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Politique Publié le jeudi 28 novembre 2013 | Diasporas-News

Casques bleus : opération de maintien de la paix

© Diasporas-News
Sept Casques bleus nigériens tués dans une embuscade dans l`Ouest ivoirien
Les corps de sept soldats de la paix des Nations Unies tués vendredi dans le sud-ouest Côte-d`Ivoire sont déchargés d`un avion de l`ONU à l`aéroport d`Abidjan
Accueillie en sauveur, parfois pris entre deux feux, souvent décriée ; tels sont les épithètes qui jalonnent l’existence de la force multinationale des Nations-Unies, vieille de presque 70 ans. Certes, tout n’est pas parfait ici-bas ; mais les casques bleus ont accompli leurs missions avec abnégation.

Origine
En 1945, les hérauts de la 2ème Guerre Mondiale (1939-1945) ont dressé un bilan effrayant de 64 millions de morts. Comment éviter de retomber dans les mêmes travers de cette première moitié du XXème siècle ; lequel a connu deux conflits planétaire ? De cette réflexion fut créée l’Organisation des Nations-Unies (ONU), en octobre 1945. Une cinquantaine de pays ont été à l’origine de cet acte fondateur ; Aujourd’hui elle constitue une large assemblée de 193 membres. « Le maintien de la Paix » tel est le leitmotiv de la chartre des Nations-Unies. Et pour ce faire, l’institution s’est dotée du Conseil de Sécurité (CS), chargé de constater l’existence d’une menace ou d’un acte d’agression. Il est composé de 15 membres dont cinq permanents qui détiennent un droit de veto. Ses prérogatives vont de la médiation dans les conflits, du rapprochement entre les belligérants jusqu’à l’usage de la force, si les circonstances l’exigent. Une force multinationale, composée de militaires des pays membres de l’ONU, est chargée d’exécuter les décisions dudit conseil : les « casques bleus » !

Mode de financement
Le budget de fonctionnement du Département des Opérations de Maintien de la Paix (OMP) est estimé à 7,5 milliards $. Les 10 principaux bailleurs en couvrent 80%. Chaque Etat membre est tenu de verser sa contribution en fonction de l’indicateur du PIB. Mais compte-tenu des difficultés économiques, environ 5 milliards $ d’arriérés ne sont pas encore couverts.
Les casques bleus ne sont pas une armée permanente; son effectif est composé de contingents volontaires fournis par les pays-membres. On compte 120.000 hommes affectés à des missions de la paix et qui se décomposent de la façon suivante : 80.000 militaires, 15.000 policiers ou gendarmes et 20.000 civils. Les grands pourvoyeurs de soldats sont principalement l’Inde, le Pakistan, le Bangladesh et le Sri-Lanka. Sur le continent africain, le Nigéria et le Rwanda sont les pays qui fournissent le plus d’hommes. La rémunération des militaires est prise en charge par leurs gouvernements respectifs ; lesquels seront remboursés au prorata du nombre de soldats par l’ONU. A 1.000 $ environ par mois et par soldat, quelques pays sont soupçonnés de se livrer à une activité lucrative grâce à l’envoi massif de contingents – payés en monnaie locale - pour des opérations de maintien de la Paix.
D’ailleurs la composition de cet effectif pose souvent la question de l’efficacité des forces multinationales. Sous-équipés, peu aguerris, les casques bleus ont la réputation de « soldats pauvres payés par les pays riches ». Pourquoi les pays occidentaux ne participent pas de manière durable à des missions onusiennes – en termes de logistique et d’hommes – mais se contentent le plus souvent de payer leur « cotisation » annuelle ? Dans l’absolu, les moyens financiers de cette institution semblent démesurés. Or, force est de constater que les véhicules ou les avions de transport de troupes et les hélicoptères sont largement insuffisants. Cette dotation dépend essentiellement du prêt de matériels des pays dont sont issus les soldats car le budget alloué pour chaque mission est fixé pour une période limitée dans le temps. En d’autres termes, l’exigence de moyens supplémentaires doit être soumise à une longue procédure et d’autres priorités.

L’évolution du rôle des casques bleus

Au tout début de sa création, le principe de neutralité fut un des fondements de ses opérations. L’usage de la force est limité et déployé qu’en cas de légitime défense.
Si on excepte le rôle d’observateur lors de la trêve de la guerre israélo-arabe en 1948, la première intervention des casques bleus avait eu lieu à la suite de la crise du canal de Suez, en 1956. Quant aux records de présence d’une mission d’interposition, la Force des Nations Unies chargée du maintien de la Paix à Chypre (UNFICYP) et la Force des Nations Unies chargée d’Observer le Désengagement (FNUOD) sur le plateau du Golan sont classées ex-æquo : 35 ans ! Quoique leurs missions soient très différentes, sur l’île de Chypre, les casques bleus sont chargés de surveiller la ligne de démarcation (zone tampon) entre les communautés pro-grecque et pro-turque ; tandis que sur le Golan, il s’agit de faire respecter un cessez-le-feu à la suite de la guerre de Kippour en 1973 où une partie de la Syrie a été occupée par l’armée israélienne. Face à l’intensité des conflits et le nombre croissant de victimes civils, notamment pendant la guerre de Bosnie et le génocide rwandais des années 1990, cette doctrine a été battue en brèche et abandonnée. Le chapitre VII de la chartre des Nations-Unies autorise désormais l’usage de la force en cas de menace de la paix.
L’ONU « sous-traite » également des interventions à des organisations internationales - l’OTAN ou la CEDEAO - la gestion des conflits dans leur zone d’influence. Le Conseil de Sécurité vote une résolution pour permettre un déploiement rapide des forces d’interposition ? De plus en plus fréquemment, des pays interviennent par leurs propres moyens ; c’est le cas en 2011, de l’opération Licorne (France) en Côte d’Ivoire et aussi de l’intervention kenyane en Somalie. Les armées conventionnelles deviennent des têtes de pont ou des forces complémentaires avant l’arrivée des casques bleus. La présence des troupes françaises en Côte d’Ivoire résulte de l’accord de défense bilatérale, signée au moment de l’indépendance. Dans ce genre de cas exceptionnel, l’obtention du mandat des Nations-Unies permet de légitimer l’intervention et d’éviter surtout de se faire taxer d’armée d’occupation.

