrale et les prières pour la réconciliation, instituées depuis près de 15 ans.

Quant au délégué départemental du Mouvement des forces de l’avenir (MFA), à Bouaflé, Fofana Bahicehi, il a soutenu que la réconciliation peut se faire, si le problème du chômage est résolu en Côte d’Ivoire. "Si beaucoup d’ivoiriens travaillent, on n’aura plus le temps de parler palabre; chacun vaquera à ses occupations, et on pourra éviter beaucoup d choses inutiles", a-t-il dit, affirmant que "la réconciliation n’est pas seulement entre adversaires politiques, mais également entre partenaires d’un même groupement politique".

"Si nous pouvons éviter des frustrations entre partenaires politiques; il n’y aura pas de problème à aller à la réconciliation; car, le combat entre partenaires est plus dangereux que celui entre adversaires", a-t-il allégué, invitant les intellectuels ivoiriens à tenir des discours apaisants à l’endroit des populations.

La réconciliation nationale, l’un des points essentiels du programme du gouvernement ivoirien, continue de faire son chemin dans la région de la Marahoué et, principalement, dans la commune de Bouaflé, à travers la chefferie traditionnelle issue des grands groupes ethniques vivant sur ce territoire. Nanan Kouassi Koffi Bernard, chef central des Ayahou de Bouaflé, et président de la mutuelle des chefs traditionnels de la commune, s’est félicité de la parfaite entente entre ses pairs, et révélé que cette attitude a contribué à une relative paix dans la région au plus profond de la crise post électorale.

Nanan Kouassi, membre influent de la société civile, a expliqué que cette cohésion entre les populations vient du fait que les chefs se réunissent fréquemment et donnent des instructions fermes qui sont transmises aux populations afin d’éviter des affrontements. "Les populations comprennent bien nos messages de réconciliation, car il y a la confiance entre eux et nous, et quand un groupe ou une communauté est informé de quelque chose, il vient immédiatement vers nous pour avoir la confirmation ou l’infirmation de l’information, avant d’entamer une action", a-t-il déclaré.

Pour Kouadio Lambert, 38 ans, ferronnier-soudeur, la réconciliation est la seule voie à suivre pour une paix durable en Côte d’Ivoire, mais, ajoute-il, "cela ne peut se faire que si tous les prisonniers issus de du Front populaire ivoirien (FPI) sont libérés". "Il faut permettre à tout le monde de s’exprimer, sans rien cacher, et qu’il y ait la sincérité dans le cœur de tous les ivoiriens", a-t-il souhaité.

M. Kouadio est suivi dans ses propos par Kouamé Véronique, 35 ans, commerçante au marché. Celle-ci estime que la libération de tous les prisonniers politique ainsi que de l’ex-président(Laurent Gbagbo) peut booster la réconciliation qui, selon elle, a marqué le pas. "Je demande au Président(A. Ouattara) d’être indulgent en les libérant tous; il aura fait un grand pas dans la réconciliation", a-t-elle souhaité, invitant également les ivoiriens à bannir le tribalisme, source de division.

Koné Ahmed, 17 ans, mécanicien, quant à lui, estime que les plaies sont encore ouvertes pour parler de réconciliation totale, et que le processus prend beaucoup de temps, et demande aux ivoiriens d’être patients. "On ne se réconcilie pas du jour au lendemain, mais j’ai espoir que les ivoiriens vont réapprendre à vivre ensemble comme avant", a-t- il déclaré.

N’Goran Ange, 50 ans, chômeur, raconte qu’il a veillé sur les affaires de son voisin, alors que celui-ci avait déserté sa maison pendant la crise post-électorale. Il explique qu’il a réussi à repousser, par des cris perçants des pilleurs qui voulaient s’accaparer les biens de son cohabitant, à une heure tardive. "Quand ils entendent mes cris, les pilleurs prennent la fuite; j’avoue que je ne m’entendais pas bien avec mon voisin. Mais, depuis cet épisode, nous sommes devenus de très bons amis", a-t-il témoigné, heureux de l'évolution de ses rapports avec ce dernier.

Grâce à l’entente entre les leaders communautaires et religieux, le département de Bouaflé a réussi à vivre dans le calme et la quiétude, malgré quelques tensions liées au foncier rural, notamment le cas récent à Angovia (30 km de Bouaflé).

(Aip)
zaar/nf
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