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Politique Publié le lundi 7 avril 2014 | L’intelligent d’Abidjan

Interview / Daniel Kablan Duncan : ‘‘Les rapports entre l’Afrique et l’UE vont s’intensifier sur une base plus nouvelle’’

© L’intelligent d’Abidjan Par DR
Bruxelles : 4eme sommet UE-Afrique
Le quatrième sommet Union européenne-Afrique s`est ouvert ce mercredi 2 avril 2014 à Bruxelles (Belgique). Il réunit une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement africains ainsi que leurs homologues européens. Photo : Daniel Kablan Duncan Premier mistre
A Bruxelles pour le Sommet Europe -Afrique, le Premier ministre ivoirien a accordé une interview au quotidien gouvernemental Fraternité Matin. Ci-dessous l’intégralité de cet entretien.
Monsieur le Premier ministre, le 4e sommet UE-Afrique vient de s’achever. Que faut-il en retenir ?
Je pense que nous avons eu une bonne rencontre. Le dernier thème qui restait à traiter était celui de la population. Il est apparu que dans tout processus de développement, il faut que la population soit aussi bien actrice que bénéficiaire de ce développement. Et qu’il faut, par conséquent, assurer la formation de cette population, ainsi que sa santé et l’amélioration de ses conditions de vie pour garantir le développement durable du pays. Comme vous savez, les thèmes abordés ont concerné la paix et la sécurité, ainsi que la prospérité et la problématique de la population. Tout le monde était satisfait de cette rencontre, qui a permis de réunir les dirigeants d’Afrique et de l’Union européenne à un croisement important de l’évolution de ce partenariat. Vous savez qu’au mois d’Octobre, nous allons avoir les APE (Accords de partenariat économique devant remplacer les Accords de Cotonou). C’est important de savoir, au niveau des organisations sous-régionales, comment le dossier avance. Vous savez qu’à Yamoussoukro, ce dossier, au niveau de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) a beaucoup avancé. Au-delà des rencontres globales, les rencontres bilatérales sont tout aussi importantes. Et à ce titre, nous avons rencontré la partie belge, notamment le ministre des Finances. Sa Majesté le Roi a bien voulu nous recevoir hier soir (mardi, Ndlr) pour indiquer qu’il n’y a pas que l’Union européenne et que nous sommes aussi sur le sol belge.
D’une manière générale, ce que je peux noter, c’est que les rapports entre l’Afrique et l’Union européenne vont s’intensifier. Mais sur une base peut-être plus nouvelle que par le passé, même s’il y a eu des appuis importants. Je pense que, compte tenu des difficultés financières de l’Europe, on aura davantage le secteur privé européen qui va jouer un rôle plus important que par le passé. Et je pense que l’Europe est également consciente qu’il y a une concurrence plus forte en Afrique, notamment avec ceux venant d’Asie et d’Amérique latine. Les Européens sont donc psychologiquement préparés maintenant à aller de l’avant sur ce sujet-là. Je puis affirmer que la coopération UE-Afrique a de beaux jours devant elle.

Parlant précisément de concurrence, il se trouve que juste avant l’ouverture du sommet UE-Afrique, le Président chinois effectuait une visite en Belgique et à l’Union européenne, la première du genre d’un Chef d’Etat chinois dans cette enceinte européenne. Les participants ont-ils abordé cette question de la concurrence asiatique, notamment chinoise ?
Comme vous savez, les Chinois sont déjà en Afrique, depuis un certain temps. C’est une grande puissance la Chine, et en tant que telle, elle rencontre d’autres grandes puissances. La Chine a un rapport important avec l’Union européenne, comme elle a un rapport étroit avec l’Afrique. Nous sommes dans un monde globalisé. Et je pense que, dans le cas de la Côte d’Ivoire, ce que le Président de la République souhaite, c’est qu’on ait les meilleurs dans tous les domaines en Côte d’Ivoire. Bien sûr, il y a des rapports traditionnels qu’il faut pouvoir conserver et développer. Mais il faut faire en sorte que dans chacune des spécialités, on ait des appels d’offre et que le meilleur l’emporte. Ce qui donne la possibilité d’avoir les meilleurs dans tous les domaines.
Les rapports avec l’Europe, avec l’Asie ou avec l’Amérique latine se font dans le cadre de la mondialisation et, dans ces conditions, ce sont les meilleurs qui l’emportent.

Peut-on savoir ce que la Côte d’Ivoire gagne concrètement. Qu’en est-il des accords préliminaires sur les APE signés par la Côte d’Ivoire et le Ghana avec l’UE ?
Ce qu’on gagne c’est d’abord au niveau du IIe FED (Fonds européen de développement), puisqu’il y a une enveloppe de 273 millions d’euros (1 euro = environ 655 FCfa) qui est allouée à la Côte d’Ivoire. C’est aussi l’entente sur les points d’application de ces concours. L’Union européenne, il faut le reconnaitre, a beaucoup appuyé la Côte d’Ivoire avant et à la sortie de la crise. Nous avons remercié l’Union européenne de ces appuis qui ont permis à la Côte d’Ivoire d’aller relativement vite.

