x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le samedi 8 mars 2014 | Nord-Sud

Suivi psycho-social de la femme enceinte : Ces comportements qui dérangent

En dehors du suivi médical, la femme enceinte a besoin d’une attention particulière le long de sa grossesse.
Mais ce n’est pas toujours le cas. Notre enquête.


Envies saugrenues, éloignement du partenaire, … La femme enceinte est diversement supportée dans la société. Si elle est présentée comme une personne vulnérable qui mérite toutes les attentions, dans la pratique, ce n’est pas toujours le cas. « Elle ne m’attire plus. Je n’arrive plus à faire l’amour à mon épouse depuis que son ventre s’est arrondi. Elle attend un bébé depuis cinq mois », explique Patrice Degnan, fonctionnaire à Adjamé-220 logements. Comme solution, il a opté de conduire sa dulcinée chez sa mère, le temps pour lui de « vivre » en attendant la naissance du nouvel être. Le compagnon d’Henriette Boka est logé dans la même catégorie que M. Degnan. «  Nous vivons ensemble depuis dix ans et j’attends mon troisième enfant. Mais c’est toujours la même chanson. À chaque grossesse, il me demande d’aller me faire soigner en famille. Cette fois-ci, je refuse de partir », se résout la bonne dame qui habite aux Deux-Plateaux.

Attention à la santé du bébé

Elle craint que son chéri flirte avec les filles aguicheuses des environs. « Alors qu’il me délaisse, il court après les jeunes filles du quartier », justifie-t-elle sa décision. Les épreuves vécues par ces femmes varient selon les situations. « Mes collègues sont frustrés parce que la charge de travail augmente pour eux lorsque je m’absente pour mes rendez-vous médicaux. C’est difficile à supporter mais je n’y peux rien », se désole Marie Ange Koffi, institutrice enceinte de sept mois, à Koumassi. Et lorsqu’il s’agit d’une dame qui vit dans un environnement de polygamie, c’est presque la catastrophe. « J’ai souffert de traitement inhumain lorsque j’attendais ma deuxième fille. Ma rivale ne cessait de me tancer parce que je paressais beaucoup. Elle estimait que j’étais nulle », se remémore Aïcha Sanogo à Abobo Quatre-étages. Maïmouna Kangouté, secrétaire générale du Syndicat des sages-femmes de Côte d’Ivoire (Sysafci) avec qui nous avons échangé sur le sujet à Cocody, récemment, reconnaît ces difficultés. Elle explique qu’il arrive des fois où les femmes en consultation se confient. « Elles vivent beaucoup de difficultés. Elles sont non seulement victimes de vomissements et d’endormissements dus à ce nouvel être qui vient s’implanter. Mais en plus, les proches ne leur facilitent pas la tâche souvent », témoigne la praticienne. Selon elle, l’entourage lie les faits et gestes de la femme enceinte aux caprices. Ce qui a des conséquences néfastes. «  Certaines femmes sont alors malheureuses. Elles vivent assez mal ces grossesses parce que personne autour ne peut réagir. Quand elle a des problèmes, cela se répercute sur l’enfant. Quand elle est anxieuse, l’enfant l’est également», révèle Maïmouna Kangouté. Notre personne ressource dénonce, entre autres, le fait que des hommes refusent d’approcher la femme enceinte ou même de lui faire l’amour. « La femme dans cette période là, du fait de toutes ces transformations, a besoin d’être écoutée. Elle a besoin de l’affection de son mari. Quand elle vit des souffrances, quand elle a des manifestations désagréables, elle a besoin de son partenaire pour la rassurer », conseille Mme Kangouté. Toutefois, la spécialiste se félicite de l’indulgence chez certaines personnes. « Des époux l’ont bien compris. Ils n’hésitent pas à accompagner leur femme en consultation prénatale. Mais c’est vraiment rare», précise-t-elle. Dans certaines traditions africaines, lorsque la femme enceinte a certaines envies, on estime que si on ne lui accorde pas ces envies, cela peut avoir un impact. La légende veut que, par exemple, lorsque des enfants naissent avec des taches de grossesse, ce soit parce que la mère n’aurait pas satisfait ses envies. Pour Maimouna Kangouté, cette analyse culturelle a son fondement. « Ce qu’on considère comme des caprices peuvent aider la femme à mieux supporter sa grossesse. Imaginez quelqu’un qui a des nausées, qui n’arrive pas à consommer ce dont elle a envie. Il faut qu’elle puisse manger ce dont elle a envie à l’instant. La grossesse ne dure que neuf mois. », conseille-t-elle.


Par Nesmon De Laure
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