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Économie Publié le vendredi 14 novembre 2014 | Cote d’Ivoire Economie

Entretien avec Marcel Hilaire Lamizana, DG du PASP.

© Cote d’Ivoire Economie Par DR
Marcel Hilaire Lamizana, DG du PASP
« Répondre aux besoins des opérateurs des pays de l’hinterland est un impératif »

Après plus de trois ans passés à la tête du Port autonome de San Pedro, Marcel Hilaire Lamizana affiche son bilan et fixe les perspectives de l’entité qu’il dirige.


Monsieur le directeur général, comment vont les activités du port de San Pedro, à mi-parcours de l’exercice 2014 ?

Je voudrais vous remercier pour l’opportunité que vous m’offrez de présenter les activités du port de San Pedro. C’est pour moi un plaisir renouvelé de m’exprimer dans les colonnes de votre périodique. Au terme du premier semestre de l’an 2014, le trafic global de marchandises réalisé à San Pedro se situe aux alentours de 2.311.540 tonnes. Ce qui représente 51% des prévisions de trafic de marchandises pour l’exercice budgétaire en cours et une hausse de 3% par rapport à son niveau de 2013. Ce résultat est le fruit du dynamisme croissant des activités de la place portuaire de San Pedro et de la disponibilité de l’administration portuaire à répondre aux différents besoins des opérateurs économiques de la Côte d’Ivoire et des pays de l’hinterland qui fréquentent de plus en plus le port de San Pedro.


Quelles ont été les retombées de la Sinport pour le port de San Pedro?

La Semaine industrielle et portuaire nous a permis de favoriser la relance et le développement économique de la région de San Pedro et de son arrière-pays. Elle a consisté, de façon spécifique, à présenter les atouts et les opportunités économiques de toute la zone d’influence du port de San Pedro en vue d’attirer les investisseurs. Elle a aussi permis aux bailleurs et investisseurs de présenter leurs offres de services et leurs capacités à apporter des solutions aux différentes problématiques exposées dans les divers domaines d’activités : transport, industries, service, tourisme, bâtiments et travaux publics d’autre part. Cette première édition a également permis de faire la promotion des principaux acteurs de l’économie ivoirienne et des différents projets de développement des différentes régions de l’arrière-pays du port de San Pedro. Ainsi, plusieurs partenariats ont pu être tissés à travers des rencontres B to B, et la richesse des discussions au cours des conférences, panels et tables rondes a mis en lumière l’immense potentiel dont regorge cette partie de la Côte d’Ivoire. En outre, l’organisation de cette semaine a été bénéfique pour le secteur de l’hôtellerie, des transports et de la restauration, qui ont enregistré un regain de leurs activités au cours de cette période. Pour les potentiels investisseurs, ce fut donc l’occasion d’échanger et d’appréhender les perspectives de développement qu’offrent le port, la ville et la région de San Pedro et son arrière-pays en mettant en adéquation les projets de développement du port de San Pedro à ceux de la ville et de la région dans une perspective de développement intégré : ville-port-région.

Vous entendez positionner le port de San Pedro comme celui de la Guinée forestière, et en partie du Liberia. Entre-temps, l’épidémie d’Ebola est apparue, y compris dans ces deux pays. Face à cet imprévu, allez-vous revoir cette ambition à la baisse ?

Nous entendons positionner le port de San Pedro comme un outil d’intégration sous-régional capable de desservir le sud de Mali, l’est de la Guinée et du Liberia. Notre partenariat avec la Guinée forestière et le Liberia s’est déjà matérialisé par un début de coopération avec la réalisation des études sommaires d’amélioration des liaisons terrestres de ces régions avec le port de San Pedro dans le cadre de l’élaboration du schéma directeur dudit port. Plus récemment, des opérateurs guinéens ont séjourné à San Pedro pendant la Sinport. Et nous envisageons renforcer ces partenariats pour le développement économique de nos pays et pour le bonheur de nos populations. Face à l’épidémie de fièvre à virus Ebola, les perspectives de développement des échanges avec ces régions restent limitées. Comme vous le savez, cette maladie menace notre région, et pas seulement la Guinée et le Liberia, mais la Côte d’Ivoire également. C’est pourquoi, conformément aux mesures prises par le gouvernement ivoirien, nous restons vigilants face aux risques de propagation de cette épidémie dans notre pays. Toutefois, nous pensons que ces pays réussiront à venir à bout de ce fléau qui décime nos populations. Raison pour laquelle nous demeurons confiants en l’avenir et dans le développement de ces importants corridors de trafics pour nos différents pays. Non, nous n’avons pas l’intention de mettre en veilleuse nos projets avec ces pays.

Où en êtes-vous avec le positionnement de votre port en tant que port minéralier?

