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Politique Publié le samedi 15 février 2014 | Nord-Sud

Contribution : «La méthode Ouattara tranche avec celle de Gbagbo»

Dans cette contribution, le professeur Franklin Nyamsi propose un décryptage sur la polémique entretenue par les partisans de l’ex-chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, au sujet de l’intervention chirurgicale de la sciatique subie en France par le président de la République, Alassane Ouattara.


L’esthétique politique de la transparence médicale chez Alassane Ouattara
La grandeur de l’homme, disait Blaise Pascal, c’est de se savoir misérable. Sachant qu’une goutte d’eau suffit à tuer « le roseau pensant » que nous sommes, la lucidité commande de parler simplement des affaires humaines, avec objectivité et détachement, sans excès ni défaut, sans démesure ni perfidie. Cette heureuse association de la simplicité et de la grandeur n’a-t-elle pas trouvé en la personne du chef de l’Etat ivoirien, le Dr Alassane Ouattara, une illustration parfaite ? On ne peut que s’étonner de la faiblesse d’esprit avec laquelle la presse bleue ivoirienne, aux ordres du Front populaire ivoirien, s’échine rageusement à faire une montagne d’un événement que la présidence de la République ivoirienne a pourtant tenu à restituer dans toute sa dimension ordinaire et normale : l’hospitalisation du chef de l’Etat pour une opération bénigne, parfaitement maîtrisée, du nerf sciatique. Pour cet événement circonstancié, le communiqué présidentiel aurait dû suffire, si le bon sens était la chose du monde la mieux partagée en Côte d’Ivoire.  Mais voici que le Fpi, fidèle à son inimitable manière canine de s’asseoir,  croit y voir une aubaine pour relancer la chienlit fictive de la prétendue guerre successorale ivoirienne et tenter de salir l’image excellente du chef du Parlement, Guillaume Soro, par effet domino. Bien minable et bas projet, qu’une telle opération de diffamation ! Comment comprendre cette propension de certaines  oppositions, mais aussi des opinions africaines et mondiale à dramatiser les questions de santé des chefs d’Etat ? En quoi la communication présidentielle ivoirienne a-t-elle justement brisé la tradition de l’omerta qui entretient bien souvent des fictions au sujet de l’état de santé des présidents de la République en Afrique ? Comment  juger malgré tout du cynisme obsessionnel d’une presse d’opposition ivoirienne, qui croit avoir inventé la glace quand elle s’obstine à voir la mort imminente dans le moindre acte thérapeutique posé sur la personne du président Alassane Ouattara ? La présente tribune insistera sur la grave incurie d’une opposition  ivoirienne en mal de pertinence, de compétences et d’opportunités d’actions proprement politiques. Elle montrera précisément en quoi la démarche transparente du président Alassane Ouattara sur son état de santé prouve naturellement la très bonne santé des institutions démocratiques ivoiriennes en ce mois de février 2014. C’est ce que je désigne sous l’expression d’ « esthétique politique de la transparence médicale chez Alassane Ouattara. »