En ce qui concerne les Accords de partenariat économique à conclure avec l’UE, il y a maintenant une approche CEDEAO et non plus une approche Ghana-Côte d’Ivoire. La décision qui avait été prise en fin d’année 2013 et confirmée à Yamoussoukro, doit être validée en octobre 2014.

Vous avez rencontré des responsables de l’Union Européenne, ainsi que des personnalités belges et autres au cours de votre séjour à Bruxelles. Pouvez-vous nous dire quelle est la perception que ces personnalités ont de la Côte d’Ivoire, aujourd’hui ?

La perception de la Côte d’Ivoire en Europe est très bonne. Nos interlocuteurs sont étonnés d’ailleurs de ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire, un Etat qui sort de crise. Lorsqu’ils nous ont donné des chiffres confirmant ces réussites, ils nous ont aussitôt demandé quel est notre secret, quelle est la clé de ce succès.

Tous ont remercié le Président Alassane Ouattara pour le travail important qu’il a fait depuis la sortie de crise. Et ils sont heureux que la Côte d’Ivoire rejoue un rôle de moteur de la croissance en Afrique de l’Ouest. Vous le savez, la croissance est là ; les institutions repartent. Ils sont aussi heureux d’avoir des possibilités pour leurs entreprises privées dans ce grand marché que représente notre pays. J’ai indiqué au ministre belge des Finances que le plan 2012-2015, c’est 11 076 milliards de FCfa, avec 100% de ce montant consacré au secteur privé. Il a réagi en faisant savoir qu’il allait faire une approche au niveau des entreprises belges qui sont déjà présentes en Côte d’Ivoire, mais également au niveau de nouvelles entreprises pour les secteurs qui nous intéressent, notamment les infrastructures où les Belges ne sont pas pour le moment aussi présents comme ils auraient pu l’être à travers leurs entreprises. Ces entreprises sont généralement dans le secteur agricole, dans les services notamment avec le port de San-Pedro. Mais, elles vont s’intéresser à d’autres secteurs. Le ministre de l’Industrie et des Mines (Jean-Claude Brou présent lors de l’audience avec le ministre des Finances belge, Ndlr) a parlé de l’appui dans le secteur du diamant, notamment par la formation de spécialistes ivoiriens dans ce secteur. Comme vous le savez, la Belgique joue un rôle important dans l’industrie mondiale du diamant. Et comme avec le processus de Kimberley, nous allons être éligibles pour pouvoir exporter dans ce domaine, nous aurons besoin de cette expertise.
Pour résumer, les responsables européens et belges ont, réellement une vision très positive de la Côte d’Ivoire et demandent que nous maintenions ces efforts pour pouvoir jouer un rôle de vitrine de toute l’Afrique de l’Ouest.

Est-ce pour cette raison que le thème de la sécurité sur lequel vous devriez exposer au départ, a finalement été remplacé par les questions d’ordre économique ?

Peut-être cela a dû jouer. Ils savent que la Côte d’Ivoire a une croissance très forte. Ils voulaient certainement montrer à l’ensemble de l’assistance, qu’un pays qui sort de crise peut réaliser des performances importantes. Et beaucoup sont venus féliciter la Côte d’Ivoire, féliciter le Président Ouattara.

Vous avez certainement parlé des questions politiques, du financement des partis politiques, du statut de l’opposition, des prochaines élections. Qu’avez-vous dit à vos interlocuteurs ?
Nous avons expliqué où nous en étions, d’abord sur la paix et la sécurité, où les indices se sont nettement améliorés. Selon les normes onusiennes, l’indice de sécurité est passé de 4 à 2, c’est-à-dire au même niveau que celui de Genève ou de New-York. De ce côté-là, ils sont positivement impressionnés par ce qui se passe, notamment avec le retour de la Banque Africaine de Développement (BAD) qui confirme aussi les avancées indiquées.

Au niveau de la réconciliation nationale, le dossier avance. Il y a quelques fois des difficultés mais cela fait partie de la vie d’une nation. Nous pensons que nous devons pouvoir arriver, quoi qu’il en soit, d’ici à la fin de l’année, à régler la plupart des problèmes. Sur la question du financement des partis, un texte de loi va à l’Assemblée Nationale, de même que sur le statut de l’opposition. Au niveau de la CEI (Commission électorale indépendante), il y a eu de longues discussions ; le NDI (National Democratic Institute, Ong américaine) a organisé un séminaire à Abidjan. Sur les grands éléments, nous attendons que l’Assemblée nationale adopte les textes d’ici à la fin de l’année, de sorte à pouvoir aborder l’année électorale 2015 de façon plus sereine.

Il y a aussi un dossier important, celui du Ddr (Désarmement-démobilisation-réinsertion). Ce sont 74 000 ex-combattants et nous en avons déjà réinsérés 30 000. Et nous allons réinsérer les 44 000 restants au cours de cette année 2014, pour que nous ayons en 2015, des élections apaisées.
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