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Editorial Publié le jeudi 27 mars 2014 | Nord-Sud

Le pari du bien écrire

Mauvaises orthographes, fautes de frappe, expressions inappropriées, accords écorchés…Il n’est pas rare que nous, journalistes, le plus souvent issus d’une filière littéraire, fassions des erreurs que le lecteur pardonne difficilement. Nous faisons droit aujourd’hui à l’exigence d’un de nos fidèles lecteurs qui dit avoir le cœur meurtri chaque fois qu’il lit un article pollué par des approximations, des pléonasmes, des formules inadaptées ou pesantes. Il nous a proposé de revenir sur quelques règles du bien écrire qui nous échappe. Cependant lequel d'entre nous peut se targuer de ne jamais les avoir transgressées? A tout péché miséricorde. Rentrons de plain-pied (et non de plein pied qui est incorrect) dans le répertoire des perles. Il dit être tombé sur l’horripilant «Nominés», pour parler des personnes en lice pour un concours, un prix. Le mot juste est selon lui «nommés» parce que le substantif «nomination» répond au verbe «nommer» et non à celui, inexistant, de «nominer». C’est pourquoi il conseille de s’interdire tout anglicisme quand il existe un équivalent en français : remplacer ‘’baser sur’’ par ‘’fonder sur’’, ‘’stopper’’ par ‘’arrêter, finir, cesser’’ et ‘’stresser’’ par ‘’inquiéter, angoisser, énerver’’. ‘’Rétroaction’’ se substitue à ‘’feed-back’’. ‘’Pacemaker’’ doit être remplacé par ‘’stimulateur cardiaque’’. Dans Pallier à (le «à» est de trop, car on pallie un manque). Notre interlocuteur attire également notre attention sur le mot «émérite» qui, pour nous, désigne quelqu’un de méritant alors qu’il devrait montrer plutôt celui qui est retraité de sa spécialité. Sans oublier que certains écrivent «1,9 milliards de FCFA». Cela représente certes une bagatelle mais doit rester au singulier parce que le pluriel commence à partir de 2. «Avoir pignon sur rue», une locution qui, par extension pour nous signifie ‘’avoir une réputation’’. En revanche, le «Dictionnaire des expressions et locutions traditionnelles» de M. Rat, informe à la page 307 que c’est ‘’avoir une maison à soi’’. Il y a l’expression ‘’faire long feu’’. D’après l’Académie, une affaire qui fait long feu traîne en longueur, une plaisanterie qui fait long feu ne produit pas son effet. Il n’est pas rare de lire dans certains articles «quelques 2000 personnes», quand l’auteur veut donner un chiffre estimatif de personnes, lors d’un rassemblement. «Quelque» sans le ‘’s’’ est adverbe, donc invariable. Il signifie "environ, à peu près". Il faut plutôt écrire «quelque 2000 personnes». «Tirer sur la sonnette d’alarme», une expression énervante. La forme correcte est ‘’tirer la sonnette d’alarme’’ qui veut dire ‘’attirer l’attention sur un problème, une situation’’. Il conseille d’éviter de commencer une phrase par une conjonction de coordination. ‘’Mais’’ se remplace valablement par ‘’pourtant, cependant, d’un autre côté’’. ‘’Et’’ par ‘’de plus, par ailleurs, en outre’’. Quand ‘’donc’’ peut laisser la place à ‘’par conséquent’’ et ‘’or’’ par ‘’toutefois’’. ‘’En effet’’ peut venir à la place de ‘’car’’. Tout comme il faut préférer ‘’de même’’ à ‘’également’’ en début de phrase. Mettre à la place de ‘’par contre’’ ‘’en revanche’’ et ‘’au niveau de’’ ‘’sur le plan de’’. Il y a également les fautes portant sur les paronymes. Il s’agit des mots qui se ressemblent tant par leur forme que leur orthographe ou leur prononciation, mais dont les sens diffèrent. Prenons ‘’avantage et davantage’’. Le premier est un nom masculin signifiant ‘’atout, avance, prérogative’’. Le second est un adverbe qui veut dire ‘’le plus, plus longtemps’’. Nous confondons également ‘’survenir et subvenir’’ à des besoins. Selon Le Petit Robert, ‘’subvenir’’, verbe transitif indirect veut dire ‘’fournir en nature, en argent, ce qui est nécessaire à’’. Quand ‘’survenir’’, intransitif, veut couramment dire ‘’arriver, venir à l’improviste, brusquement’’. Que dire des ‘’projets d’avenir’’ (un beau pléonasme) qui est de trop. Il se plaint de l’emploi de ‘’ au jour d’aujourd’hui, le jour d’aujourd’hui’’. Des pléonasmes pour insister sur l’opposition avec le temps passé mais qui appartiennent à la langue familière. Autre tour courant même chez des auteurs, mais incorrect : «chaque deux ans ou chaque cinq minutes». Mieux vaut s’en tenir à l’usage régulier, simple et commode : Tous les deux ans, toutes les cinq minutes». ‘’Malgré que’’ («que» ne peut se marier avec malgré). La forme correcte est ‘’malgré le fait que’’. Il faut admettre qu’il y a un débat d’école. Cette locution conjonctive condamnée par les puristes est devenue correcte au sens de ‘’bien que, quoi que’’. Elle doit normalement être suivie du subjonctif. Avec ces quelques exemples, l’opinion du lecteur est assise. La langue française est maltraitée par les journalistes. Notre cher lecteur souhaite simplement que nous nous exprimions dans un meilleur français… Nous sommes conscients de ce que l’orthographe doit retrouver ses aises. Surtout sous les plumes des journalistes. Votre exigence est notre richesse. Alors soyez exigeants envers nous. Merci chers anagnostes. Vous en aurez pour vos 300 FCFA dans Nord-Sud Quotidien, à partir du 2 avril prochain.


Par Bakayoko Youssouf
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