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Société Publié le vendredi 25 avril 2014 | L’intelligent d’Abidjan

Enquête express / Bouaké by night : Perversion et nuisances sonores au menu

Sortir la nuit n’est pas mauvais, mais c’est ce que l’on y fait le est ce qui pourrait être répréhensible. Pour les besoins de la cause, nous en avons fait l’expérience et en faisons le témoignage dans les lignes qui suivent. Par sa position stratégique de ville cosmopolite et carrefour des peuples et des cultures, Bouaké, est tout un programme. Voici l’état des lieux des boites de nuit, des bars climatisés, des hôtels et résidences d’hôtes, des maquis, des restaurants et cafétérias, des salons de thé, des glaciers et autres échoppes alimentaires.

Tous interpellés

Ainsi, du Commerce aux corridors nord et sud, en passant par Nimbo, Kennedy, Air-France, N’Gattakro, Ahougnansou, Koko, Belleville, Sokoura, Zone, Broukro et Dar-es-Salam, chaque quartier de la ville a comme mis un point d’honneur à attirer et fidéliser les concitoyens atteints par le virus des virées nocturnes. A coup de réclames publicitaires audiovisuelles et autres supports de promotion à même d’étouffer la concurrence. Le bouche à oreille faisant le reste.
Il est 22 heures, ce samedi 19 Avril 2014 lorsque nous faisons une incursion dans ce milieu de la nuit. Une incursion qui nous a valu un coût financier difficilement supportable. Notamment les déplacements et tickets d’entrée (généralement premier verre de sucrerie compris). Un investissement physique et financier auquel certains noctambules sont habitué. Même par ces temps où l’argent se fait plutôt rare. « A chacun son vice », a justifié un noctambule qui a affirmé toujours commencer ses virées par une bonne soupe au cabri, accompagnée de vin rouge. En galante et ‘’changeante’’ compagnie.
Notre première escale, le quartier Commerce, quartier de toutes les affaires et véritable « QG » (quartier général) de la nuit. Il ne failli pas à sa réputation. De l’affluence, de la sape, de l’animation, de la gastronomie (poulets et poissons braisés), de la liqueur à profusion, tout y est, et l’argent circule. Mais du fait de nos moyens limités, nous avons dû revoir nos programmes et nos ambitions à la baisse et limiter ainsi notre curiosité aux quartiers Kennedy, Nimbo, Ahougnansou et Dar-es Salam. Nous avons fait le choix de visiter et d’évoquer certains repères qui consacrent le ‘‘royaume’’ de la nuit dans la capitale du Gbêkê. A savoir : le fromager et ses rues adjacentes, le voisinage du Capitole, de la BCEAO, du cinéma Centre ivoire, de l’ex immeuble CIE, de l’ex Wallé, de la gare RAN jusqu’aux deux stades, du Château d’eau, de Beaufort, du collège Victor Hugo, pour ne citer que ces sites. Sans compter les rues entièrement dédiées aux noctambules résidents ou de passage et envahies par les belles de nuit qui, visiblement, n’échangeraient la pratique du plus vieux métier contre rien d’autre. Bouaké by night, c’est aussi ce décor coloré à travers toutes ces enseignes lumineuses annonciatrices d’une ambiance festive permanente.

Pagaille organisée

Même les établissements de plaisirs et de loisirs, situés quelquefois non loin des lycées et collèges et ouverts aux élèves et étudiants sont devenus des temples de la perversion et de la pollution sociale. Tous les ingrédients sont réunis.
Imaginez par exemple le nombre sans cesse croissant d’élèves et étudiants (garçons et filles) aux airs innocents, répertoriés dans les carnets roses de certains hôtels et résidences de la place (avec photo, préférences et numéro de portable) prêts à se livrer à la demande d’une clientèle aux pratiques sexuelles pas toujours recommandables. Ce qui, bien entendu, n’exclut pas la prostitution classique que nous connaissons. Le tarif, selon notre guide qui a requis l’anonymat, varie de 5.OOO FCFA à 25.OOO FCFA pour les hôtels haut de gamme et de 5OO FCFA à 5.OOO FCFA pour les hôtels secondaires selon le type d’accord, c'est-à-dire passe ou nuitée. La consommation à domicile se négocie.
Il ya également la cohorte des travestis, homosexuels et pédérastes, celle des serveuses, serveurs et entraineuses dans des tenues frisant la nudité et dont la disponibilité sexuelle contre espèces sonnantes et trébuchantes est quasi assurée. Le plus souvent sous l’emprise de l’alcool, du tabac, des amphétamines et de la drogue. Sous le regard bienveillant et vigilant de leurs proxénètes de patrons qui ne reculent devant rien pour maintenir et faire prospérer leurs affaires. Rivalisant d’imagination et d’innovations sur fond de coups tordus. Par loubards et gros bras interposés, ils se livrent une guerre de préséance qui va jusqu’à la destruction de biens et autres dénonciations calomnieuses. Un univers impitoyable !!!
Mais le monde de la nuit ne s’arrête pas à la prostitution et autres déviations sexuelles et morales, il s’étend également à l’incontournable panoplie des nuisances sonores. Avec comme fer de lance, les inévitables discs-jokers et leurs décibels qui vous perforent le tympan avec de la musique d’ambiance qu’ils imposent au-delà de leur cadre de travail et qui finit par perturber le sommeil le plus profond. «C’est notre gagne-pain», nous assène l’un d’eux à qui nous traduisions l’exaspération du citoyen lambda. Tant pis pour les clients en quête de musique douce et surtout, tant pis pour les infortunés riverains dont les plaintes et pétitions n’ont jamais abouti. Et n’aboutiront peut-être jamais.
A la suite des discs-jokers, viennent les chauffeurs de taxis et les motos taxis à l’affût de clients plus ou moins éméchés. Dans un tintamarre incessant de klaxons et de vrombissements de moteurs, malgré l’heure tardive. On les soupçonne d’être souvent complices ou même acteurs de certains braquages et attaques à main armée. Et puis, il y a ces nombreux vendeurs sédentaires ou ambulants qui opèrent dans les alentours des espaces de divertissement, proposant des consommables usuels (chewingum, bonbons, papiers mouchoirs, cigarettes, etc.). Pour boucler la boucle, nous parlerons enfin de ces vigiles dont les sites à surveiller se transforment bien des fois en « chambre » de passe. Sous un arbre ou dans un couloir, peu importe, des couples occasionnels se libèrent, vite fait, bien fait. Naturellement, le geste n’est pas gratuit. Chacun y trouve son compte. De même, nous ne pourrions passer sous silence les patrouilles épisodiques du contingent Bengladechi de l’ONUCI qui avaient certainement d’autres chats à fouetter que de surveiller maquis et boites de nuit.
En tout état de cause, notre virée nocturne qui s’est achevée vers 5 h, le matin, pourrait se résumer bien plus en une observation prospective qu’à une enquête classique qui aurait permis aux uns et aux autres de se « défouler verbalement ». Volontairement, nous avons donc fait le choix du récit. Pour ne pas exposer nos guides, interlocuteurs et informateurs. Car dans cette métropole, véritable condensé des vices et perversités du peuple de la nuit, beaucoup d’intérêts sont en jeu. Sait-on jamais. Même si un diplomate américain en visite de travail du 27 au 28 mars dernier, assurait pour sa part qu’à «Bouaké il fait bon vivre, la ville a renoué avec la sécurité et les gens vaquent à leurs activités». Nous le lui concédons. Lui, il n’était que de passage. Et dans la journée, qui plus est.

ABOUBACAR AL SYDDICK, correspondant à Bouaké
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