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Société Publié le lundi 29 décembre 2014 | Ivoire-Presse

Diaspora : « La Côte d’Ivoire a plus que jamais besoin du président Ouattara » déclare Adama Diomandé

© Ivoire-Presse Par KS
Politique: Adama Diomandé, président de l`ADDL-France
Photo: M. Adama Diomandé (ADDL) photographié à l`aéroport CDG de Paris, le 9 janvier 2013

Adama Diomandé est le président de l’Association pour la défense de la démocratie et des libertés (ADDL). Cette association de la société civile intervient régulièrement en ce qui concerne la Côte d’Ivoire et la France. Aujourd’hui, dans l’interview qu’il nous a accordé, il est question de l’actualité politique, économique et sociale ivoirienne.

La Côte d’Ivoire se porte-t-elle bien économiquement ?
AD. Le Président Alassane D. Ouattara est, vous le savez, un professionnel du secteur. C’est un homme qui aime la rigueur en matière de gestion financière et il a une longue expérience des affaires économiques. Autant dire qu’il sait faire fructifier l’argent des contribuables mais également l’aide internationale. Il a hérité, lors de son accession au pouvoir, d’une situation difficile mais grâce à ses relations avec les bailleurs de fonds mondiaux, au lieu que l’argent ne circule entre des mains obscures comme le faisait le précédent pouvoir, il a su tracer la voie du développement pour le pays afin de sortir le maximum d’Ivoiriens de la pauvreté. S’il reste beaucoup d’efforts à faire pour que la croissance profite à tous, incontestablement la locomotive économique qu’est la Côte d’Ivoire est à nouveau sur les rails et file bon train.

Le favoritisme et la corruption semblent pourtant persister sous Ouattara. Pensez-vous qu’il a relâché un peu la rigueur qu’on lui connaît ?
AD. La corruption et le clientélisme sont un héritage des régimes précédents. Mais le chef de l’Etat sait le mal que l’un et l’autre provoquent. C’est pourquoi, grâce à un comportement exemplaire et la rigueur dans le choix des hommes, il a permis à notre pays de faire reculer de manière très significative la corruption. C’est d’ailleurs un fait reconnu par les ONG qui s’intéressent de près à cette pratique. Dans le même temps, il a amélioré le climat des affaires grâce notamment à la mise en place d’organismes de contrôle.
Il reste cependant des pratiques illicites, qui sont le fait de la fonction publique, du monde des affaires mais aussi de certains hommes politiques. Le président Ouattara est vigilant et dès qu’on lui signale des dérives, il y met fin. La mauvaise gestion, tout comme la corruption et le clientélisme, doivent être sanctionnés. Il est vrai qu’avec un taux de croissance de près de 10 % chaque année et une montée en puissance des activités économiques, la tentation reste forte et les mauvaises habitudes peuvent, hélas, perdurer. Il y a aussi que, de plus en plus, la population est vigilante et n’accepte pas les comportements du passé. Du même coup, les hommes politiques sont, eux aussi, obligés d’être moins ostentatoires dans leurs comportements.

L’allié du RDR, le PDCI-RDA est secoué par une vague de candidatures malgré l’appel de Daoukro. N’est-ce pas un désaveu par rapport à l’idée de candidature unique ?
AD. La multiplicité des candidatures au sein du PDCI alors que le RHDP, dont le PDCI est membre, s’est prononcé pour une candidature unique, celle du président Alassane Ouattara, est aussi l’expression du pluralisme au sein de ce parti. Il n’en demeure pas moins que l’analyse du président Henri Konan Bédié, président du PDCI et du RHDP, est incontournable : la Côte d’Ivoire a un président bâtisseur qui a remis le pays sur les rails, pourquoi s’en priver. Au nom de la misère et de la pauvreté qui règne encore dans le pays après des années de gabegie ; ce n’est pas sérieux. Cette misère et cette pauvreté ne datent pas de 2011, et il n’y a jamais eu, dans notre pays, autant d’actions menées pour éradiquer l’une et l’autre que depuis l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara. Seuls qui s’érigent aujourd’hui en donneurs de leçons sont ceux qui, justement, ont profité du laxisme des régimes précédents. Où étaient et que faisaient Amara Essy et Charles Konan Banny quand les Ivoiriens croupissaient dans la misère et la pauvreté alors que la classe politique ivoirienne s’enrichissait ? Charles Konan Banny qui dénonce en Henri Konan Bédié un porteur de canari cassé, qu’a-t-il fait pour remplir et sauvegarder ce canari quand il était, lui et sa fratrie, aux affaires ? A-t-il fait preuve de rigueur et de compétence là où il est passé ?