De la santé des chefs d’Etat  et de l’opinion en général
 La santé des autorités suprêmes d’un pays est depuis la nuit des temps, un enjeu politique majeur. Elle ne détermine pas seulement le bon fonctionnement des Etats, elle est un baromètre de la confiance, de l’humeur des citoyens et de la stabilité des partenariats en jeu avec l’international. Or qu’a-t-on observé des temps anciens aux temps modernes ? Il faut le reconnaître, le réflexe dominant des Etats est de cacher l’information médicale concernant leurs gouvernants. Qu’en résulte-t-il ? La réaction plutôt systématique des opinions est de compenser l’omerta médicale des hauts lieux de l’Etat par l’inventivité des plumitifs de l’opinion. Ainsi donc, la rumeur naît souvent ainsi de l’absence d’informations. La nature humaine ayant horreur du vide, compense alors l’ignorance de l’état de santé réel des gouvernants par des fictions qui semblent remplacer la réalité, par le mécanisme pervers de l’autosuggestion. On finit par croire ce que l’on a inventé, parce qu’il faut bien s’accrocher à quelque chose pour nourrir, même pauvrement, un esprit rendu chétif par l’absence d’effort de réflexion. Faut-il imputer cette tendance des opinions à dramatiser les bulletins de santé des hommes politiques aux seuls chefs d’Etat ?  On pourrait s’en convaincre, tant le silence est souvent de mise au moindre éternuement présidentiel ou royal. Rares sont, en effet, les chefs d’Etat africains ou d’ailleurs, à donner  régulièrement leur bulletin de santé à la presse. Souvenons-nous un tant soit peu de la récurrence étrange de cet emballement typique de l’opinion. Les révélations du docteur Gübler, médecin personnel de François Mitterrand, défrayèrent la chronique en France, quand elles établirent qu’il était malade dès l’entrée des années 80. Les malaises vagaux des présidents Sarkozy ou Chirac dans les années 2000 firent jaser et jacter toutes les officines à scoop du monde, qui découvraient ainsi que ces grands hommes politiques n’étaient après tout que des hommes.  La presse algérienne se repaît encore des fuites plus ou moins organisées sur l’état de santé du président algérien, Bouteflika.  On se souvient, au Cameroun, du scoop du président Biya, revenant d’un long séjour en partie médical à l’étranger, et disant ironiquement dès son arrivée à l’aéroport aux Camerounais dont certains l’avaient proclamé raide mort: « Le fantôme vous salue bien ». Bien confuse ambiance !
Une constante apparaît clairement dans le phénomène de la communication médicale des chefs d’Etat d’ici ou d’ailleurs. Le secret d’Etat et le secret médical coïncident bien souvent l’un avec l’autre. Au nom d’une certaine idée de la stabilité du gouvernement, de l’économie, mais aussi de la stabilité psychologique des populations. N’est-ce pas précisément cette dialectique du silence et de la rumeur que brise la modernité de la communication médicale du chef de l’Etat ivoirien, le Dr Alassane Ouattara ?


L’innovation ivoirienne : l’esthétique de la transparence médicale chez Alassane Ouattara
La légitimité politique ne vient pas seulement de l’élection juste et transparente. Elle s’atteste aussi par l’exercice juste et transparent des charges publiques dévolues par un peuple à ses dirigeants. En disant à ses concitoyens, sans fioriture, comment il se porte, le président Alassane Ouattara rompt donc avec la longue tradition de l’omerta qui servait de viatique suprême aux officines du commérage, de la diffamation et de l’insinuation infectes, que le continent africain produit à foison. Sans excès ni défaut, le communiqué de la présidence de la République ivoirienne, publié le 9 février 2014, disait simplement :
« La présidence de la République informe que le président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane Ouattara, a subi une intervention chirurgicale liée à une sciatique. L'intervention s'est bien déroulée et le chef de l'Etat se porte bien. Il regagnera la Côte d'Ivoire après une période de repos. Fait à Abidjan, le 09 février 2014. Qu’y a t-il de plus clair, net et  précis, en termes de communication médicale officielle ? C’est très clairement d’abord avec l’accord du chef de l’Etat ivoirien lui-même, que son état de santé actuel a été indiqué au public. Pourquoi ?  Sans doute d’abord pour lui rendre compte des raisons de son absence visible, lui dont nul ne peut dire, qu’il soit de l’opposition ou du parti au pouvoir, qu’il est un président paresseux. Infatigable bosseur dans l’âme, perfectionniste à souhait, le président Alassane Ouattara fut reconnu comme tel dans une célèbre interview accordée à Jeune Afrique le 22 septembre 2007 par le pire de ses adversaires politiques, l’ancien président Laurent Gbagbo en personne : « Alassane Ouattara est brillant et travailleur ». La seconde raison de la communication présidentielle est moins circonstancielle. Il ne s’agit pas seulement d’expliquer sa brève indisponibilité à ses concitoyens, mais d’inaugurer un autre style de rapport entre lui et son peuple. Etre le chef d’un Etat, c’est s’attacher à élever et raffiner la sensibilité de tous à l’intérêt général, à la cause de l’Etat. Dès lors, c’est instaurer au sommet de l’Etat, la  confiance par la pratique de la vérité. Dire à son peuple comment on se porte, c’est lui donner la certitude qu’on veille également à son état réel. Un chef de l’Etat qui se confie à son peuple à propos de sa santé fait confiance à son peuple et fait de son peuple un confident. Cette confiance accordée par ce communiqué précis et net, sans forfanterie ni ambiguïté,  dans l’intimité et le respect dus aux hautes charges de la nation, est fondatrice d’une relation spéciale d’élection mutuelle entre un chef et son peuple. Ils s’attachent l’un à l’autre autant dans la grandeur que dans la simplicité, pour le meilleur et pour le pire. Craint et respecté, le chef devient aussi aimé et prouve à ceux qu’il met en confidence qu’il leur fait confiance. Il y a ainsi avènement d’une sensibilité toute spéciale entre le président Alassane Ouattara et le peuple de Côte d’Ivoire. Avec un président qui ne ment pas, « ça ment pas », comme on dit à Abidjan.  La sensibilité, c’est cette manière de se toucher, d’âme à âme, par l’attestation publique d’une sincérité qui ne dérive jamais en exhibition. Le peuple ainsi, ressent son chef, comme le chef consent à son peuple. Communion non-fusionnelle, proximité dans le respect mutuel. Exceptionnelle réciprocité.  Et voilà promue par l’innovation d’Alassane Ouattara,  l’esthétique politique de la transparence en Côte d’Ivoire. Que n’avait-on pas vu, pourtant,  dans le régime Gbagbo,  juste avant l’arrivée d’ADO au pouvoir ?   Tout le contraire ! Et il  nous faut justement à présent nous occuper de l’incurie de la démarche d’intoxication instrumentalisée par le Front populaire ivoirien autour de la santé d’Alassane Ouattara.

