x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le lundi 23 juin 2014 | Le Nouveau Réveil

Reprise du travail à l’Université de Cocody / Dr. Johnson Kouassi Zamani, Sg Cnec-Ufhp : « Les arriérés des heures complémentaires payés depuis vendredi »

© Le Nouveau Réveil Par DR
Dr. Johnson Kouassi Zamani, secrétaire général de la section université Félix Houphouët-Boigny de Cocody, de la Cnec
Dr. Johnson Kouassi Zamani est le secrétaire général de la section université Félix Houphouët-Boigny de Cocody, de la Cnec. Dans cette interview, il parle de la raison de la grève qu’il a lancée et de sa suspension après une rencontre avec le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

Vous avez déclenché une grève de 10 jours à l’université Félix Houphouët-Boigny de Cocody. Qu’est-ce qui a motivé cette grève ?
La raison principale est que nos heures complémentaires 2012-2013 que nous avons réclamées depuis longtemps n’étaient pas payées. C’est donc pourquoi, nous sommes entrés en grève. C’était un problème général. Toutes les universités n’avaient pas leurs heures complémentaires payées. Mais comme nous sommes la plus grande université, il fallait prendre le devant, surtout pour résoudre nos problèmes particuliers avant que les autres prennent le relais. Ce qui fut fait. Bouaké, Daloa, Abobo Adjamé nous ont suivis.

Au cours d’une assemblée générale, ce mouvement de grève a été suspendu. Qu’est-ce qui a conduit à cette suspension ?
Il faut dire qu’on avait d’abord déposé un préavis de grève, le 15 mai dernier auprès de la présidente de l’université. Ce préavis disait que nous entrions en grève les 20, 21 et 22 mai dernier. Le 20 mai, l’Etat nous a appelés pour dire qu’il décaissait 1 milliard 30 millions pour nous soulager. Nous avons fait confiance sur la base théorique de cette proposition. Mais au finish, nous nous sommes rendus compte qu’au lieu de 1 milliard 30 millions, c’était seulement 485 millions qui étaient payés. Nous nous sommes sentis trompés et donc, nous avons trouvé opportun d’entrer en grève pour montrer à qui de droit que nous ne sommes pas de nature à accepter de telles manipulations. C’est ainsi que nous avons eu notre Ag le 10 juin pour faire une autre grève qui a duré près de 10 jours.

L’Etat vous devait combien au total ?
Selon les services financiers de l’université Félix Houphouët-Boigny, on doit pour le compte des heures complémentaires 3 milliards 250 millions à l’université Fhb de Cocody. Pour les autres universités, ça tourne autour de 4 milliards 500 millions.

Qu’est-ce qui a été fait pour que vous suspendiez votre mot d’ordre de grève ?
Pour suspendre notre dernière grève, il a fallu que le ministre nous appelle. Au cours de la première rencontre, on ne s’est pas compris. On s’était séparé sans que le ministre nous dise au revoir. Il nous a dit, « Reprenez les cours demain ». Nous lui avons dit non. Le groupe que vous voyez, vous nous connaissez il y a longtemps. On a discuté quand vous étiez ministre de la Fonction publique. Nous, nous ne répondons pas à des questions de la sorte. On va dire à la base, voici ce qui a été obtenu et la base dit, on reprend les cours ou on continue la grève. Monsieur le ministre s’est énervé. 24h après, il nous appelle et là, il était beaucoup plus ouvert, plus élégant. Peut-être qu’il a reconnu que notre force le dépassait. Il revenu à de meilleurs sentiments et nous avons vraiment discuté en hommes responsables. Nous avons obtenu, à l’issue de ces discussions, certaines propositions de la part du gouvernement.

