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Politique Publié le vendredi 11 avril 2014 | AFP

Trois ans après la chute de Gbagbo, la Côte d’Ivoire, en plein boom économique, cherche toujours à se réconcilier

© AFP Par Atapointe
Infrastructures économiques : le passage inférieur de l`échangeur de la Riviera II ouvert a la circulation
Lundi 31 Mars 2014. Les travaux de l’échangeur de la Riviera II, débutés le 25 novembre 2011, sont à leur phase de finition. La circulation au passage inférieur a été ouverte à la circulation.
ABIDJAN - La Côte d’Ivoire, trois ans après la chute de
l’ex-président Laurent Gbagbo, connaît une euphorie économique avec son
successeur Alassane Ouattara aux commandes, mais peine à achever sa
réconciliation politique.
Le 11 avril 2011, M. Gbagbo était arrêté à l’issue d’une offensive des
forces pro-Ouattara, appuyées par la France et l’ONU, sur sa résidence
abidjanaise. Des photos de l’ex-chef de l’Etat, assis, KO, sur un lit et de sa
femme Simone, hirsute et prostrée, faisaient le tour du monde.
Trois ans plus tard jour pour jour, la Côte d’Ivoire semble être un autre
pays. Pour l’oeil étranger, peu de stigmates demeurent de la crise
postélectorale, liée au refus de M. Gbagbo de reconnaître la victoire à la
présidentielle de son adversaire, qui a pourtant fait plus de 3.000 morts.
Economiquement, le pays connaît une croissance digne des tigres asiatiques
- + 9,8% en 2012, +8,7% en 2013 et de 8 à 10% prévus pour 2014 -, portée par
l’Etat, notamment via la construction d’infrastructures.
L’autoroute Abidjan-Yamoussoukro, une deux fois deux voies de 230 km aux
standards occidentaux relie depuis novembre la métropole économique et la
capitale politique.
Le monumental chantier du "troisième pont" enjambant la lagune abidjanaise,
qui doit permettre de désengorger la ville, accueille tout visiteur y entrant
depuis l’aéroport.
-On me mange pas route!-
Les investisseurs étrangers reprennent progressivement confiance. La Banque
africaine de développement (BAD), qui s’était réfugiée à Tunis durant les
évènements, retrouvera son siège historique en septembre.
Mais un fort niveau de corruption rafraîchit l’euphorie ambiante. La
population se plaint surtout de ne pas ressentir les fruits de la croissance.
L’expression populaire "on ne mange pas route!" tranche avec le discours
officiel qui veut "remettre les Ivoiriens au travail".
A Yopougon, vaste quartier pro-Gbagbo ayant connu les plus grosses
éruptions de violences durant la crise, le bilan du gouvernement est disséqué
avec sévérité.
"Il n’y a même pas l’eau à Yopougon, rien du tout. Dans les hôpitaux, on
vous promet la gratuité, mais c’est de la comédie. C’est une honte totale.
L’éducation, c’est du n’importe quoi", s’étrangle Guy-Roche Gnakalé, la
cinquantaine, un juriste.
"Si la Côte d’Ivoire est en chantier mais (...) qu’aucun Ivoirien ne fait
partie de ces chantiers, l’argent se trouve où?", s’interroge David Samba, de
la Coalition des indignés de Côte d’Ivoire, un mouvement pro-Gbagbo, qui
dénonce un "quadruplement" "insupportable" du coût de la vie.
A Abobo, qui a également beaucoup souffert en 2010-2011, l’augmentation du
"prix des denrées" est tout aussi critiquée. Mais dans ce quartier
pro-Ouattara, l’aura du chef de l’Etat ne saurait être écaillée.
"La situation s’est normalisée, les choses ont bien repris", estime Armand
Kouamé, 30 ans, qui "remercie le bon Dieu et le président" pour "tous les
bienfaits" touchant la Côte d’Ivoire.
-Justice indépendante?-
Au plan politique, les violences de 2010-2011 ont clos une décennie de
crise, marquée par une partition en deux du pays, entre un Sud contrôlé par
les forces loyales à Laurent Gbagbo et un Nord tenu par une rébellion
pro-Ouattara.
Quelque 12.000 anciens miliciens ont depuis lors rejoint les rangs des
forces de sécurité, selon une source sécuritaire. D’anciens chefs de guerre
pro-Ouattara, les "com’zones", pointés du doigt pour leur comportement brutale
durant la crise, les encadrent.
L’impact sur la justice, pilier de la réconciliation nationale, est énorme.
Si l’exécutif assure que celle-ci oeuvre en toute indépendance, un seul camp
est pour l’instant inquiété, celui des pro-Gbagbo, ce qui provoque l’ire des
partisans de l’ancien régime.
Le Front populaire ivoirien (FPI), dont le président Pascal Affi N’Guessan
et d’autres cadres ont été mis en liberté provisoire dans une volonté
apparente de décrispation, multiplie les déclarations agressives.
Fin mars, quelques jours après le transfèrement à La Haye de Charles Blé
Goudé, un proche le Laurent Gbagbo accusé de crimes contre l’humanité par la
Cour pénale internationale, le FPI annonce qu’il prépare de "grandes actions
de masse" "dans les meilleurs délais et dans une logique de ripostes graduées"
face aux "graves dérives totalitaires" du régime.
Il demande aussi à ses partisans de refuser de participer au recensement de
la population en cours et aux audiences de la Commission dialogue, vérité et
réconciliation (CDVR), à l’inefficacité constatée par tous. Bailleurs et
société civile craignent la répétition des violences passées.
"Nous avons connu ici les effets de positions maximalistes, qui ont
provoqué des morts par milliers. Le FPI tend à donner une dimension politique
à toute action, même pour le recensement", déplore Yacouba Doumbia, du
Mouvement ivoirien des droits de l’Homme, pour qui ce parti devrait au
contraire "saisir la main tendue du gouvernement". La réconciliation est à ce
prix, estime-t-il.
eak-jf/hba
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