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Société Publié le dimanche 4 janvier 2015 | Treichville Notre Cité

La Conférence de Brazzaville (28 Janvier-8 Février 1944) : Une réponse à la condamnation de la politique coloniale française ou l’espoir en un nouvel ordre social pour l’Afrique Noire Française

La relecture de la riche bibliographie proposée par le Pr Jean Noël LOUKOU dans son opuscule ‘’L a Côte d’Ivoire coloniale de 1893 à 1960 ‘’ nous a permis de découvrir l’ouvrage en deux(2) tomes œuvre du Professeur de lettres Paul DESALMAND consacré à l’Histoire de l’Education en Côte d’Ivoire : « Des origines à la Conférence de Brazzaville » (tome 1) et « De la Conférence de Brazzaville à 1984 » (tome 2) paru aux Editions CERAP. La césure, marquée par la référence à la Conférence de Brazzaville, nous conduira à lui accorder l’importance qui fut la sienne dans l’évolution sociale des pays francophones d’Afrique. A l’occasion du 76ème anniversaire de la tenue de cette Conférence , il s’impose à nous de faire découvrir à nos lecteurs la face cachée de celui qui lui donna ses lettres de noblesse en la personne du Gouverneur Latrille , cet humaniste dont le nom renvoie à la célèbre avenue de Cocody qui l’immortalise et dont l’engagement pour la cause africaine est retracé dans un extrait du message du Président Houphouët-Boigny à la Nation’ Houphouët veut parler ‘’ ( Frat Mat, Edition Spéciale Novembre 1985) et que nous citons : « La Chambre de Commerce d’alors, par son Président M. Barthe , avait déclaré que la Côte d’Ivoire en envoyant cent cinquante élèves en France , préférait les rails de Decauville à un lycée pour nègres. Quel scandale ! Une centaine d’Africains allaient obtenir les mêmes diplômes que les Blancs ! Et le Gouverneur Latrille qui avait soutenu ce scandale a été rappelé par la Rue Oudinot (le Ministère de la France d’Outre Mer ) . On n’a même pas tenu compte du bon combat qu’il avait mené au Tchad pour servir le Général De Gaule. Ici comme nous sommes reconnaissants, nous avons donné le nom de Latrille à l’avenue qui part de l’Hôtel Ivoire. »
L’on ne pourrait mieux découvrir le Gouverneur Latrille en occultant le contexte ou l’environnement sociopolitique dans lequel cette conférence historique s’est tenue, ses moyens d’action et ses objectifs. Le contexte : la 2ème guerre mondiale (1939-1945) et la participation à l’effort de guerre aggravant ainsi ce qui déjà était insupportable : la recrudescence du travail forcé imposé aux populations de l’Empire notamment par la fourniture d’hommes et de produits divers à laquelle s’ajoutaient les difficultés des transports. Les moyens d’action : En Janvier 1944, la Conférence de Brazzaville dénonce le travail forcé et affirme la nécessité d’instituer dans un délai de 1 à 5ans, une loi garantissant la liberté de travail, en autorisant la constitution d’associations professionnelles afin de défendre et d’améliorer les conditions des travailleurs, d’où la création du 1er syndicat mixte, le Syndicat agricole de Côte d’Ivoire. Le tout favorisé et soutenu par la mise en place d’un cadre institutionnel qui reprend les idées fortes du Général de Gaule dans son allocution prononcée à l’ouverture de la Conférence de Brazzaville le 30 Janvier 1944 et qui insistait notamment sur la nécessité d’établir sur des bases nouvelles les conditions de la mise en valeur de notre Afrique , du progrès humain de ses habitants et de l’exercice de la souveraineté française . Mais des actions énergiques comme celles du Député Félix Houphouët-Boigny, exposées ci-après forceront le cours de l’histoire et la période probatoire n’aura duré que 24 mois: «En 1930, le premier député noir du Sénégal prétendait fixer à dix ans la durée du travail obligatoire éducatif. La Conférence de Brazzaville, quatorze ans plus tard, en recommanda la suppression au bout de cinq ans, étape par étape. Cette suppression progressive à complètement échoué. Il est maintenant question d’en reporter la date à deux ans ». F. Houphouët-Boigny (Assemblée Nationale Constituante le 1er Mars 1946 ) Les objectifs : A ladite Conférence , l’opposition entre divers courants de pensée ne put empêcher que des avancées notables voient le jour dont certaines recommandations : - Les affaires publiques seront jugées selon les codes coutumiers africains et les affaires pénales selon un Code Pénal spécial africain… - L’enseignement sera donné en français. L’emploi pédagogique des dialectes locaux sera interdit… et les africains auront accès à tous les postes. - l’institution d’un service du travail pendant un an pour les indigènes de 20 à 21 ans reconnus aptes et qui seraient employés uniquement sur les chantiers d’intérêt public - l’observation régulière d’un repos hebdomadaire - la durée de journée de travail fixée à huit heures - le respect de toutes les croyances religieuses - l’interdiction d’une retenue de salaire sans l’assentiment de l’Administration . Le montant des retenues autorisées versé à la Caisse de retraite des Travailleurs - L’évolution politique sera marquée par l’introduction du suffrage universel, la création de communes ». Instruit par son expérience personnelle en Afrique équatoriale française, la bataille pour l’émancipation en Côte d’Ivoire fut l’œuvre du Gouverneur Latrille qui s’inspirera dans une large mesure des recommandations de la Conférence de Brazzaville malgré l’opposition farouche des colons pour qui « l’une des erreurs fondamentales de la Conférence de Brazzaville fut d’avoir brûlé les étapes en niant les lois biologiques de la nature de l’espèce pour l’évolution des races indigènes » Quelle abomination !
En guise de conclusion il est aisé d’affirmer, que la Conférence de Brazzaville , non sans avoir posé directement la question de la condamnation du système colonial français , œuvre antidémocratique et rétrograde des Etats Généraux de la Colonisation si bien relayés par la Chambre d’Agriculture de la Côte d’Ivoire, a posé les jalons du développement de notre pays notamment la création du Syndicat Agricole Africain par ordonnance en Août 1944 , et sa représentation au sein de l’Assemblée Constituante Française en 1945 .

Sources :La Côted’Ivoire 1935/1961 Aux origines de la Nation ivoirienne ( Volume II ) de René –Pierre ANOUMA
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