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Économie Publié le jeudi 15 janvier 2015 | Cote d’Ivoire Economie

La Côte d’Ivoire, un leadership qui s’affirme

© Cote d’Ivoire Economie Par DR
Vue du plateau à Abidjan
La locomotive de l’Afrique de l’Ouest se porte bien. Plusieurs signaux en attestent. Zoom sur cette économie ivoirienne dont le dynamisme rejaillit également sur l’ensemble de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).


Portée par le secteur primaire avec 24%, le secondaire à 28%, et le tertiaire à 48% de son PIB en 2013, l’économie ivoirienne affiche un taux de croissance parmi les plus élevés en Afrique : 9,8 % en 2012, 9% en 2013, et des perspectives de l’ordre de 8% et 10% pour 2014 et 2015. Et c’est toute l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) qui en profite. Au sein de l’Union, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) projette pour l’année 2014 un taux de croissance de 7%, contre 6,3% en 2013. «Quand la Côte d’Ivoire rayonne, l’Afrique de l’Ouest se porte mieux. Quand elle est en crise, la sous-région s’affaisse», font remarquer les économistes et autres observateurs.
Avec plus de 40% du PIB de l’Uemoa, la Côte d’Ivoire demeure la plus grande économie de l’Union. En ce qui concerne la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), elle reste la deuxième puissance après le Nigeria. La croissance de la Côte d’Ivoire est entretenue par les investissements consentis dans les infrastructures et les secteurs productifs. «Le taux d’investissement, qui était de 13,7% du PIB en 2012, a atteint 16,5% en 2013, avec un objectif de 20% en 2014 et 23,5% en 2015. En 2013, 62% des investissements effectués dans le pays relèvent du secteur privé. L’objectif est d’atteindre un taux de 65% en 2015 et 70% en 2020», relevait le Premier ministre, Daniel Kablan Duncan, en marge du forum sur les PPP qui s’est tenu à Abidjan du 19 au 21 novembre 2014. Autres chiffres évocateurs : le montant cumulé des dossiers d’investissement agréés au guichet du Centre de promotion des investissements en Côte d’Ivoire (Cepici), et en cours de réalisation : 115 milliards FCFA en 2011, 219,5 milliards FCFA en 2012, et 513 milliards FCFA en 2013. Sans oublier les 738 milliards FCFA d’intentions d’investissement – avec 3.904 intentions d’emplois – enregistrés au forum Investir en Côte d’Ivoire (ICI 2014) qui s’est déroulé en janvier dernier. Mais pouvait-il en être autrement au vu des nombreuses réformes entreprises par le gouvernement pour améliorer l’environnement des affaires ?

Des mesures particulièrement attractives
Depuis 2012, la Côte d’Ivoire s’est dotée d’un nouveau Code des investissements 2012 qui offre plus de garanties que celui de 1995. Des garanties qui ont pour noms assistance de l’Etat aux entreprises sinistrées, accès aux zones industrielles aménagées, exonération totale de la TVA pendant la phase d’investissement, exonération des droits d’enregistrement sur tous les actes qui y étaient soumis jusqu’alors. Les mesures en faveur des investisseurs qui sont contenues dans ce nouveau code concernent également l’octroi, pour les PME, d’un tarif préférentiel pour l’achat d’eau, d’électricité et de prestations de nouvelles technologies, l’allongement de la durée des avantages dans les zones franches et l’exonération partielle de la part patronale de l’impôt sur les traitements et salaires. Et, récemment, est venue s’ajouter à ces dispositions incitatives celle relative au capital de 1 million FCFA, qui n’est plus une contrainte pour la création d’une entreprise de type SARL.
Par ailleurs, les droits de timbre et d’enregistrement sont défiscalisés. Le coût du Registre de commerce et de crédit mobilier (RCCM) a été réduit à 15.000 FCFA (10.000 FCFA pour l’inscription et 5.000 FCFA pour les frais de dépôt). Le délai d’obtention du permis de construire a été ramené à 87 jours, et celui du délai de raccordement au réseau électrique à une durée maximale de 28 jours, soit la moitié du temps initial. Le pays s’est également doté d’instruments tels que le tribunal du commerce, l’Autorité de régulation des marchés publics et la Haute Autorité pour la bonne gouvernance. Quant à l’indice de l’insécurité, il s’est nettement amélioré en Côte d’Ivoire, passant de 3,8 en 2012 à 1,1 en 2014 – un niveau que compare avec beaucoup de fierté le Premier ministre, Daniel Kablan Duncan, à celui des Nations unies, qui est passé de 4 à 2 sur la même période. Cet indice de 2 est le même que celui de Genève ou de New York. Autant d’atouts salués, d’ailleurs, par les rapports Doing Business 2014 et 2015, qui classent la Côte d’Ivoire parmi les dix pays au monde (top 10 reformers) ayant entrepris les meilleures réformes au niveau de l’amélioration du climat des affaires.

