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Économie Publié le mardi 24 décembre 2013 |

Le processus de privatisation en Côte d’Ivoire provoque un vif débat

Alors qu’on ignore encore tout du processus qui régira la soumission à l’offre publique des actifs de l’Etat ivoirien au sein de certaines entreprises, totalement ou partiellement publiques, de nombreuse voix s’élèvent pour dénoncer une « nouvelle braderie » de la Côte d’Ivoire par le président Alassane Ouattara. Les forums de discussion et les plateformes d’expression abondent de commentaires, visiblement d’un bord politique différent que le président actuel, qui s’insurge vivement contre le projet confirmé du gouvernement de privatiser ses actifs au sein de 15 entreprises. Une des entreprises qui créera le plus la polémique est Côte d’Ivoire Telecom, entreprise où l’Etat détient 48% des parts, deuxième actionnaire derrière une filiale du groupe français Orange. Les commentateurs estiment, que la situation de quasi-monopole et les bénéfices conséquents dont jouit cet opérateur cadrent mal avec l’argument gouvernemental de vouloir réduire le déficit public à travers le délaissement de certains de ses actifs. Sur plusieurs sites internet et certains réseaux sociaux où l’information a été publiée, le débat est vif : «Si on estime que ces sociétés ne sont plus compétitives, il faut noter que leur privatisation ne résout pas les problèmes dans la mesure où les profits reviendront á 100% aux multinationales. Il aurait fallu trouver des mécanismes pour booster la performance économiques de ces entreprises », peut-on lire dans un commentaire sur le site Connection Ivoirienne.

Même si le processus occupe l’actualité seulement maintenant, c’est depuis 2011 que le président Alassane Ouattara a indiqué son intention ferme de relancer le processus de privatisation. Une intention qui avait été dévoilée dans le communiqué de presse sanctionnant le conseil de cabinet du 29 juin 2011. Des noms avaient été cités, notamment dans le domaine des banques, mais sans aucune autre précision. L’initiative actuelle a trouvé sa motivation dans un rapport d’étude menée par le Ministère de l’économie et des finances de Côte d’Ivoire. Ce dernier a mis en évidence le fait que, pour l’exercice clos au 31 décembre 2009, l’État avait perçu 23,96 milliards de FCFA de dividendes et accordé dans le même temps, 87 milliards de FCFA de subventions et participation à ces entreprises.

Fort de ce constat, le président Ouattara avait décidé que, sur les 82 entreprises dans lesquelles l’Etat détenait une participation majoritaire ou minoritaire, il se désengagerait d’un nombre lui permettant de n’en conserver que 25%, soit 22 entreprise environ. Ce qui suppose que les 15 premières privatisations ne constituent que le début du processus.

La note d’information relative à ce processus sera déterminante pour en maitriser les différents contours. Mais une chose que l’on peut relever et qui constitue une différence importante par rapport aux privatisations des années 90, c’est que le processus actuel se déroule alors qu’une nouvelle génération d’investisseurs locaux a vu le jour en Côte d’Ivoire.

La bataille que l’entreprise Movis a livrée avec le groupe Bolloré pour le contrôle du terminal à conteneur du Port d’Abidjan est révélatrice : le terrain risque de ne pas être aussi facile pour les investisseurs étrangers que par le passé. On peut s’attendre à voir des batailles analogues dans la cession des parts de Côte d’Ivoire Télécom, ou encore de Société Ivoirienne de Banques contrôlée à 51% par le groupe marocain Attijariwafa Bank.

En fonction de la manière dont sera constitué le dossier, le processus permettra aussi d’avoir une visibilité sur la situation financière des entreprises impliquées, si le projet est soumis à une notation collective.

De ce qui précède on peut espérer que le nouveau processus de privatisation qui sera lancé en Côte d’Ivoire sera différent des précédents. Toutefois, pour ne pas être une « braderie », mais comme un acte de gestion opportun pour une Côte d’Ivoire, le processus devra faire faces aux défis de la transparence, de l’accessibilité et susciter l’adhésion des investisseurs ivoiriens, toutes choses qui ont plombé le programme de privatisations des années 1990.

Idriss Linge, agence Ecofin
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