Que pensez-vous de la crise que traverse le FPI ?
AD. Le FPI est au bord de l’implosion. Ce qui ne saurait étonner compte tenu de la manière catastrophique dont ce parti a toujours été géré. Aujourd’hui, il voudrait imprimer sa marque calamiteuse sur la gestion des affaires publiques. Mais tout le monde sait comment le pays était géré sous le règne du FPI et comment il l’est aujourd’hui. Pas question de revenir aux errements du passé.

Réconciliation, CDVR, PDCI et RDR, la réconciliation est-elle réelle ?
AD. Elle est en marche. Peut-être va-t-elle moins vite au plan politique qu’au niveau des Ivoiriens eux-mêmes ? Mais chacun sait qu’il n’y aura pas d’émergence économique et sociale de notre pays sans cette réconciliation qui doit être, aussi, celle des politiques. C’est pourquoi je salue l’initiative du président Bédié et son appel de Daoukro. Mais il faut aller encore au-delà de cela. Les présidents Bédié et Ouattara, après des années d’affrontements, ont sagement choisi la voie de la réconciliation qui s’est exprimée à travers le RHDP, l’alliance entre le PDCI et le RDR, les deux grands partis de Côte d’Ivoire. C’est dans cette voie qu’il faut poursuivre alors que la CDVR a fait la démonstration de son incapacité à remplir son contrat malgré les milliards de francs CFA dépensés pour le fonctionnement de cette structure.

L’élection présidentielle de 2015, c’est dans moins d’un an. Quelle sera la clé de cet important rendez-vous ?
AD. La clé, c’est le président Henri Konan Bédié qui l’a donnée. Il a dit : le président Alassane D. Ouattara est un bâtisseur et il est souhaite pour la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens qu’il poursuive sereinement le travail qu’il a engagé afin que nous soyons émergents en 2020. Le PDCI-RDA a montré la voie. Je note d’ailleurs que le RDR, sur ce chemin, reste à la traîne compte tenu de l’expression des egos des uns et des autres. Or, la Côte d’Ivoire a plus que jamais besoin du président Ouattara car les années à venir seront celles de la consolidation après que les fondations aient été mises en place depuis 2011

Craignez-vous que le syndrome burkinabè gagne la Côte d’Ivoire avec une société civile forte ?
AD. Non, pas du tout. Le président Ouattara a été clair et net : il sollicite un nouveau mandat conformément à la Constitution et n’entend pas aller au-delà. Il a mis en place les fondations d’une société émergente ; il entend seulement consolider ce qui existe déjà, aux plans économique, politique et social. Dès lors, quand tout sera en ordre, il jouera le jeu de l’alternance politique et générationnelle. Aucun risque qu’il s’impose au pouvoir.

