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Politique Publié le lundi 8 septembre 2014 | AFP

Une ex-compagne d’un haut dirigeant ivoirien jugée pour "traite d’êtres humains"

© AFP Par Atapointe
Christine Lagarde, DG du FMI en visite à l`assemblee Nationale ivoirienne
Lundi 7 janvier 2013. Assemblée nationale au Plateau. Le président Soro Guillaume et les députés de l`hémicycle ont reçu la visite de la directrice générale du FMI Christine Lagarde
Nanterre - Trois mois de prison avec sursis et 5.000 euros d’amende ont été requis lundi à Nanterre à l’encontre d’une ex-compagne de Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, qui comparaissait notamment pour "traite d’êtres humains".

Cette femme, Burkinabè de 34 ans, était jugée par la 17e chambre du tribunal correctionnel pour avoir employé deux gardes d’enfants en région parisienne avec des horaires éreintants et contre une rémunération misérable, lors de plusieurs séjours entre 2007 et 2010.

Le procureur, Sébastien De La Touanne, n’a pas suivi les demandes du conseil des deux parties civiles, qui l’avait citée à comparaître pour "traite d’êtres humains" et espérait des réquisitions en conséquence.

Il a dénoncé en revanche une "atteinte à la dignité humaine", des
"conditions de travail indignes" et "une rétribution insuffisante", et requis également une contravention de 300 euros pour "emploi d’étranger sans titre".

Aujourd’hui domiciliée à Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine, elle venait à l’époque en France pour soigner son petit garçon atteint d’hémophilie, né en 2006 de son union avec Guillaume Soro, alors Premier ministre ivoirien.

Deux jeunes femmes burkinabè resteront respectivement six mois (d’avril
2007 à août 2008) et treize mois (d’octobre 2008 à mars 2010) aux côtés de l’enfant à l’occasion de différents séjours.

Mais au lieu de ne s’occuper que du jeune malade, elles ont raconté à la
barre avoir dû faire le ménage, les courses, les repas, de l’aube à 22 ou 23 heures, parfois sous les "insultes".

Les deux femmes - l’une assistée d’un traducteur - ont expliqué n’avoir eu aucun jour de congé, vu leurs passeports mis de côté par leur employeur et n’avoir été rétribuées, en moyenne, que 45 euros par mois, auxquels s’ajoutaient parfois des primes.

Elles avaient finalement pris la fuite, en 2008 et 2010, et s’étaient
adressées au Comité contre l’esclavage moderne qui avait signalé leur cas à la justice.

"A la base, (le travail) était volontaire, mais on a une mainmise de
l’employeur sur son personnel domestique tout à fait saisissante", a commenté le conseil des deux femmes, Me David Desgranges, décrivant "un isolement socio-culturel total" en France de ses clientes, dont l’une ne lit pas le français et l’autre a un niveau d’études équivalent au CM1.

"C’est la honte, un peu", a lâché l’une des jeunes femmes en expliquant
avoir suivi leur patronne à plusieurs reprises en France par "attachement"
pour l’enfant.

La prévenue, lunettes et blazer marine, a assuré à la barre qu’elle ignorait devoir payer ses employées au Smic français, avant de les accuser de "mentir pour avoir des papiers et de l’argent".

"Elle était logée, nourrie, blanchie. Elle a voyagé en business-class,
comment peut-on dire qu’une esclave voyage en business-class?", a-t elle ironisé, en allusion à ses voyages réguliers entre le Burkina Faso et la
France en compagnie des "employées".

"C’était certes un travail lourd, mais ce n’était pas de l’esclavage", a plaidé Me Jean-Paul Benoît, avocat de la prévenue, demandant un simple rappel
à la loi et assurant que l’argent dû à l’Urssaf lui serait versé.

Les deux jeunes femmes ont réclamé respectivement 18.000 et 23.000 euros au titre de leur préjudice.

Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 6 octobre.


jmo/at/ei
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