Quelles sont ces propositions ?
Ces propositions sont les suivantes : premièrement, le vendredi 20 juin, il devait avoir un décaissement de 1 milliard pour toutes les universités. Deuxième, le lundi, il devra décaisser 1 milliard encore et l’Etat restera devoir 1 miliard 800 millions aux universités. Alors ce milliard 8 restant, nous allons essayer d’en parler la semaine qui suit, c’est-à-dire, à partir de lundi jusqu’au samedi prochain. Nous avons exigé que cela soit écrit. Ce qui a été fait et montré à l’Ag. Voilà pourquoi, nous avons suspendu la grève. Mais la suspension n’a pas été facile parce que le débat était houleux, puisque les enseignants n’ont pas confiance au gouvernement. C’est sur la base de confiance qu’on va arrêter verbalement une grève et cette fois, les enseignants ont demandé un papier écrit qui retrace le contenu de la discussion que nous avons eue la veille. C’est ce qui nous a permis de suspendre la grève à partir du 20 juin jusqu’au 10 juillet parce que le 2e milliard sera versé le 7 juillet. Pour ne pas être trompés une deuxième fois, les amis voudraient voir clair dans ce que dit l’Etat.

Est-ce que vous avez eu un début d’application des mesures prises par le gouvernement ?
Oui. Madame la présidente a confirmé que dans le milliard qui avait été affecté aux enseignants, il revient à Cocody 48%. Ce qui a été décaissé le même vendredi 20 juin, c’est-à-dire, le lendemain de la discussion. Comme l’Etat a fait sa part, nous aussi en responsables, nous allons faire un pas pour montrer combien de fois nous ne sommes pas responsables de ce qui nous arrive comme les grèves, les arrêts intempestifs de cours, puisque nous sommes citoyens de ce pays. Donc, quand l’Etat fait un pas, nous aussi, nous allons faire un autre pas. Les autres pas peuvent être importants de la part du gouvernement pour que nous nous comprenions davantage.

Avant d’annoncer une telle grève, est-ce que vous prenez le temps d’épuiser toutes les voies que vous prescrivent les textes de loi ?
Avant qu’on arrive à une grève, nous sommes toujours en contact avec les autorités de l’université, notamment, madame la présidente. Toutes les heures, nous discutons et c’est à l’issue des discussions que nous sommes arrivés au ministère de l’Enseignement supérieur. Lequel ministère n’a pas changé grand-chose. C’est suite à cela que nous sommes entrés en grève.

Avez-vous de bons rapports avec les autorités ministérielles, aujourd’hui ?
J’avoue que nous connaissons monsieur Gnamien Konan en tant que ministre de la Fonction publique. Mais en tant que nouveau ministre de l’Enseignement supérieur, nous ne le connaissons pas. On a discuté une seule fois jusque-là et la deuxième fois a été celle qui a amené la suspension du mot d’ordre de grève. Mais j’avoue que ses sorties dans la presse vis-à-vis des enseignants, nous allons y répondre un jour. Nos rapports, s’ils devenaient difficiles, c’est lui qui les aura rendus difficiles. Sinon, nous n’avons pas d’ami, nous n’avons pas d’ennemi. Nous partons neutres parce que l’université est une place laïque. Hier, certains nous ont traités de rebelle, parce que notre mouvement est né le 14 mars 2006 en pleine rébellion. Mais plus tard, on a compris que nous ne sommes ni rebelles ni partisans politiques Moi, qui vous parle, je suis du Pdci. Donc si Ouattara est au pouvoir, logiquement, étant partisan du Rhdp, je devais le soutenir. Mais, ce n’est pas comme ça que nous fonctionnons. Dans notre groupe, ceux qui gèrent la Cnec, vous allez trouver au moins quatre partis significatifs au sein du groupe. Nous sommes dans un espace laïc, donc nous revendiquons. C’est tout. Pour en revenir au ministre, nous aurions voulu qu’il fasse des réformes plutôt que de faire des déclarations ici et là.