Les frontistes ivoiriens et la maladie : une obsession pathétique
Le Fpi, nous l’avons assez montré, est un parti triplement malade. Sa maladie est un véritable mal à dire. Dans son corps, il porte encore les traces douloureuses de ses erreurs tactiques et stratégiques successives depuis 1999. Les boomerangs récoltés dans ses différentes tentatives de destruction intérieure de la démocratie ivoirienne en ont fait une organisation d’impitoyables écorchés vifs. Dans son âme, le Fpi est atteint : mélancolique et nostalgique, il rêve encore des fastes enivrants du pouvoir d’Etat et n’a pas fini de sortir du cauchemar de sa perte. Et voilà pourquoi les leaders frontistes s’expriment encore comme si nous étions en fin octobre 2000. Ils parlent de la Côte d’Ivoire avec une tranquille certitude qu’on ne pourrait attendre que de politiques exerçant la réalité du pouvoir d’Etat.  Enfin, le Fpi a perdu toute relation avec  l’essence spirituelle de l’agir politique, puisqu’en se soustrayant de l’exigence de repentance à laquelle toutes les autres forces politiques se sont soumises, ce parti s’est déshumanisé à outrance et n’a désormais qu’une identité monstrueuse. La perte de ses repères de gauche sociodémocrate et humaniste s’est payée par la métamorphose de l’esprit du Fpi en passion cadavérique. Le mépris des morts, des malades et des victimes en général dote l’âme de ce parti du plus froid des cynismes. Quelles conséquences dans l’approche du communiqué médical présidentiel par le Fpi ?
Tels des charognards aux aguets, les frontistes espéraient le pire de l’opération bénigne du chef de l’Etat ivoirien. Leurs prières en transes n’ont jamais varié de thème. La disparition du président Ouattara serait pour ces cœurs de pierre, une source d’orgies et de bombance. C’est de bonne guerre, se disent-ils, d’espérer que le vainqueur de la présidentielle 2010 finisse sur le billard. Les rêveries prophétiques de la ‘’galaxie patriotique’’ y trouveraient un pain bénit. Mais la réalité leur inflige ici encore un cinglant démenti. Opéré à Paris d’une difficulté du nerf sciatique – situé dans la hanche -  avec le même succès que le président congolais, Denis Sassou Nguesso a connu pour la même opération, le président Alassane Ouattara demeure bon pied bon œil. Comment ne pas mettre dans le registre de la pure et simple jactance, le projet éperdu de l’opposition ivoirienne d’en faire un angle de tir sur une supposée vulnérabilité successorale du pouvoir Rhdp ? La presse française, très au fait des séjours des chefs d’Etat africains aurait-elle tu les informations médicales sur le président Alassane Ouattara s’il y avait vraiment de quoi s’alarmer ? Le silence de la presse française confirme bien l’inexistence d’un fait spécial quelconque. Et quand le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, conscient du caractère bénin de l’intervention chirurgicale subie par le chef de l’Etat, vaque sereinement à ses occupations régaliennes, ne faut-il pas avoir l’esprit particulièrement tordu pour y trouver une occasion de nous rejouer la fiction d’une guéguerre entre les fils spirituels du président ADO ? Le président du Parlement ivoirien,  en constante et régulière concertation et complicité filiale avec le chef de l’Etat, ne peut que sourire de ces vains espoirs de zizanie du Fpi.  En mission à Tunis sur instructions du président Ouattara, c’est encore pour le représenter que l’agenda surbooké de Guillaume Soro l’a conduit à Brazzaville, pour la commémoration de la fin de l’Apartheid. Au sommet de l’Etat de Côte d’Ivoire, règne comme depuis décembre 2010, une véritable soudure fraternelle.  Mais n’est-ce pas de nouveau la mémoire frontiste qui flanche ? Il ne faut manifestement pas manquer une occasion de rappeler le Fpi aux règles élémentaires du bon sens et de la dignité humaine. Et pour ce faire, un rafraîchissement de la mémoire des frontistes s’impose, une fois de plus.
