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Politique Publié le lundi 29 décembre 2014 | L’intelligent d’Abidjan

Adama Diomandé : «Si Gbagbo avait écouté les avertissements de la communauté internationale, les conseils de Bédié, … il ne serait pas aujourd’hui à La Haye»

© L’intelligent d’Abidjan Par KS
Politique: Adama Diomandé, président de l`ADDL-France
Photo: M. Adama Diomandé (ADDL) photographié à l`aéroport CDG de Paris, le 9 janvier 2013
Président de l’Association pour la défense de la démocratie et des libertés (ADDL), Adama Diomandé est aussi un irréductible « ouattaraiste ». Dans cet entretien, il parle de sa passion pour le président ivoirien, son admiration pour la vision politique de Bédié, et son incompréhension face aux agitations à l’intérieur du FPI.

Le 3ème pont d’Abidjan baptisé ‘’pont HKB’’ vient d’être inauguré. Pensez-vous que c’est un bon départ pour l’émergence voulue par le président Ouattara?

D’abord, il faut dire que c’est un chantier qui a duré 25 mois. C’est une prouesse à saluer. Ce pont a été pensé par le président Henri Konan Bédié mais il a été réalisé par le président Alassane Ouattara. Ce sera le pont de l’émergence pour notre pays car c’est un outil et une infrastructure importante de développement économique. Il permettra de relier des hommes et des femmes, de relier des zones d’habitation qui semblaient naturellement et définitivement séparées par des eaux, d’avoir des gains en temps précieux sur les routes. Concernant le coût du péage, il peut paraître énorme, mais il faut prendre en compte aussi tout ce qui entoure sa conception et sa réalisation de ce pont. Tous les pieux ont été construits en Côte d’ivoire avec des ingénieurs ivoiriens. Ce pont constitue aussi un gain en carburant pour ceux qui l’emprunteront. Le péage est une expérience nouvelle pour les Ivoiriens mais il faut un retour d’investissement pour entretenir l’ouvrage de façon permanente. En France, des autoroutes ont été privatisées et sont à péage.

Comprenez-vous cet avis qui énonce que ‘’ce n’est pas pont on mange’’ pour indiquer que les Ivoiriens ont d’autres préoccupations…?

Ceux qui disent que ce n’est pas la route qu’on mange disent vrai. Qui a une fois mangé du goudron sur cette terre ? Mais sans la route on ne peut pas manger non plus. Parce que sans la route on ne peut pas aller chercher à manger; et puis sans la route, les paysans qui produisent ne peuvent pas livrer leurs denrées aux citadins. Pour dire que l’un dans l’autre, on doit tout faire. On fait étape par étape. On fait d’abord les routes, ensuite on crée de la richesse pour que tout le monde mange. Vous me permettez aussi de faire cette précision, les Ivoiriens ne sont pas affamés. Aujourd’hui, il y a des familles qui ne mangent pas à leur faim mais on ne peut pas dire que la Côte d’ivoire est affamée. C’est une question de temps et de patience. Le gouvernement est en train de créer les conditions pour que tout le monde mange suffisamment à sa faim. Le président de la République a même dit qu’il ya cinq infrastructures en projet de construction. Donc cela va donner non seulement de l’emploi, de la formation mais aussi à manger. Ceux qui font de la boutade et qui disent que les Ivoiriens n’ont pas à manger, c’est une courte vue de l’évolution sociale de notre pays.

Que pensez-vous des mesures d’austérité que l’on reproche au Président Ouattara?

Aujourd’hui, l’homme politique engagé s’il est sincère, s’il est pour le développement de son pays, sur le plan des relations humaines, doit avoir le courage de dire la vérité, dire les difficultés et pourquoi on doit faire des sacrifices. Et je trouve que cela n’est pas expliqué suffisamment dans l’entourage du président. Parce que, si ceux qui entourent le président se battent pour des questions de postes, de contrats et que l’essentiel n’est pas expliqué à la population, il revient au personnel politique et technique du président Ouattara de faire de la pédagogie sur son action. Il est vrai que nous ne ressentons pas pour l’instant les effets de la croissance économique dans nos portefeuilles, mais cela ne va pas tarder. Il nous faut expliquer et faire comprendre aux Ivoiriens qu’en investissant dans les infrastructures économiques de développement, l’on met en place des leviers sûrs de création de richesses pour tous et de bien-être pour chacun. Quand on sème, on attend une période plus ou moins longue pour récolter. Mais quand on mange ce qui devrait servir à semer, alors il ne faudrait pas être surpris de ne pas pouvoir récolter un jour. Mais au moment où on a semé, l’on est obligé de se serrer la ceinture et attendre le temps de la récolte. Je pense que le gouvernement a du mal à expliquer aux populations qui souffrent certaines choses, il a du mal à faire de la bonne pédagogie. Un autre exemple, quand on dit que le gouvernement Alassane démolit les maisons, est ce que humainement quand on regarde les conditions de vie dans des quartiers comme ‘’Bocabo’’ ou ‘’Derrière-rails’’, est ce que les habitants ne prennent pas des risques pour leurs vies? Pour un gouvernement responsable, on est obligé de prendre des décisions pour ne pas qu’on les laisse périr de misère. Le gouvernement prend une décision mais cela doit s’accompagner de solutions. Un gouvernement ne fait pas de la compassion mais travaille pour la pérennité de son pays. Un président qui fait exclusivement de la compassion est un mauvais président. Cela ne veut pas dire qu’il n’est pas humain. Le job de président de la République est exigeant. Il faut le comprendre. Avec l’inauguration du pont HKB, c’est le lieu de mieux expliquer certaines choses à nos populations, de les préparer à des changements qualitatifs, pour leur propre bien, notre propre bien. Le président Alassane Ouattara travaille pour le bien-être de tous les Ivoiriens.

