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Sport Publié le samedi 6 septembre 2014 | AFP

CAN-2015 / Qualifications - Les Sierra-Léonais se vivent en parias à cause d’Ebola

© AFP Par ISSOUF SANOGO
Les joueurs de la Sierra Leone participer à une session de formation
Jeudi 4 Septembre 2014. Palais des Sports. Abidjan
Abidjan - Leur regard se voile lorsqu’ils racontent leurs déboires mais surtout l’isolement de leur pays: les footballeurs de Sierra Leone, qui jouent samedi contre la Côte d’Ivoire en qualification pour la CAN-2015, vivent difficilement leur statut de parias pour cause d’Ebola.

Réunis dans une chambre d’hôtel, Kei Kamara et Jabbie Kahalifa se taquinent
en jouant à la PlayStation : Chelsea contre le Real Madrid. Lorsque les
Espagnols marquent, le second bondit, hilare: "But! Vous avez filmé?"

Mais quand ensuite le sujet Ebola est abordé, les sourires se fanent
instantanément. L’épidémie a fait plus de 2.000 morts en Afrique de l’Ouest,
dont des centaines dans leur pays.

Aucun des joueurs n’a perdu de proche. Mais, "dans l’hôpital où je suis né,
sept infirmières sont décédées au contact de patients infectés", raconte à
l’AFP Kei Kamara, attaquant de 30 ans, qui vient de rompre son contrat avec
Middlesbourough (2e division anglaise). "C’est très dur d’entendre ça. C’est
comme si elles étaient de ma famille."

Tous deux ne doivent qu’à leur statut d’expatriés d’être présents en Côte
d’Ivoire. Abidjan a longtemps opposé un veto à la venue de leur sélection,
finalement levé sous condition lundi.

Les autorités ivoiriennes ne veulent prendre aucun risque. Car malgré des
frontières communes avec le Liberia et la Guinée, les deux pays les plus
touchés par le virus, la Côte d’Ivoire n’est pas contaminée pour l’heure.

Aucun footballeur évoluant en Sierra Leone n’est donc le bienvenu. Le seul
représentant prévu pour la Fédération sierra-léonaise a été refoulé à
l’aéroport de Freetown jeudi, selon plusieurs témoins.

"La manière dont (les Africains) nous traitent, c’est comme si nous
n’appartenions pas à la planète africaine. Les gens ne veulent pas nous voir",
se désespère Jabbie Kahalifa, 21 ans, milieu de terrain de Balikesirsport
(1ère division turque).

"Dans les aéroports, dès que vous dites : +Je viens de Sierra Leone+, c’est
comme si nous venions d’une planète étrangère, raconte-t-il. Les gens
commencent à reculer, à nous regarder d’une manière étrange".

Né dans la capitale sierra-léonaise en 1993, Jabbie porte une casquette à
l’effigie de sa ville, qu’il a quittée il y a quatre ans. "Ebola, c’est bien
plus grand que nous. Nous n’arrivons même pas à gérer le paludisme. Mais ce
n’est pas parce que je suis Sierra-Léonais que je suis infecté!"

- ’Nous jouons contre Ebola’ -

Le 2 août, les Seychelles ont préféré déclarer forfait face à son équipe
plutôt que de jouer le match, laissant les "Leone Stars" accéder au dernier
tour qualificatif pour la Coup d’Afrique des nations, dont ils jouent le
premier match samedi à Abidjan.

"Nous sommes obligatoirement déprimés", confie Kei Kamara, courts
dreadlocks sur le crâne. "Quand nous arrivons ici, nous voulons faire de notre
mieux, pour notre nation. Mais nous avons tellement dû nous battre récemment".

L’ultime coup de massue est venu du Ghana, qui a refusé d’accueillir les
Sierra-Léonais pour leurs matches à domicile. Mi-août, la Confédération
africaine (CAF), organisatrice de la CAN, avait interdit au Liberia, à la
Guinée et à la Sierra Leone de recevoir leurs adversaires.

Mais la motivation l’emporte sur la résignation. "Nous devons être une
sorte de point focal positif sur le pays", pour y "alléger l’humeur" et
"provoquer un sursaut de confiance", explique Johnny McKinstry, le
sélectionneur, un Britannique de 29 ans.

"Nous jouons contre Ebola, pour essayer de faire l’histoire ensemble",
renchérit Kei Kamara.

Adolescent, Kei a vécu la guerre civile en Sierra Leone, qui a fait plus de
120.000 morts entre 1991 et 2002. Il y a vu "tout ce qu’un enfant ne doit pas
voir".

Pourtant, "Ebola est pire" par son côté "invisible", assure-t-il.

Après leur match face à la Côte d’Ivoire, les Sierra-Léonais devraient
jouer jeudi face à la RD Congo, un pays où une autre épidémie d’Ebola a
éclaté...

Au pays, "nos familles ont peur parce que nous allons" au Congo, commente
Jabbie. "Moi je prie pour que nous y partions et que nous rentrions en toute
sécurité". Visage fermé, il ajoute: "Je prie aussi pour ceux qui ont Ebola.
D’où qu’ils viennent."
rmj-jf/tmo
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