L’Afrique et les casques bleus

Aujourd’hui, une quinzaine d’opérations de maintien de la Paix sont en-cours dans le monde. Neuf d’entre elles se déroulent sur le continent africain. La plus ancienne a été déployée en 1991 ; il s’agit de la MINURSO (Sahara Occidental) composée de 500 hommes et avec pour mandat de superviser le cessez-le-feu entre le Maroc et le Front Polisario. La guerre civile qui saigna le Libéria et qui s’acheva en 2003, est toujours surveillée actuellement par environ 7.300 soldats de la MINUL (Libéria) pour un déploiement total de 8.879 personnes.
La même année, l’Union Africaine envoie ses premiers hommes au Darfour dans le cadre de la Mission Union Africaine au Soudan (AMIS) : 7.000 casques bleus (100% africains) furent positionnés avec un financement de l’Union Européenne. Débordée par les milices Janjawid, l’AMIS fut transformé en MINUAD sous couvert d’un mandat des Nations-Unies en 2007. Cette mission totalise aujourd’hui quelques 20.000 soldats et 4.000 personnels civils pour la bagatelle annuelle de 1,3 milliards $. C’est un conflit de basse intensité qui couve de manière insidieuse. Trois casques bleus d’origine sénégalaise ont encore perdu la vie au mois d’octobre dernier, alors que leur colonne a été prise dans une embuscade. A la MINUAD s’ajoute encore deux missions qui concernent les litiges entre le Soudan et le Sud Soudan, devenu indépendant après un référendum d’autodétermination en 2011. Il s’agit de la Force Intérimaire de Sécurité des Nations-Unies (FISNUA) avec un effectif de 4.000 hommes. Elle a pour objectif de s’interposer en les deux pays frères sur le litige frontalier d’Abiyé. Le Sud Soudan accueille également la MINUSS (10.200 personnes) qui ressemble fort à un prolongement de la consolidation des accords de paix globale de 2005.
En République Démocratique du Congo, les casques bleus de La MONUC sont présents sans discontinuer depuis 1999, en changeant toutefois de nom en 2010 : la MONUSCO (voir encadré). Quant à l’opération des Nations-Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), anciennement MINUCI, elle fut adoptée par la résolution n°1528 de 2004. La communauté internationale redoutait une partition du pays et la force multinationale était censée accompagner les accords de paix de Marcoussis signés en 2003.
Quant au Mali, la Mission Internationale de Soutien au Mali (MISMA) sous conduite de la CEDEAO, mandatée par l’ONU en décembre 2012 a été engloutie par la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations-Unies pour la Stabilisation du Mali (MINUSMA). Les 7.000 militaires présents au Mali, essentiellement africains, devront être renforcés par un effectif additionnel de 5.000 personnes environ. Ce passage sous commandement onusien a provoqué une certaine frustration sur le continent. Les dirigeants politiques et surtout les officiers africains ont le sentiment d’une mise à l’écart progressif au sein des organes de décision de la MINUSMA. Depuis l’arrivée au pouvoir du président IBK, les djihadistes ont également repris du service dans la boucle du fleuve Niger plus précisément du côté de Gao. Une vaste opération couverte par 1.500 soldats composés de français, de maliens et des casques bleus avait eu lieu vers le 20 octobre dernier. Le patron de la MINUSMA, Bert Konders a demandé en urgence du renfort – en hommes et en matériels - auprès du Conseil de Sécurité.
En somme, les 2/3 des effectifs des opérations onusiennes de maintien de la paix sont cantonnés sur le continent Africain. Encore faut-il ne pas oublier la Somalie : la logistique de la force panafricaine (AMISOM : 17.000 hommes et bientôt 24.000) est fournie par l’ONU et le nerf de la guerre est octroyé par l’Union Européenne. L’AMISOM, s’est substituée en 2007 à la mission de l’Autorité Inter-Gouvernementale pour le Développement (IGAD) – l’organisation sous-régionale appelée IGASOM (2005–2007). Rétrospectivement, on peut mesurer aujourd’hui la conséquence incommensurable du vide laissé par le retrait des casques bleus de Mogadiscio en 1995, jusqu’à l’arrivée de l’IGASOM. En d’autres termes, l’abandon par la communauté internationale de la Somalie, pendant une décennie, a favorisé l’émergence des islamistes.

Alex ZAKA
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