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Art et Culture Publié le samedi 31 mai 2014 | Nord-Sud

Manque de salles, financement… Qui peut sauver le théâtre ivoirien ?

La première édition des Rencontres théâtrales d’Abidjan (Rethab) a ouvert ses portes, jeudi. Aujourd’hui, il sera question de remettre au-devant de la scène cet art qui peine à convaincre à nouveau. Cela passera par un changement radical, selon les professionnels.


Rideau sur le théâtre ivoirien depuis deux décennies. Finies les soirées théâtrales de la télévision nationale qui enregistraient un grand audimat. Finies les prestations dans les salles d’Abidjan et de l’intérieur du pays d’Adjé Daniel, de Diallo Ticouaï Vincent et autres Ignace Alomo. Face à la léthargie, le Centre national des arts et de la culture (Cnac), à l’image du Carrefour international du cinéma de Ouagadougou (Cito), a institué les Rencontres théâtrales d’Abidjan (Rethab). Jeudi, a eu lieu au Cnac-Café Théâtre la cérémonie d’ouverture de cette activité. Hier matin, une table ronde s’est déroulée au Goethe institut autour de plusieurs thèmes. A savoir : «Les pratiques culturelles des Ivoiriens : Réalités et enjeux»; «La question du public » ; «Théâtre et conquête du public : le cas des ‘’recréatrales’’» ; «La recréation dramatique au sein de la population pour une réinvention du public» ; «Théâtre et public». Outre les réflexions, des représentations théâtrales ont eu lieu au Cnac-Café théâtre (jeudi) et à l’Institut français (hier). Ce soir au Goethe institut, la compagnie Siamois représentera ‘’Ainsi soient-ils’’. Cependant, les Rethab peuvent-elles réconcilier les Ivoiriens avec le théâtre ?

La situation du théâtre
Deux mois après la fermeture du Marché des arts du spectacle africain (Masa) 2014 qui a vu la participation de trois troupes ivoiriennes (Cie Cresas, Cie Sajdi et Le Sokan Théâtre), l’arrivée des Rethab est saluée par les professionnels du secteur. «Nous allons nous rencontrer, mieux nous connaître, interroger notre statut en vue de permettre au théâtre de reprendre sa place», relève Alain Tailly. Zié Coulibaly, président du Centre ivoirien du théâtre et conseiller artistique chargé du théâtre, du conte et de l’humour au Masa, est en phase avec cette initiative. «Il s’agit d’un processus où on doit démarrer quelque part pour atteindre un objectif qui est lointain», apprécie-t-il. Selon lui, il est question de voir où pèche cet art et chercher à le remonter. Ainsi les rencontres doivent-elles permettre de mettre en place des stratégies de relance de l’art dramatique. Pourtant, Zié Coulibaly est convaincu que «l’arbre ne doit pas cacher la forêt». «Les compagnies ont du mal à survivre, il n’y a pas de subvention au niveau de la création. Les sponsors ne s’intéressent qu’à la musique. Aucun théâtre ne peut survivre sans subvention», dénonce-t-il. Contrairement à lui, Kôrô Abou admet que le théâtre n’a aucun problème. «On a un public qui a changé. Il y a une autre façon d’apprécier cet art. On n’a plus besoin de faire du théâtre classique comme on le faisait, il y a dix ou vingt ans», argumente-t-il. Il pense que ce sont les acteurs qui ont un problème d’adaptation aux nouvelles formes d’expression.

Que faire ?
Pour Zié Coulibaly, c’est un début de solution que donne le Cnac. D’abord à travers la recherche de nouveaux espaces d’expression. «Avec la fermeture du Palais de la culture, nous ne disposons plus de salles. On essaie de faire avec l’Institut français et le Goethe institut. D’où l’idée d’aller dans une cour commune à Abobo et dans un maquis populaire à Koumassi, Le Baoulé, pour jouer des pièces», explique-t-il. Il s’agit aussi, pour lui, de faire la promotion d’espaces comme le village Kiyi de Wêrê-Wêrê Liking, l’Edec de Marie-Rose Guiraud ou encore le Cnac Café-théâtre. Outre les Rethab, informe-t-il, d’autres rendez-vous dédiés à l’art des planches existent. Il s’agit du Festival international de théâtre d’Abidjan (Fitha) et les Rencontres internationales des arts et cultures (Riac) d’Adzopé. Pour l’humoriste La Flamme de L’Estanguer, il faut mener une bonne politique autour des Rethab. Comme Kôrô Abou, il se dit certain que si les pièces sont adaptées au goût du public, la foule reviendra. «La population n’aime plus aller s’asseoir pour suivre une représentation qui dure deux heures. Tout le monde est stressé, tout le monde veut rire», soutient-il. Il est convaincu que si les prestations sont faites dans le sens de l’émission ‘’Dimanche Passion’’, l’engouement sera au rendez-vous. Cette nouvelle forme de théâtre, pense-t-il, peut se faire en plein air. «Lorsque les gens prendront goût, ils nous suivront dans les salles», se convainc-il. Adama Kaboré, producteur du Cito pense que «le public est l’alpha et l’oméga». Il envisage la création de spectacles de qualité adaptés aux différentes tranches d’âge. Des pièces comiques, légères, plaisantes pour les plus jeunes ; des thèmes à polémique pour les adolescents et des grandes questions politiques consacrées aux adultes. Au-delà de cela, il préconise des passages d’humoristes pour détendre l’assistance. Théâtre de recherche ou théâtre populaire, l’essentiel est de fidéliser le public. Ce que l’art dramatique ivoirien n’arrive plus à faire.

Par Sanou A.
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