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Région Publié le mercredi 6 novembre 2013 | AIP

« Dialogue, vérité, repentance…», sésame pour la réconciliation à Man (Panel)

Man – Le dialogue, la vérité, la repentance, le pardon, la tolérance et l’amour sont les maîtres-mots dont la pratique quotidienne conduira à la réconciliation tant souhaitée par les Ivoiriens, estiment des habitants de Man, chef-lieu du District des Montagnes et de la région du Tonkpi (Ouest).

Du politique au citoyen lambda, passant par les leaders communautaires, toutes les personnes interrogées par l’AIP sur les conditions pour la réconciliation sont optimistes et convaincues que la situation évolue dans le bon sens. Pour eux, « la réconciliation de se décrète pas, c’est une course de fond où il faut de la persévérance ».

Pour le maire de Man, Dr. Tia André, commissaire politique du RDR (parti présidentiel) chargé des villages de la commune de Man, la réconciliation appelle forcément au désarmement des cœurs. « Il faut laisser tomber la haine, en voyant son prochain comme soi-même. Il faut s’accepter, se pardonner sans oublier. Il faut pardonner et penser à reconstruire le pays », déclare-t-il, tout en soutenant que « les choses avancent pour qui dans la région sait d’où on vient ».

« Les choses bougent, quand on compare de la fin de la crise postélectorale jusqu’à maintenant », affirme également l’Imam Koné Aboubacar de la mosquée CICAFOM de Man. Pour lui, la réconciliation est un processus qui ne peut aboutir que si tout le monde y met du sien. « Sans vérité et sans amour, on ne peut pas progresser », soutient l’Imam Koné, invitant les leaders communautaires, notamment les religieux, à amener les communautés à « s’accepter dans la différence ».

Le religieux est convaincu que si les Ivoiriens le désirent de toute leur âme, et le demandent par des prières sincères, alors la réconciliation se fera et il y aura une paix durable dans le pays.

Pour le jeune ex-combattant Zoh Namory Chérif, la réconciliation ne se fera que si les politiciens qui endoctrinent et conditionnent les populations jusqu’à les dresser les unes contres les autres, le veulent.
« Je vais demander au pouvoir de faire des exceptions, de faire en sorte qu’il y ait équilibre entre l’opposition et le pouvoir », déclare-t-il. Militant du dialogue opposition et pouvoir, il encourage le Gouvernement à aller plus loin dans ses actes de décrispation en libérant tous les prisonniers politiques. Zoh Namory pense que les autorités doivent être également attentives aux préoccupations de la jeunesse si elles veulent la paix.

Pour sa part, le président de la Coalition des organisations de la société civile du Tonkpi (COSCIT), Koulaï Valentin estime que pour réussir la réconciliation, le pouvoir doit s’appuyer sur des structures et des personnalités crédibles. C’est-à-dire, des structures sans coloration politique animées par des personnalités irréprochables, de bonne réputation que la population peut écouter.

« Réconcilier, c’est amener le développement au niveau des Ivoiriens… C’est permettre à ceux-là mêmes qui hier ont été victimes, ont quasiment tout perdu, arrivent à subvenir à leurs besoins élémentaires, à subvenir au besoin éducationnel de leurs enfants, à se soigner, à dormir et à manger correctement », indique-t-il.

Pour la présidente de l’ONG Secours aux enfants orphelins et vulnérables (SEOV) de Man, Mme Fanth Suzanne, la réconciliation des Ivoiriens se fera par le changement de comportements, mais surtout par le repentir des bourreaux et le pardon des victimes. « Il faut que les Ivoiriens abandonnent tous les comportements qui ont conduit à la crise. Il faut pardonner et tendre la main à ceux qui hier nous ont fait du tort », exhorte-t-elle.

Le secrétaire national de le JFPI, chargé des fédérations du District des Montagnes, Abraham Diéty, s’exprimant en son nom propre, estime qu’il n’y a pas à sa connaissance un quelconque processus de réconciliation en cours en Côte d’Ivoire.

"En tant que citoyen ivoirien, je ne sais pas s’il y a un processus de réconciliation en cours en Côte d’Ivoire. Je dis cela parce qu’aujourd’hui, nous avons plus de 700 prisonniers politiques et plus de 20 000 exilés ou refugiés politiques hors du pays… Et puis jusqu’à la libération d’Affi NGuessan, aucune manifestation publique de l’opposition n’était autorisée", martèle-t-il.

"Laurent Gbagbo crédité de 46 pour cent des suffrages des Ivoiriens est en prison à la Haye. Et des actes sont posés tendant à l’effacer. C’est inadmissible. Il ne pourrait y avoir de réconciliation sans Gbagbo. Pour qu’il y ait réconciliation, il faut libérer Gbagbo et tous les prisonniers politiques. Tout le monde doit être libéré pour s’asseoir et parler de la Côte d’Ivoire, sinon, pas de réconciliation", tranche Abraham Diéty.

Pour l’adjoint au permanent PDCI-RDA de Man commune et sous-préfecture, Tonga Antoine, à l’observation des efforts du pouvoir pour ressouder le tissu social déchiré, il y a lieu d’espérer et de croire en une prochaine réconciliation des Ivoiriens.

« Quand on regarde les visites d’Etat qu’effectue le Président de la République, quand ont regarde les travaux en cours et les efforts que fait le gouvernement pour amener l’opposition à la table de négociation, c’est réconfortant », apprécie le permanent adjoint de la délégation PDCI-RDA de Man.

« Les victimes ont le sentiment qu’on se moque de leurs souffrances… elles voudraient être rassurées qu’elles seront dédommagées, ne serait-ce que symboliquement pour qu’elles puissent tourner la page », ajoute-t-il.

Le Père Mathieu Téan Katau, secrétaire particulier de l’Evêque du diocèse de Man, chargé de la communication invite ses compatriotes à tout remettre dans la main de Dieu et avancer.

« Nous devons tout remettre dans la main du Seigneur, parce que c’est lui seul qui peut donner réponse à nos souffrances », appelle l’homme de Dieu pour qui la réconciliation, « c’est considérer l’autre comme son frère, pas frère du village mais frère de sang, une créature venant de Dieu et allant à Dieu ».

Toutefois, la réconciliation doit partir selon lui, d’un fait. Celui de reconnaître que nous avons tous fauté pour une véritable catharsis collective. « Il faut reconnaître que nous avons tous fait des erreurs, que chacun de nous a été responsable à un certain niveau et chacun de nous a certainement été victime… Mais on ne peut pas demeurer dans cette spirale, dans ce tiraillement. Nous avons besoin d’avancer », insiste-t-il.

Père Katau met en garde contre la tendance à banaliser la souffrance des autres. Une attitude qu’épousent souvent les personnes qui ont eu la chance d’être épargnées pendant la crise. « Cette attitude peut porter préjudice à au processus de la réconciliation en cours », prévient-il.

(AIP)
gem/cmas
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