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Société Publié le mardi 7 octobre 2014 | La Synthèse

Pagaille dans le transport terrestre en Côte d’Ivoire : l’État, le vrai coupable

L’arrêt brutal de travail, observé à Abidjan en pleine journée du dimanche 28 septembre 2014, a fini par convaincre que trois ans après l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara, le désordre reste le maître-mot dans ce secteur important pour les activités socio-économiques.
La palabre dans le secteur des transports urbains vient, de nouveau, de secouer la Côte d’Ivoire. En effet, pour protester contre le prétendu décès accidentel d’un des leurs, causé par un substitut de syndicat ou ‘’gnambro’’, les transporteurs, principalement ceux qui opèrent au niveau des minicars communément appelés ‘’Gbakas’’, ont décidé d’arrêter tous services sur l’étendue du District d’Abidjan depuis le dimanche 28 septembre 2014. Bien entendu, cette situation n’est pas sans conséquences sur l’ensemble des usagers de ce type de transport urbain auquel les économiquement faibles se sont habitués. Plusieurs usagers, même les plus âgés, que la mesure avait surpris loin de leur quartier ont dû avoir recours à leurs jambes pour regagner leurs domiciles. Si au départ la mesure était partiellement respectée, la situation s’est radicalisée avec l’entrée en scène des nombreux syndicats qui pullulent le secteur. Tous ceux qui se hasardaient à enfreindre à la loi étaient violemment pris à partie par des soi-disant syndicalistes. Qui, en plus de les tabasser, menaçaient de mettre à feu leur véhicule. Il n’en fallait pas plus pour voir des barricades se dresser à des endroits sensibles des voies importantes du District d’Abidjan. Le tout, au nez et à la barbe des forces de l’ordre. Qui semblaient ne pas être concernées par l’agression des transporteurs dont la volonté était d’offrir le service minimum aux usagers. Pourtant, il ne se passe pas de jour sans que le pouvoir rappelle que la Côte d’Ivoire est un État de droit. Plusieurs questions n’arrêtent cependant pas d’aiguiser la curiosité des populations sur la volonté du gouvernement à mettre de l’ordre dans le secteur du transport terrestre, catalogué comme désordonné et désorganisé. La pagaille dans le secteur du transport terrestre ne date pas d’aujourd’hui ; on peut même situer son existence en 1994. En ce temps-là, les politiques s’en étaient servis pour se positionner. Ainsi, le Syndicat national des marchandises et voyageurs de Côte d’Ivoire de Kassoum Coulibaly était sous la coupole du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), tandis que le Syndicat national des transporteurs terrestres de Côte d’Ivoire de Yaya Fofana défendait les couleurs du Rassemblement des Républicains(RDR). Et ceci a desservi le pays.
Mutisme inquiétant du ministre
C’est dans ce cafouillage que vont naître de nombreux autres syndicats dans les rangs des transporteurs sans être affiliés à une centrale syndicale. Ce faisant, la mise en place des nombreuses structures syndicales s’effectuait dans le sang. Et la place revenait à celui qui possédait le plus grand nombre de bras valides ou "gros bras" prêts à user d'armes blanches pour s'imposer. C’était la période de l’intrusion des loubards qui ensuite vont devenir les "gnambro" dont on parle tant aujourd’hui. Tant que cette situation pouvait renforcer le positionnement des responsables de syndicat auprès des leaders des différentes formations politiques, personne n’a senti le besoin d’y mettre de l’ordre. Pourtant, la situation allait de mal en pis avec la formation d'une sorte de mafia dans le milieu des syndicats des transporteurs. Du coup, le syndicat est en même temps le syndiqué. Avec à la clef, la mise en place d’un vaste système de racket dont lui seul est le principal bénéficiaire au détriment des transporteurs qu’il prétend défendre. Aucune déclaration des chauffeurs à la Cnps, pas de couverture maladie pour eux et patati patata. D'ailleurs à ce jour, aucun syndicat des transporteurs terrestres ne peut lever le moindre doigt pour se targuer d’avoir permis à ses adhérents d’être déclarés à la Cnps avec de meilleures conditions de travail. S’il y a un fait qui mérite que l’on s’y attarde, c’est bien entendu l’attitude du ministère des Transports qui semble avoir fait un black out sur le remue-ménage constaté dans le secteur des transports terrestres. Pourtant, l’on a encore en mémoire, le discours prometteur du Ministre Gaoussou Touré quand il prenait la tête de ce département ministériel. Il dévoilait à cet effet, sa volonté de remettre de l’ordre dans ce secteur sensible, voire de le rendre "formel", en le sortant "de l’informel". Trois ans après, le constat est le même, aussi douloureux qu’amer avec en toile de fond, des syndicats qui foisonnent ici et là en continuant d'appliquer leurs propres lois en lieu et place des lois existantes. Ce, sur des voies et routes tracées au frais des contribuables. Les usagers sont soumis à leurs desiderata parce qu'ils sont désormais les vrais patrons. Bien entendu, le silence du ministre laisse planer le doute quant aux propos de nombreux syndicalistes qui prétendent lever des cotisations pour certaines autorités. Ce commentaire achève de convaincre plus d’un dans la mesure où le communiqué signé des ministres de l’Intérieur et de la Sécurité, du Transport et de la Défense pour l’interdiction des taxis banalisés a été fourrés dans les oubliettes. Le premier transporteur de Côte d’Ivoire, le ministre Gaoussou Touré, pourra-t-il tenir ses promesses? Au risque d’abandonner un secteur aussi important qu’est le transport interurbain aux mains de groupuscules de bandits bien organisés. Incontestablement, la quiétude des Ivoiriens passe aussi par un secteur du transport organisé et serein, Les gouvernants doivent le comprendre et agir dans ce sens.

Par André Selfour
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