Que pensez-vous des mesures d’austérité que l’on reproche au Président Ouattara ?
AD. Les hommes politiques, aujourd’hui, doivent avoir le courage de dire la vérité aux électeurs. C’est une condition essentielle pour que les populations adhèrent aux politiques de développement mises en œuvre. Le président Ouattara est arrivé au pouvoir dans des conditions dramatiques. Il a trouvé une économie non seulement en ruine mais rongée par la corruption et la prévarication, à tous les niveaux. Dans un premier temps, il lui était difficile d’expliquer quelle était réellement la situation du pays ; il fallait, tout d’abord, réconcilier la population avec la classe politique. Il a donc donné la priorité aux relations économiques internationales afin de promouvoir l’investissement étranger. Désormais, il lui faut dire exactement quelle est la situation du pays. Les Ivoiriens entendent parler d’émergence, de croissance à deux chiffres, de modernisation, de rénovation, d’équipements… mais leur vie quotidienne est toujours aussi difficile. Ce n’est pas le résultat d’une politique d’austérité, c’est une réalité économique et sociale. Dans ce contexte, le chef de l’Etat entend ne pas délier les cordons de la bourse pour satisfaire les uns et les autres, il veut maintenir une politique de rigueur financière. Mais tout cela n’est pas toujours évident et est souvent très mal expliqué. Dans l’entourage du président, il y a encore trop de « profiteurs » alors que la population, dans son ensemble, souffre de la rigueur qui, pour elle, est perçue comme une austérité. Mais c’est une nécessité. Pour pouvoir semer, il faut ne pas avoir mangé la semence. Et une fois que tu as semé, il faut attendre que cela donne. Jusque là, chacun le sait, il faut se « serrer la ceinture ». Ce n’est pas populaire. Mais vouloir être populaire en promettant tout et en ne tenant rien, c’est faire du populisme. Le pouvoir a des décisions difficiles à prendre, c’est le cas notamment avec les déguerpissements de populations des quartiers insalubres. C’est mal vécu par les déguerpis. Mais la politique ne se fait pas dans la compassion mais dans l’exigence. C’est le choix du président Ouattara.

Justement, il lui est reproche un traitement politique des obsèques de la mère de l’ex-président Gbagbo. Qu’en pensez-vous ?
AD. Il faut dissocier les choses. C’est toujours difficile en Afrique et c’est souvent mal vécu quand on est un Africain en Occident. Dans cette affaire, c’est par manipulation politique que la maman de Gbagbo a été prise en otage par Koudou Jeannettte, Assoa Adou et d’autres. Je suis de Zikisso. Donc proche de mama. Je sais le ressenti des populations locales. La vieille dame n’a jamais demandé à partir en exil, la situation politique que connaît la Côte d’Ivoire la dépasse. Mais on l’a trimbalée pour la conduire au Ghana. Tout cela à des fins politique. Le président Ouattara, conscient de la manipulation politique qui se faisait au détriment de la mama, a choisi de faire retaper sa maison afin qu’elle revienne chez elle et se repose après une vie difficile. Les gens du FPI ont refusé. Pourquoi ne le disent-ils pas ? Le président a même mis l’avion présidentiel à leur disposition pour rapatrier la vieille dame chez elle. Le FPI en a fait un objet de chantage : la libération de Laurent Gbagbo contre le retour de la mama. C’est indigne.

Peut-on reprocher cela au FPI, du moins à certains qui en ont fait un point central ?
AD. Je n’ai pas de doute. La crise que traverse aujourd’hui le FPI vient de là. On ne peut pas faire de la politique en voulant instrumentaliser la justice afin que Gbagbo soit libéré. Affi N’Guessan l’a compris : il fait de la politique et si, au bout du cheminement normal de la justice, Gbagbo est libre, eh bien, il viendra récupérer le parti qu’il a créé. Malheureusement, certains militants et cadres du FPI ne font que du culte de la personnalité et cela uniquement à leur profit. C’est dommage.

Vous qui êtes à la tête d’une association de défense de la démocratie et des libertés, comprenez-vous la volonté d’une grande partie des militants du FPI de voir Laurent Gbagbo prendre la présidence de leur parti ?
AD. La politique, c’est n’est pas du sentimentalisme. Il ne faut pas tout ramener aux relations humaines et affectives. Concrètement, qu’est-ce que Gbagbo peut apporter au FPI dans la situation où il se trouve. Il n’est pas libre de ses mouvements. Il fait ce qu’on lui dit de faire quand on lui commande de le faire. Il est en prison. C’est la triste réalité. C’est vrai qu’il a fondé le FPI, c’est vrai qu’il a présidé la République de Côte d’Ivoire. Mais tout cela ne fait pas une politique, cela ne fait pas un programme de gouvernement. Personne n’est éternel pour son pays. Le pays est toujours plus grand que l’individu. Il faut que l’individu assume ses responsabilités. Si Gbagbo avait écouté la communauté internationale, les conseils de Henri Konan Bédié, ceux d’Alassane Ouattara, il ne serait pas aujourd’hui à La Haye, loin du pays.

