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Politique Publié le mercredi 11 juin 2014 | Nord-Sud

Visite de Soro au Cameroun : Pr Nyamsi dénonce les manigances de l’opposant Fru Ndi

© Nord-Sud Par DR
Visite du président de l`Assemblee nationale Guillaume Soro au Cameroun
Mercredi 11 juin 2014. Yaoundé.
Dans cette tribune, le professeur Franklin Nyamsi, universitaire franco-camerounais s’insurge contre les agitations du Social democratic front et de son leader, John Fru Ndi, alliés du Front populaire ivoirien, contre la visite du chef du Parlement ivoirien, Guillaume Soro, au Cameroun.


Quand un parti politique incapable de faire face à ses tâches historiques propres s’érige en donneur de leçons de politique internationale, on a l’exact sentiment de voir l’hôpital qui se fout de la charité. L’occasion de la visite historique du président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire au Parlement camerounais du 10 au 14 juin 2014 aurait été parfaite si les vieux démons de la politicaillerie camerounaise ne s’étaient point réveillés de triste façon à cette occasion, comme pour confirmer l’extraordinaire capacité de l’indigence et de la bêtise politiques à resurgir comme des obsessions chez ceux qui en ont contracté les sinistres habitudes. N’est-ce pas le cas du Social democratic front de John Fru Ndi, soi-disant premier parti de l’opposition Camerounaise, dont le communiqué de presse publié ce jour contre l’accueil du président Guillaume Soro en visite officielle au Parlement camerounais, témoigne de l’inaptitude vénielle et définitive à gouverner un jour dignement le Cameroun ? Je voudrais dans la présente tribune, procéder à une lecture analytique des arguments déployés par le Sdf dans sa sortie relayée par l’Agence Africaine de Presse (Apa)[1]. Dans un second moment, j’articulerai la vision républicaine du Cameroun qui s’impose à tout politique africain initié aux arcanes de la politique internationale contemporaine.
Les arguments que le Sdf mobilise dans sa missive pondue à Buéa ce 9 juin 2014 méritent d’être patiemment examinés. Le Sdf « dénonce vertement l’arrivée au Cameroun de Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire ». A bien comprendre donc ce premier argument, la seconde personnalité de l’Etat de Côte d’Ivoire, qui entretient des relations diplomatiques jamais interrompues avec l’Etat du Cameroun depuis les indépendances, n’a pas droit de visite au Cameroun, alors même qu’en 2013, M. Cavaye Yéguié Djibril, chef du Parlement camerounais, a été reçu en bonne et due forme par le Parlement ivoirien à l’invitation de son homologue Guillaume Soro. Où était le Sdf quand le chef du Parlement camerounais se rendait en Côte d’Ivoire ? Pourquoi le Sdf n’a-t-il-pas démissionné du Parlement camerounais quand le président Cavaye Yéguié a concédé la dette de réciprocité diplomatique qu’impliquait son acceptation d’être reçu par le Parlement ivoirien ? Mieux encore, en quoi le Parlement Camerounais, est-il plus légitime que le Parlement ivoirien, au regard des normes de transparence appliquées ou non par l’un et l’autre système électoral ? John Fru Ndi révèle très clairement par cette sortie incongrue qu’il ne saurait être un homme d’Etat.
Réuni à Buéa, dans le Sud-Ouest du Cameroun, le parti de John Fru Ndi ose en outre présenter le président Guillaume Soro comme « un chef de guerre qui a plongé la Côte d’Ivoire dans la guerre civile, causant la mort des milliers de personnes ». Faut-il comprendre par là que c’est Guillaume Soro qui a inventé la doctrine sinistre de l’ivoirité, qui dès les années 90, a livré la Côte d’Ivoire à l’arbitraire ? Faut-il comprendre par-là que c’est Guillaume Soro qui a organisé l’exclusion des Ivoiriens du Nord et des Etrangers de Côte d’Ivoire par la politique ivoiritaire reprise et renforcée par les crimes du régime Gbagbo entre 2000 et 2011 ? La vérité historique que John Fru Ndi, davantage intéressé aux subsides de Gbagbo qu’à la souffrance des Ivoiriens, ignore, est tout simplement la suivante : le Fpi est l’auteur authentique de la descente de la Côte d’Ivoire aux enfers de la guerre. C’est en légitime défense contre un pouvoir qui les exilait, pourchassait, assassinait, méprisait impunément, que Guillaume Soro et ses camarades des Mpci/Fn ont risqué leur vie pour recouvrer pleinement leurs droits de citoyens et de personnes humaines.
