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Société Publié le samedi 18 janvier 2014 | Le Patriote

Interview/ Kipré Logbo (chef du village de Bobréguhé) : “Notre chef de canton, c’est Tapé Do”

Depuis quelques mois, un conflit larvé menace la cohésion sociale à Issia. Il a pour enjeu le contrôle du canton Boguhé (39 villages) et oppose deux chefs traditionnels, Dédé Séri Justin et Tapé Do. Le Patriote a approché un chef de village, Kipré Logbo, pour comprendre les raisons de ces tiraillements.
Le Patriote : Il semble qu’il y a des tiraillements dans la chefferie cantonale à Issia. Que se passe-t-il exactement ?
Kipré Logbo : En réalité, il ne se passe rien. Il n’y a pas de tiraillements en tant que tel. Tous les bruits que vous entendez sont le fait d’incompréhensions entre des autorités coutumières, autour de la chefferie cantonale à Issia, de la chaîne de commandement dans l’espace cantonal.

LP : D’où proviennent ces incompréhensions ?
KL : Elles sont principalement le fait d’un des nôtres, le chef Dédé Séri Justin, président du collectif des chefs coutumiers du département, qui, alors qu’il n’a pas l’assentiment de ses pairs, veut s’imposer comme chef du canton Boguhé, au détriment de celui qui a été choisi par l’ensemble des chefs traditionnel d’Issia, en l’occurrence Tapé Do. A dire vrai, depuis la mort, en 1971, du patriarche Zakiri Bissouma, notre canton n’a plus eu de chef. C’est ce vide que nous avons voulu combler en désignant Tapé Do. Sur 39 chefs de village et de tribus que compte le canton Boguhé, 38 se sont prononcés en faveur de Tapé Do. Nous ne comprenons donc pas pourquoi des gens s’y opposent. D’autant quez chez nous les Bété, contrairement à d’autres peuples, le chef se désigne à l’issue d’un vote. Là où il y a vote, c’est l’expression de la majorité qui est de mise.

LP : Qui s’oppose à ce choix de la majorité, comme vous le dites ?
Kipré Logbo : Selon le constat que nous faisons, c’est Mme le député, Célestine Tazéré, qui refuse que l’expression de la majorité prévale. Elle soutient le chef Dédé Séri Justin et veut forcément l’imposer. Elle refuse même de recevoir l’ensemble des chefs pour que nous puissions laver ce linge sale en famille. Nous ne comprenons pas non plus l’intervention de l’administration dans ce choix. Ce n’est pas une affaire administrative, encore moins politique. C’est un choix local, coutumier.

LP : Mais quelles sont les raisons invoquées pour refuser ce choix de Tapé Do ?
KL : Pour contester Tapé Do, on nous brandit le procès dans lequel il est engagé. Nous voulons rappeler à Mme le député que Tapé Do était en procès quand il a battu campagne pour elle. Je le répète, le choix de Tapé Do n’est pas un choix politique, c’est un choix coutumier. Or Tapé Do continue de jouir de ses droits civiques.

LP : Quelles solutions préconisez-vous pour trouver un terrain d’attente ?
KL : Notre souhait, c’est que Mme le député accepte de nous rencontrer. Qu’elle vienne à Issia pour qu’on se parle. Pour nous, il n’y a pas un problème Tapé Do. A Issia, Tapé Do est le quotidien des chefs de village. Il a beaucoup apporté dans la gestion de notre canton. Maintenant qu’il a décidé d’être chef canton, nous n’avons pas hésité à le soutenir. Le Bété ne fait pas de choix au hasard. Tapé Do a toujours été à nos petits soins. On ne peut pas accepter qu’on nous impose quelqu’un. Vous savez, Mandela a fait 27 ans de prison, il est devenu Président de la République.

Réalisée par Jean-Claude Coulibaly
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