Votre principal allié connaît quelques agitations internes. Cela vous pose-t-il problème au niveau du RDR ?
AD. Il faut poser la question aux responsables du RDR. Moi, je suis depuis toujours un alassaniste convaincu. Mais si je m’en tiens à ce que disait le secrétaire général par intérim du RDR dans un meeting, à Bouaké, le RDR est tout à fait prêt à soutenir l’appel de Daoukro lancé par le président du PDCI, Henri Konan Bédié. Pour le reste, les velléités de candidature de certains cadres du PDCI, cela regarde le PDCI. Bédié a été clair et net à Daoukro. Et il a redit la même chose lorsqu’a été inauguré le pont construit à Abidjan par l’actuel pouvoir ; un pont qui porte son nom. Ceux qui ne veulent pas se plier à cet appel ne pèseront finalement pas plus lourd que ceux qui, lors du congrès du PDCI-RDA, se sont opposés à la candidature de Bédié. Je répète simplement les paroles de Bédié : « Libres à eux de se présenter hors du parti, sans l’étiquette du PDCI […] Les protestations sont légitimes et elles doivent pouvoir s’exprimer. Ainsi la démocratie sera sauvée ».

3ème pont HKB inauguré à Abidjan, est ce le bon de départ pour l'émergence voulue par le président Ouattara?
Adama Diomandé: D'abord, il faut dire que c'est un chantier qui a duré 25 mois. C'est une prouesse à saluer. Ce pont a été pensé par le président Henri Konan Bédié mais il a été réalisé par le président Alassane Ouattara. Ce sera un pont de l'émergence pour notre pays car c'est un outil de développement. Cela permet de relier les gens, relier les quartiers, d'avoir des temps précieux de travail.Maintenant le coût du pont peut paraître énorme mais il faut prendre en compte aussi tout ce qui entoure sa conception et sa réalisation. Tous les pieux ont été construits en Côte d'ivoire avec des ingénieurs ivoiriens. Pour le péage, c'est un gain pour tous ceux qui vont emprunter ce pont, un gain en carburant, en temps. C'est une expérimentation pour les ivoiriens mais il faut un retour d'investissement pour entretenir l'ouvrage de façon permanente. En france, il y a aussi des autoroutes à péage.

Des ivoiriens disent aussi de manière concrète que le pont c'est bien, mais ce n'est pas ce qu'on mange" Comprenez vous leur avis?
A.D: Ils disent que ce n'est pas la route qu'on mange. C'est vrai mais sans la route on ne peut pas manger aussi.Parce que sans la route on ne peut pas aller chercher à manger; et puis sans la route, les paysans qui produisent ne peuvent pas livrer leurs denrées aux citadins. Pour dire que l'un dans l'autre, on doit tout faire. On fait étape par étape. On fait d'abord les routes, ensuite on crée de la richesse pour que tout le monde mange. Vous me permettez aussi de faire cette précision, les ivoiriens ne sont pas affamés.Aujourd'hui, il y a des familles qui ne mangent pas à leur faim mais on ne peut pas dire que la Côte d'ivoire est affamée. C'est une question de temps et de patience. Le gouvernement est en train de créer les conditions pour que tout le monde mange suffisamment à sa faim. Le président de la République a même dit qu'il y cinq infrastructures en projet de construction. Donc cela va donner non seulement de l'emploi, de la formation mais aussi à manger. Ceux qui font de la boutade dire que les ivoiriens n'ont pas à manger, c'est une courte vue de l'évolution sociale de notre pays.
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