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Région Publié le vendredi 30 mai 2014 | Nord-Sud

Gagnoa/ Usurpation de titre : Sur les traces du faux commandant militaire

Il répond au nom de Sié K. Un véritable arnaqueur qui a réussi à tromper la vigilance de la hiérarchie militaire pour exercer les fonctions de commandant. Parcourant les villes de l’intérieur du pays, l’usurpateur bénéficiait des honneurs liés à son grade. Par moments, il se faisait passer pour un médecin militaire et organisait selon des témoignages des visites médicales. A l’effet d’intégrer des jeunes gens au sein de la grande muette. C’est que l’homme, semble-t-il, a des pré-requis en santé pour avoir été aide-soignant auparavant. L’une de ses victimes que nous avons rencontrée accuse Sié d’avoir extorqué une forte somme d’argent à de nombreuses personnes, candidates à l’entrée dans l’armée nationale, dans une ville de l’Ouest de la Côte d’Ivoire. « Nous avons fait le plein d’un car d’une soixantaine de places pour nous rendre à Abidjan dans le cadre d’une visite médicale. Arrivé à la ‘‘Gesco’’ le boss (Sié) a enlevé sa tenue militaire pour se mettre en tenue civile. Cela m’a paru bizarre. A Abidjan nous sommes passés d’un Chu à l’autre sans pouvoir faire la visite pour laquelle nous avons effectué le déplacement. Finalement nous sommes rentrés bredouilles alors que chacun de nous a déboursé 400 mille francs pour être retenu sur la liste des soldats de l’armée nationale », regrette l’une des victimes sous le sceau de l’anonymat. Après avoir donné espoir aux jeunes gens, Sié les a livrés à eux-mêmes avant de s’évanouir dans la nature. Il atterrit à Gagnoa où une fois de plus, il s’illustre négativement. Adepte de l’alcool, le faux militaire mangeait et buvait dans les maquis sans toutefois payer l’addition. Au moyen de son arme, il menacerait toute personne qui ose lui demander des comptes. Dans tous les services  de sécurité de la ville, le sieur Kambiré était connu. Car avec son zèle sans pareil, il n’hésitait pas à humilier publiquement ‘’ses’’ frères d’armes. Au nom des galons qu’il porte sur ses épaules. Sur le terrain, les actions posées par Sié sont généralement en porte-à-faux avec la déontologie des armées. Pis, il ne maîtrise pas avec exactitude la manière de rendre les civilités chez les militaires. Le ‘’garde-à-vous’ est le dernier de ses soucis lorsqu’il est en face d’une autorité. Ce petit détail a attiré l’attention du procureur de Gagnoa. Selon Coulibaly Boubakar, le commandant Sié n’a rien de militaire. Encore moins d’un médecin. Les investigations menées par le patron du parquet à cet effet s’avèrent concluantes. Le procureur donne ainsi instruction à la police de faire arrêter le suspect. Plutôt que de répondre à la convocation de l’autorité de justice, Sié fait le choix de sauter la clôture de sa maison pour s’évanouir dans la nature. Depuis le mois de février, il était activement recherché par toutes les forces de sécurité. A la fin du mois de mai, l’oiseau rare tombe dans les filets des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), au niveau du corridor d’Oumé. Conduit dans les locaux du commissariat du 2ème arrondissement de Gagnoa, le célèbre prévenu sera transféré plus tard à la maison d’arrêt et de correction. En attendant de passer devant le juge. La nouvelle de l’arrestation de Sié a suscité plusieurs commentaires dans la ville. L’on se demande comment il a pu non seulement s’attribuer le titre de commandant militaire, mais surtout celui de médecin. Selon les informations collectées sur le terrain, à son jeune âge, Sié était un passionné des métiers des armes. Il aurait flirté avec le scoutisme avant de se frotter plus tard au métier de soldat en qualité d’aide-soignant dans un hôpital militaire. Quand survint la crise, il prêtait ses services aux blessés de guerre, nous a-t-on informé. Pour lui, c’était l’occasion ou jamais de se faire une place au sein de l’armée ivoirienne. Sié choisit donc de troquer son statut d’aide-soignant contre celui de médecin militaire. En fonction des circonstances, il est soit capitaine soit commandant. Son règne prendra fin sous le fromager grâce à la perspicacité du procureur qui a pu découvrir le pot-aux-roses.

                      Alain Kpapo à Gagnoa
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