Lorsque le parti de John Fru Ndi demande à Guillaume Soro de libérer au préalable Laurent Gbagbo pour que cesse la justice dite des vainqueurs, on a juste envie de se demander si le leader de Bamenda sait encore de quoi il parle. N’est-ce pas Gbagbo qui a officiellement engagé le processus d’adhésion de la République de Côte d’Ivoire à la Cpi ? Voilà qui est pris alors qu’il voulait prendre. La Cpi, pensée par Gbagbo comme piège tendu à l’opposition ivoirienne, s’est refermée sur lui-même, précisément parce que sa vision de l’avenir de la Côte d’Ivoire n’avait que la profondeur d’un pénitencier. Ce n’est pas à Guillaume Soro de libérer Gbagbo, bien qu’il ait par ailleurs contribué à sauver la vie à un Gbagbo qui jamais ne lui aurait offert le même cadeau dans des circonstances analogues. En attendant que le Sdf nous montre un pays où ce sont les vaincus qui font justice, il faut et il suffit de constater qu’au triple plan économique, diplomatique et politique, il fait infiniment mieux vivre dans la Côte d’Ivoire sous ADO que dans celle de Gbagbo : près de 10% de croissance économique, des chantiers à n’en plus finir, 300.000 emplois offerts aux chômeurs, un rayonnement diplomatique retrouvé et une réconciliation en marche, voilà autant de signes qui déçoivent les oiseaux de mauvais augure qui se sont rabibochés à Buéa dans une réunion pour ne rien dire.
Enfin, lorsque le Sdf appelle ses menus députés (18 sur 180, soit 10% de la représentation nationale camerounaise) à s’associer aux « députés patriotes des autres formations politiques », pour que ne « triomphe pas l’imposture et l’impunité », on peut se demander de quelle hauteur ce septuagénaire de Ntarikon se place pour se croire en capacité de punir le chef du Parlement ivoirien. Bien qu’il ait pratiquement l’âge du grand-père de Guillaume Soro, John Fru Ndi appartient au passé et au passif de la politique camerounaise alors que le député de Ferkéssédougou appartient à l’avenir de son pays. Toute comparaison entre ces deux hommes politiques s’avèrera vite concluante au détriment du petit chef de Bamenda. Avec 134 députés du Rdr sur 255 et en prime la direction de la 2ème institution de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro ne saurait même un tant soit peu s’attarder sur les rodomontades d’un John Fru Ndi décidément abonné aux sorties ratées et aux anachronismes argumentaires. Comment un Fru Ndi, par ailleurs empêtré dans la confiscation de la direction de son parti depuis les années 90 et plusieurs fois soupçonné de s’abreuver régulièrement et copieusement à la soupe du pouvoir peut-il donner des leçons de probité morale à Guillaume Soro ? Le grand âge, décidément, ne garantit plus la sagesse en Afrique.
Car, on devine que c’est le Front populaire ivoirien, grand pourvoyeur de jetons au Sdf de John Fru Ndi, qui est le commanditaire réel du communiqué mièvre de Buéa ce 9 juin 2014. Muet depuis près de 3 semaines, alors que l’arrivée de Guillaume Soro au Cameroun était annoncée dans tous les médias, Fru Ndi ne retrouve sa langue contre les représentants légaux et légitimes de l’Etat de Côte d’Ivoire, que pour payer ses redevances politico-financières au Fpi de Laurent Gbagbo. C’est de bonne guerre, pourrait-on dire, si en plus, le Sdf de Fru Ndi ne s’était pas discrédité en soutenant le parti de l’ivoirité, de la xénophobie et de la haute criminalité politique ivoiriennes, alors même que le même Sdf n’a de cesse que se présenter comme victime d’injustice, de ségrégation, de spoliation politicienne au Cameroun. Quelle guigne ! Si le Sdf savait que le Cameroun a eu besoin du leadership de Guillaume Soro pour faire élire le Camerounais Martin Chungong au secrétariat général de l’Union interparlementaire ! Si le Sdf savait que le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, loin de forcer la main au Cameroun, a été l’objet de nombreuses propositions de visites de son homologue camerounais ! Si le Sdf savait que quel que soit celui qui gouverne la Côte d’Ivoire, s’acoquiner avec le Fpi, parti mis à l’écart de l’Internationale Socialiste pour ses crimes contre l’humanité en Côte d’Ivoire, c’est se condamner à l’insignifiance dans les mêmes instances ! Mais enfin, le Sdf, aux antipodes des normes élémentaires de l’hospitalité africaine et de la diplomatie parlementaire, s’est éloigné autant des sphères du savoir que du pouvoir. Le Sdf n’est devenu, depuis de nombreuses années, que le faire-valoir du petit libraire de Bamenda, qui s’enfonce aujourd’hui dans les complots de copains et de coquins, en guise de rare occupation politique. Comment ne pas en tirer la conviction que si le Cameroun est entièrement à repenser, c’est aussi et surtout parce que le parti qui se targue d’être le chef de l’opposition politique camerounaise a depuis longtemps fait long feu ?
Heureusement, d’autres voix camerounaises dignes se sont très tôt élevées pour saluer la visite historique du chef du Parlement ivoirien. Le Collectif diasporique camerounais, l’Association ivoirienne des Camerounais pour la République, La Ligue belgo-africaine ASBL-CEBAPH ont parlé juste, et bien d’autres cénacles respectables salueront à sa juste hauteur l’homme de valeur qui vient au pied du Fako dans les prochaines heures. Heureusement. Le Cameroun sain et raisonnable ne peut que souhaiter la plus fraternelle et chaleureuse bienvenue, sans hypocrisie ni veulerie, au second personnage politique de la Côte d’Ivoire, terre amie, terre hospitalière de tous les Africains.
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