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Editorial Publié le samedi 17 mai 2014 | L’intelligent d’Abidjan

Les Samedis de Biton: La fièvre de Dieu

Uneritable fièvre de Dieu s’est emparée des Ivoiriens. Autrefois, Dieu était une affaire des femmes. Aller dans un lieu de culte ressemblait, pour elles, comme aller au marché. Un lieu à ne pas manquer. Aujourd’hui, les hommes ont rejoint tous les espaces consacrés à l’écoute de la parole de Dieu. Il est incontestable que cette résurgence de Dieu a démarré fortement au début de ce drôle de guerre. Quand les bombes ont commencé à tomber sur les maisons et les hommes. Quand les bruits de kalachnikov retentissaient à tous les coins de rues. Dieu devint le sauveur, le dernier refuge, le bouclier. Nous qui avions l’habitude, depuis l’enfance, d’honorer le jour du Seigneur, constatèrent que les fidèles avaient triplé ou quadruplé. Un de nos curés ironisa sur ce nouvel engouement en disant que la peur de la mort a entrainé les fidèles vers Dieu. Quand les coups de bombe déchiraient l’espace nombreux sont ceux qui couraient pour se refugier dans les lieux de culte. Dieu devenait le dernier rempart, le protecteur le plus sûr, le bouclier, le sauveur. Depuis cet engouement ne s’est pas démenti. Ni réduit. Au contraire. En passant, dans ma marche, les soirs, de nombreuses maisons font entendre des louanges à Dieu, des prières sont adressées au Créateur. Dans les bureaux, très peu ne montrent pas sur les tables des effigies de saints, des objets de piété, sans parler des livres saints dont des extraits sont lus à longueur de journée. Des salles de réunion, entre midi et quatorze heures, se transforment en des séances de prière comme pour extirper des esprits et des corps, les mauvaises pensées. Dans toutes les bouches, dans les rues, on n’entend plus que le nom de Dieu et des bénédictions. Même de nombreuses voitures contiennent des chapelets et autres objets de piété. Les stades de football, entre deux matches, deviennent des lieux de prédication enseignant l’amour de Dieu et du prochain. Des mauvaises langues disent même que des représentants de Dieu se comportent en banquier qui encaissent seulement. Leur enseignement du Dieu de l’abondance leur donne la prospérité. Une jeunesse, en attente d’un travail hypothétique, se découvre des dons pour enseigner la parole de Dieu. Jamais la société ivoirienne n’a été aussi contaminée par la parole de Dieu. Ce Dieu d’amour et de bonté. Toutes les religions enseignent à leurs fidèles que Dieu est amour et qu’on doit aimer Dieu au même titre que son prochain. Avec cette fièvre pour Dieu, et toutes ces foires consacrées à Dieu, on ne devrait pas parler de réconciliation en Côte d’Ivoire. Si réellement cette fièvre pour Dieu est authentique. On sait que la cause de nos haines, de nos divisions sont étroitement liées aux ethnies, aux régions. Mais Dieu est au début et à la fin des ethnies, des régions. A entendre et à lire les uns et les autres on se pose la question de savoir si cette fièvre de Dieu ne poursuit pas un autre but ou, comme je le dis souvent, est un échec des hommes de Dieu. Leur enseignement est-il bien compris ou c’est eux qui l’enseignent mal ? C’est incroyable de voir développées dans une population croyante et pratiquante autant de divisions, de paroles blessantes et de haine. Comment peut-on parler chaque jour de réconciliation dans un pays où les gens remplissent autant les lieux de culte ? Assurément le mal est quelque part. Il faut le trouver par des enquêtes scientifiques. Dieu a toujours bien parlé et pourtant nos comportements montrent que nous sommes des sourds et que notre surdité s’aggrave. Je peux comprendre encore les hommes politiques ! Leur profession consiste à voir rouge là où c’est blanc. Depuis des siècles ‘’on se pose’’ toujours la question de savoir si un bon croyant peut être un politicien sage ? Les avis restent partagés. Mais que les simples citoyens se restent divisés en écoutant la parole de Dieu il y a problème. Sérieux et grave. Des hommes et des femmes voués à l’adoration de Dieu, des amis se déchirent, se trahissent. Si Dieu ne peut réconcilier, que faut-il alors faire ? Pourquoi l’intolérance continue-t-elle de triompher, malgré cet engouement et cette ferveur religieuse jamais vus dans le pays. ? Je pense et je crois qu’il serait bon que les hommes de Dieu prennent une responsabilité historique et spirituelle. Faire la grève des fidèles. Fermer les lieux de culte, des semaines ou des mois pour mettre les fidèles devant leur responsabilité. Pour se faire entendre par les hommes politiques, les syndicats se voient contraints de mener des grèves. Les responsables religieux, pour faire comprendre l’importance de Dieu doivent agir ainsi. Si les uns et les autres ne sauront où aller prier Dieu, les vendredis et dimanches ils finiront par libérer leur cœur et apprendront, dans la grève, l’amour véritable pour Dieu. Et aussi pour le prochain. Ainsi on ne reparlera plus de réconciliation dans ce pays. Toutefois ceux qui respirent les mauvais sentiments peuvent faire la grève de Dieu et ils seront plus conformes à leur esprit. Avoir la fièvre de Dieu et cultiver les mauvais sentiments, au quotidien, s’est tromper Dieu. C’est la ruine de l’âme. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton
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