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Société Publié le lundi 23 juin 2014 | Le Nouveau Consommateur Hebdo

Plateau/ Les Djosseurs de naman : anges ou démons ?

Révélés par l’artiste-chanteur Roch Bi au début des années 90, les djosseurs de naman font partie du quotidien des Abidjanais; plus principalement de ceux qui fréquentent le quartier des affaires, le Plateau.

Leur métier, guider et veiller sur tous les véhicules qui désirent stationner sur un parking ou sur le trottoir. Aujourd’hui, ils ne sont plus exclusivement confinés dans la commune du Plateau. Ils ont étendu leurs tentacules à toutes les communes. De la curiosité à l’admiration, ces jeunes sont aujourd’hui contestés.
Quelles sont les raisons de ce désamour avec les Abidjanais ? C’est pour répondre à cette question que nous avons rendu visite à ces jeunes gens, le 17 juin. Bien plus, il s’agissait de comprendre leur quotidien. Gardiens de véhicules, les djosseurs de naman sont en majorité des jeunes désœuvrés pour certains, déscolarisés pour les autres qui ont décidé de se prendre en charge. Au Plateau où exerce la majorité d’entre eux, ils se confondent au paysage. Pour les reconnaître, il faut être véhiculé. Présents à tous les carrefours, ils hèlent les automobilistes à haute voix et par de grands gestes de la main, courent après les véhicules désireux de stationner. Tout le temps en mouvement, ils constituent une attraction pour qui les découvre pour la première fois. Le coût de leur sollicitude part de 50 à 250 F CFA, voire plus. Tout dépend de la générosité du client.

A chacun son territoire
Bénon Michel fait partie de ces jeunes qui essaient de gagner leur vie à la sueur de leur front. Bien que déscolarisé, il n’éprouve aucun complexe. Avec son ami Serge et un troisième larron, ils gèrent l’un des carrefours de la rue du Commerce.
« Je suis arrivé dans ce métier sur les conseils d’un grand frère du quartier qui, lui aussi, exerçait ce métier; et c’est lui qui nous a laissé ce territoire. Il faut dire qu’ici, les parkings sont partagés. Chacun ou chaque groupe a son espace bien délimité », confie-t-il. Le jeune homme ne cache pas sa satisfaction et sa fierté de pratiquer ce métier qui, de son point de vue, nourrit son homme. « Les recettes journalières varient entre 2000 et 5000 francs CFA par individu », révèle-t-il. Toutefois, il précise que ce n’est pas gagné d’avance. Selon notre interlocuteur, lui et ses amis sont, ces derniers temps, victimes de persécution de la part des agents municipaux.
« Actuellement notre grand souci, c’est les agents de la mairie qui nous empêchent de faire correctement notre boulot », lâche-t-il.
Un peu plus loin, au niveau de la pharmacie du Commerce, nous rencontrons Seïba. Lui aussi a son équipe. Contrairement à son prédécesseur, il dit n’avoir aucun problème avec les agents de la mairie. « On s’entend bien. Ils gèrent leurs affaires et nous les nôtres », déclare-t-il. Un avis que partage Hervé N. qui occupe le territoire de son aîné. « Ce métier ne date pas d’aujourd’hui. Ça fait trois ans que je suis là. Et franchement, il faut dire que la mairie ne nous dérange pas. C’est vrai que certaines personnes ne nous apprécient pas beaucoup, mais avec la mairie ça va et puis les automobilistes sont gentils avec nous ». Si pour nos trois amis les rapports avec les clients sont toujours sympas, ce n’est pas le cas lorsque nous nous tournons vers ceux-ci.

Un mal necessaire
Les djosseurs de naman sont devenus pour beaucoup très désagréables. Manque de courtoisie, injures et parfois vol sont les actes que leur reprochent les automobilistes. Tant de griefs qui sont en passe de ternir leur image. Un désaveu qui n’est pas général. Pour Luc Yao, fonctionnaire au plateau, le phénomène des djosseurs de naman est un mal nécessaire. « Écoutez, moi, je suis contre, mais par moment il faut dire qu’ils nous aident. Il est très difficile de stationner au Plateau. Les routes sont exiguës. Il n’y a pas de trottoirs ou de parkings. Malheureusement, la mairie s’amuse à vendre ceux qui existent aux sociétés privées », indique-t-il. Si M. Yao estime qu’il faut être clément avec eux, ce n’est pas le cas de Mme Viviane G., agent de banque. Elle ne veut même pas en entendre parler. « Je ne leur fais plus confiance. Il y a des voleurs parmi eux. J’en ai été victime et depuis, je m’en méfie ».

Julien Djédjé
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