Il est également reproché à Alassane Ouattara de faire de la récupération politique de toutes ses actions, même les obsèques de la mère de Laurent Gbagbo, aujourd’hui détenu à la CPI.

Il nous faudra apprendre à dissocier certaines choses en Côte d’Ivoire. En ce qui concerne la mère de Laurent Gbagbo, je crois que la famille proche, notamment Koudou Jeannette, Assoa Adou et d’autres ont pris la dépouille de la maman de Gbagbo en otage. Moi, je suis de Zikisso et donc non loin de Mama. Je connais ces populations. La vieille dame n’a jamais demandé à aller en exil. Marguerite Gado n’avait rien à avoir avec la politique Mais ils l’ont contrainte à l’exil au Ghana. C’est à des fins politiques que les siens l’ont gardé loin de la terre de ses ancêtres. Le Chef de l’Etat avait fait des démarches dans le sens du retour de la vieille quand il avait fait rénover la maison de Gbagbo à Mama, c’était pour faire revenir la maman de Gbagbo afin qu’elle s’y repose tranquillement. Alassane Ouattara ne voulait pas faire subir cela au Président Gbagbo quelles que soient les divergences politiques. Les gens du FPI ont refusé. Pourquoi ils ne le disent pas. Les preuves sont là. Au plus fort de sa maladie, le président Alassane a mis le Gruman présidentiel à leur disposition pour ramener la mère de l’ex-président en Côte d’ivoire. La famille proche et des politiciens du FPI ont refusé ce service du président de la République à une condition : la libération de Laurent Gbagbo. C’est vraiment malheureux et triste

Peut-on vraiment reprocher des choses uniquement au FPI ?

Je pense que la crise que traverse le FPI vient de cela. Gbagbo lui-même a dit qu’il ira jusqu’au bout. Qu’il aille donc au bout de l’acte qu’il a posé, condamné par la communauté internationale. Le FPI veut faire de la politique pour libérer Gbagbo. Mais on ne peut pas faire les deux à la fois. Je pense qu’Affi Nguessan l’a compris. Il a compris qu’il faut faire de la politique et si au bout du cheminement de la justice, Gbagbo est libre, il viendra prendre le parti qu’il a créé. Malheureusement, il y a des militants au FPI qui sont pour le culte de la personnalité. C’est vraiment dommage.

Vous qui êtes à la tête d’une association de défense de la démocratie et des libertés, comprenez-vous la volonté d’une grande partie des militants du FPI de voir Laurent Gbagbo prendre la présidence de leur parti?

Certains militants ne réfléchissent pas en politique. Ils ramenant tout aux relations affectives et humaines. Concrètement, qu’est-ce que Gbagbo peut apporter au FPI, dans la situation où il est? Gbagbo n’est pas libre là où il est. Il doit se coucher à l’heure indiquée. Il doit manger à l’heure indiquée. C’est la triste réalité. Si on veut jouer sur les sentiments, on peut comprendre leurs émotions. C’est le fondateur du FPI; c’est l’ancien Président de la République. Mais tout cela ne fait pas une politique. Cela ne fait pas un programme de gouvernement. Personne n’est éternel pour un pays. Laurent Gbagbo a été d’une manière ou d’une autre, utile à son pays, mais il n’est pas indispensable. Le pays est toujours plus grand qu’un individu. On assume ses responsabilités. Si Gbagbo avait écouté les avertissements de la communauté internationale, les conseils de Bédié, ce que Alassane Ouattara lui avait proposé, il ne serait pas aujourd’hui à La Haye, loin du pays et des siens. Les militants du FPI ont le droit de réclamer que Gbagbo soit à la tête de leur parti. Maintenant, le voir venir participer physiquement aux activités politiques comme si de rien n’était, je ne sais pas si cela va se faire du jour au lendemain. Je ne pense pas que cela soit aussi facile et possible en l’état actuel de sa situation devant la justice internationale.

Votre principal allié, le PDCI-RDA connaît quelques agitations internes. Cela vous pose-t-il problème au niveau du RDR?

(Ndlr il marque une pause) Posez cette question aux responsables qui dirigent en ce moment le RDR. Moi je suis un Alassaniste indécrottable; je suivrai ce qu’Alassane Ouattara dira. Si je m’en tiens à ce que le secrétaire général par intérim du Rdr a dit dans un meeting à Bouaké, le RDR est fin prêt pour soutenir l’appel de Daoukro du Président du PDCI Henri Konan Bédie. En ce qui concerne les velléités de candidature de certains cadres du PDCI cela reste un problème interne au PDCI. Là, encore Bédié a été clair dans sa déclaration de Daoukro et aussi dans son discours lors de l’inauguration du pont HKB qui porte son nom. Si vous voulez que je donne mon avis personnel, il ne pèsera pas plus que Djédjé Mady et KKB lors du congrès du PDCI qui a vu la réélection à plus de 80%. Tout porte à croire que la Côte d’Ivoire a encore besoin du président Ouattara. En tout cas pour les cinq années qui viennent, c’est important qu’il fasse un second mandat pour le bonheur des Ivoiriens.

F.B. N.
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