Quels sont les problèmes que vous vivez à l’université ?
A l’université, alors que nous sommes, aujourd’hui, à l’ère de la technologie, il n’y a même pas d’internet. Beaucoup d’enseignants n’ont pas de bureau, malgré la réhabilitation qui nous plaît d’ailleurs. Nous profitons de l’occasion pour remercier le gouvernement parce que les conditions de travail se sont nettement améliorées. Dans le temps, nous avions demandé au ministre Bacongo d’ériger l’Ens en université. Pour dire que désormais, nous aurions voulu que l’Ens soit une partie de l’université. Même quand l’Ens recrute, les recrutés ne dépassent pas 2500, voire 3000. Alors, on peut leur donner l’entrée de Bingerville où il y a la succursale de l’université où ils peuvent rejoindre les grandes écoles. Si on fait ça, l’Etat n’aura plus de problème à l’université. Malgré la réhabilitation, nous sommes obligés de terminer l’année de façon disparate. Alors que l’université est soumise au moule international. Les universités de Côte d’Ivoire ne figurent même pas dans le classement des 100 meilleures universités d’Afrique. Ce qui n’est pas normal. Du point de vue rémunération, nous sommes à une époque où les enseignants des universités des pays de la sous-région ont un salaire plus élevé que ceux de l’université de la Côte d’Ivoire. Pourquoi serions-nous à la queue pour un pays qui se dit le poumon économique de la sous région ? Il y a aussi le fait que pour que, les enseignants touchent leurs primes, ils sont obligés d’arrêter les cours. Ne nous diabolisez pas. Là, je m’adresse aux politiques, parce que vous faites de nous les ennemis de la nation. Que l’Etat résolve nos problèmes, c’est ce que nous demandons. Les conditions sont difficiles, il n’y a même pas de restaurants sur le campus. Le seul qui existe fait ses plats assez chers. Un plat insignifiant est à 2000 f alors que celui qui a les restaurants ne paie ni l’eau ni électricité. Quand nous allons nous attaquer à lui, nous allons le fermer très bientôt, il ne faudrait pas qu’on vienne nous dire autre chose. D’ailleurs, il faut qu’on nous dise à qui appartient ce restaurant. Nous voulons que le plat coûte désormais 1000 f. En outre, il y a des coupures intempestives de courant à l’université, nous ne comprenons pas. Il y a des laboratoires de sciences qui sont encore fermés deux ans après la réhabilitation alors que le matériel est là.

Les enseignants évoquent encore un problème de prime de recherche. De quoi s’agit-il encore ?
Nous avons déjà fait des démarches dans ce sens en demandant à la présidente, de faire les papiers afin que nous puissions aller chercher là où l’argent se trouve pour que nous puissions être payés dans le temps. Logiquement, ça devrait être payé le 1er juin selon le décret signé par le président Gbagbo. La première tranche devrait être payée le premier juin et la deuxième en décembre au plus tard avant les congés de Noël. Mais jusque-là, les 40.000 ou 600.000 f au plus qu’on donne le semestre aux enseignants, il faut d’abord faire grève pour que cela soit possible. Et pourtant dans certaines filières, les gens ont ça par trimestre mieux que ce que nous avons et c’est régulièrement payé. Nous avons écrit un papier pour dire que c’est au plus tard le 30 juin que nos primes devront être payées. Si ce n’est pas fait, nous serons encore obligés d’arrêter les cours.

Les heures complémentaires, les primes et les salaires payés à la fin du même mois. Ce ne sera pas trop lourd pour les caisses de l’université et de l’Etat ?
Non, je pense qu’on est parti d’un fait. C’est que, tout ce qu’on fait est budgétisé. Ce n’est pas nous qui avons institué la prime de recherche. Cela fait partie de la vie universitaire. Et donc, il faut respecter la date. Ailleurs, certaines filières ont des primes plus colossales que l’Etat paie trimestriellement alors que pour nous, c’est payé semestriellement. D’où vient-il que ça surprend toujours ? C’est parce que l’enseignement est toujours relégué au second plan. Pour toute la Côte d’Ivoire, la prime semestrielle ne dépasse pas 1,5 milliard. Pour Cocody, c’est 900 millions. Pour un Etat qui se dit sérieux et qui prend en compte dans son développement l’enseignement et la recherche, il devrait pouvoir satisfaire les enseignants sans qu’ils entrent en grève. Nous-mêmes nous sommes fatigués des grèves. Maintenant, si c’est ce qui marche le mieux, moi je suis devant, on va toujours fermer.
Interview réalisée par François Konan
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