Le port minéralier, ou wharf minéralier, n’est qu’une composante du projet d’extension du port de San Pedro. Il est conduit au plus haut niveau de l’Etat, qui a mis en place un comité dirigé par la primature pour la gestion de ce projet en collaboration avec toutes les parties prenantes : le Port autonome de San Pedro, le ministère des Mines et de l’Industrie, la Société pour le développement minier de Côte d’Ivoire, la Société ivoirienne pour la gestion du patrimoine ferroviaire (…). Dénommé également Grand Projet intégré de l’Ouest, ce projet vise à construire un terminal minéralier au port de San Pedro et une ligne de chemin de fer Man-San Pedro. En plus de ce grand projet, plusieurs autres business unit, inscrits dans une première phase d’extension du port, seront réalisés après la validation des études avant-projet détaillées (Adp) en cours d’exécution. La réalisation de ces nouvelles infrastructures vise à permettre au port de San Pedro de répondre aux nouvelles exigences du commerce maritime mondial et sous-régional. Ces projets concernent le remblaiement et la viabilisation de 150 hectares du domaine portuaire pour des zones industrialo-logistiques à San Pedro, la construction de centres logistiques à Man et Odienné et, à construire, de nouveaux terminaux spécialisés : un terminal à conteneurs, un terminal polyvalent industriel, un terminal d’hydrocarbures et une plateforme logistique pétrolière. Ces différents projets structurants, déjà retenus dans le Plan national de développement (PND 2012-2015) comme des projets prioritaires, sont classés parmi les projets de développement en état de maturité avec des études de faisabilité disponibles pour certains d’entre eux, et alignés sur le programme de travail gouvernemental. Pour le reste, il nous faut achever les études en cours en vue de procéder au démarrage effectif des travaux.

Plus d’un an après la première expérience, quel point pouvez-vous faire sur l’exportation du coton malien par San Pedro, mais aussi celle de la noix de cajou ?

Un an après cette expérience, le trafic coton se bonifie chaque année et il s’avère nécessaire de faire encore plus d’efforts en termes d’accessibilité du port et de capacité de stockage. Ainsi, à mi-parcours, le volume du trafic de coton enregistré au port de San Pedro s’élève à 28.708 tonnes contre 7.138 tonnes à la même période en 2013. Soit une progression de +302%. Quant au trafic de la noix de cajou, à fin juin, il s’établissait à 16.986 tonnes contre 11.526 tonnes embarquées, soit une hausse de plus de 47% par rapport au niveau de 2013 à la même période. Ces résultats s’expliquent par le dynamisme de la politique commerciale par filière mise en œuvre par l’autorité portuaire, et qui a permis de capter de nouveaux trafics comme le coton et la noix de cajou. Cet accroissement des tonnages traités montre bien la capacité du port de San Pedro à apporter des réponses aux besoins des opérateurs des pays de l’hinterland.

Le port de San Pedro est le premier port mondial d’exportation de fève de cacao. Quelle est votre recette pour diversifier le trafic ?

Le développement du port de San Pedro a été longtemps axé sur l’exportation, notamment du bois, du cacao et de l’huile de palme. Mais depuis quelques années, le volume des trafics traité au port de San Pedro est en forte progression, cela en raison de la nouvelle stratégie commerciale par filière et l’optimisation de l’exploitation portuaire. Cette stratégie par filière vise à diversifier les produits manutentionnés et à optimiser l’exploitation au port de San Pedro. Cependant, face à la saturation de la capacité actuelle du port du fait du développement rapide du trafic de transbordement et de la demande croissante d’implantation de nouvelles activités agro-industrielles et logistiques, il s’avérait urgent de procéder d’une part à la réhabilitation et à l’entretien des infrastructures et équipements portuaires existants, et d’autre part à l’extension du port de San Pedro par l’aménagement et l’équipement de nouvelles infrastructures. Ainsi, pour répondre à ce besoin, l’autorité portuaire, à travers l’élaboration de son schéma directeur à l’horizon 2035, a reprécisé sa vision qui est celle de faire du port de San Pedro un pôle de développement géostratégique de la Côte d’Ivoire et moteur de l’intégration régionale avec des terminaux opérés dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP), dans l’optique de la vision du président de la République de Côte d’Ivoire qui est de «faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020».

Un dernier mot sur les projets prioritaires ?
Nous avons cinq projets prioritaires de développement du port de San Pedro qui ont été retenus pour accroître l’offre de service portuaire. Il s’agit de la construction d’un nouveau terminal à conteneurs, de la viabilisation de 150 hectares du domaine portuaire et la construction d’un terminal polyvalent industriel. A ces projets majeurs, ajoutons la construction d’une plateforme logistique pétrolière et celle des terminaux minéraliers et d’hydrocarbures. Il est également prévu la création d’un port avancé à Odienné et la construction d’un port de pêche semi-industriel. La réalisation de tous ces projets permettra non seulement de diversifier le trafic du port de San Pedro, mais également d’assurer la desserte de l’hinterland en produits pétroliers, en hydrocarbures et produits alimentaires et industriels.

Propos recueillis par Stéphane d’Avignon
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