Il importe au plus haut point de redire ces choses ici, afin que nul n’en ignore. Sous le régime Gbagbo, jamais la santé présidentielle ne fit l’objet d’une communication aussi sobre et efficace. On tenait à vendre au peuple de Côte d’Ivoire,  la fiction d’un président surhumain, que le moindre rhume ne viendrait même point visiter de temps à autre. Pourtant, dès la chute du ‘’Boulanger d’Abidjan’’ le 11 avril 2011, les frontistes découvrirent que la santé de leur leader pouvait servir comme monnaie de chantage politique. Que n’a-t-on pas entendu depuis lors ?  Des pirouettes dignes du double langage attitré de l’historien de Mama. Un exemple ? Lors de sa détention en résidence surveillée à Korhogo, Gbagbo avait reçu la visite des Elders Koffi Annan, Desmond Tutu, à qui il n’avait point manqué de dire qu’il se sentait bien à Korhogo et que l’ambiance était d’autant plus bonne qu’il pouvait être parfaitement suivi par son médecin. Mais une fois transféré à La Haye à la demande de la Cpi (Cour pénale internationale, ndlr) où son régime avait lui-même affilié la Côte d’Ivoire, Gbagbo et ses avocats changèrent de langage. Pour l’ex-président ivoirien, il ne lui fut pas donné de « voir le soleil » lors de sa détention à Korhogo. Qui a du reste oublié que pour tenter d’échapper à la prison, Laurent Gbagbo alla jusqu’à simuler la démence devant ses geôliers ? Le mensonge et la dissimulation permanents de ses principaux dirigeants auront décidément perdu le Front populaire ivoirien.
 Et c’est dans ce même esprit d’indignité et  de roublardise que le Fpi, à travers la presse à ses ordres, a tenté de tremper de toutes les façons possibles le nom du président Guillaume Soro et surtout celui de sa discrète épouse dans la sauce infecte de ses calomnies délirantes autour de l’hospitalisation du chef de l’Etat à Paris. En effet, disons-le tout net. Madame Sylvie Soro née Tagro, que je connais, est un monument d’effacement et de dévouement pour ses enfants et leur père. La politique n’est pas sa tasse de thé. Elle s’occupe des êtres précieux que Dieu lui a donnés, avec ferveur et humilité, passant inaperçue dans l’espace-temps du sacerdoce politique de son célèbre époux. Et c’est cette personne sobre, ne demandant ni les honneurs ni les cordons de la République, que le Fpi, désabusé par sa propre perte de sens et de popularité, va chercher pour se donner l’air pompeux de dire enfin quelque chose qui vaille ?! Heureusement, la Côte d’Ivoire laborieuse et compétente comme son chef de l’Etat, fière de sa croissance dopée, recommence à caracoler sur les sommets de l’excellence mondiale. Guillaume Soro, au cœur de la modernisation monumentale du Parlement ivoirien, poursuit pourtant  cependant sa mission d’homme de devoir, en étroite et infaillible collaboration avec le président de la République qu’il a à tout moment au téléphone, day by day. Comment distraire davantage les Ivoiriens quand c’est le chef de l’Etat lui-même qui leur fait la confidence de son état de santé réel ? Comment faire prospérer l’illusion d’une crise successorale type après-Houphouet quand tous les rouages de la République sont huilés et stables ? Le Fpi, décidément est en chute vertigineuse dans les abîmes de l’insignifiance. Telle est la force morale de l’esthétique de la transparence politique inaugurée par le président Alassane Ouattara. Je ne puis dès lors que me réjouir de revoir bientôt le chef de l’Etat de Côte d’Ivoire au travail, avec la force, la vigueur et la générosité inventive qu’on lui connaît.

Par Franklin Nyamsi, Professeur agrégé de philosophie Paris, France
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