Une agriculture indéboulonnable
Les réformes entreprises ont été d’abord traduites dans le Plan national de développement (PND) 2012-2015, d’un montant total de 11.000 milliards FCFA. Le secteur agricole est un pilier du développement économique au sein du Programme national d’investissement agricole (PNIA) 2012-2016, d’un montant de 2.040 milliards FCFA, qui est destiné à améliorer la productivité et les revenus, la compétitivité des filières, et à sécuriser l’accès au foncier, notamment pour les petits producteurs, les femmes et les jeunes. Une disposition logique dans le sens où l’économie de la Côte d’Ivoire est principalement basée sur l’agriculture. Le secteur agricole emploie les deux tiers de la population active du pays, et la Côte d’Ivoire est le premier producteur de cacao au monde, avec environ 41% de l’offre totale. Le cumul des achats de cacao déclaré auprès du Conseil du café-cacao, structure de gestion de la filière, s’établit à 1.745.515 tonnes sur la campagne 2013-2014, contre 1.448.992 tonnes en 2012-2013, soit une hausse de 20,46%.
L’hévéaculture occupe également une place de choix dans le développement agricole, et partant, dans l’économie du pays. La Côte d’Ivoire est le leader africain et occupe la septième place mondiale dans le domaine de la production du caoutchouc naturel, avec 290.529 tonnes en 2013 et un chiffre d’affaires estimé à 350 milliards FCFA. L’objectif est d’atteindre la barre des 600.000 tonnes en 2020. Selon les données du Centre du commerce international de l’ONU, le caoutchouc naturel représente la troisième source d’exportation, avec près de 10% des exportations totales en valeur derrière le cacao (43%) et le pétrole (35%). Le palmier à huile, lui, occupe la quatrième place dans l’économie ivoirienne. Dans ce secteur, la Côte d’Ivoire est classée au cinquième rang mondial après la Malaisie, l’Indonésie, le Nigeria et la Colombie. Notons que l’Indonésie et la Malaisie représentent à elles seules 86% de la production mondiale, avec 47,5 millions de tonnes d’huile de palme brute, sur un total de 55,3 millions de tonnes à l’échelle internationale. L’Afrique, «berceau"» du palmier à huile, enregistre 4% de la production mondiale, soit 2,1 millions de tonnes. Sur le continent africain, le Nigeria occupe le rang de premier pays producteur d’huile de palme avec 3,312 millions de tonnes en 2012, suivi de la Côte d’Ivoire avec 350.000 tonnes. Le chiffre d’affaires de la filière palmier à huile en Côte d’Ivoire est estimé à 500 milliards FCFA par an, selon l’Association interprofessionnelle de la filière palmier à huile (AIPH). Il faut souligner que l’huile de palme est l’huile végétale la plus consommée sur la planète avec un taux de 33% en 2012, devant l’huile de soja qui arrive en seconde position avec 28%.
L’anacarde connaît aussi une véritable dynamique, même si elle se présente comme une filière jeune. La Côte d’Ivoire en est encore le premier pays producteur africain, avec près de 550.000 tonnes évaluées en 2014, soit environ 20% de l’offre mondiale de noix de cajou, et le deuxième au monde après l’Inde. Le pays ambitionne, d’ici quatre ou cinq ans, d’occuper le premier rang mondial de noix de cajou en produisant plus d’un million de tonnes, dépassant ainsi l’Inde, qui en produit actuellement environ 800.000 tonnes. L’Afrique fournit près de 45% de la production mondiale du produit avec une progression moyenne de l’ordre de 5% par an. Outre la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau produit 165.000 tonnes, la Tanzanie 120.000 tonnes, le Nigeria 85.000 tonnes, le Mozambique 60.000 tonnes, et le Ghana 40.000 tonnes.

Devenir un hub énergétique
Le secteur pétrolier commence à prendre une place importante dans l’économie ivoirienne, avec un taux de croissance régulier et des investissements d’envergure. Le gouvernement ambitionne de faire du pays un hub énergétique en Afrique. Selon le ministre de l’Energie et du Pétrole, Adama Toungara, le nouveau code pétrolier de 2012 modifiant celui de 1996 a permis d’inciter et de mobiliser davantage les investisseurs. Vingt nouveaux Contrats de partage de production (CPP) ont été signés de décembre 2011 à septembre 2014. Depuis octobre 2011, dix-neuf forages ont été réalisés sur le bassin sédimentaire ivoirien – à comparer avec les cinq forages de 2000 à 2010 –, dont onze forages d’exploration, deux d’évaluation et six de développement. Les acquis portent aussi sur l’extension du dépôt pétrolier de Yamoussoukro, avec une capacité additionnelle de 30.000 mètres cubes et la mise en exploitation du tronçon de pipeline multiproduits Abidjan-Yamoussoukro, long de 258 km, et de capacité maximum de transfert de 1.600.000 de mètres cubes/an. Le ministre veut augmenter la production actuelle en Côte d’Ivoire d’environ 60.000 barils/j à 200.000 barils/j d’ici 2020. La production de gaz naturel est aussi en hausse. Plus de 50% en l’espace de trois ans, passant de 140 MScf/j en 2010 à 250 MScf /j en 2012. Au niveau de l’électricité, la demande nationale a atteint 1.630 MW en 2014. Elle devrait être portée à 1.800 MW en 2015, et 4.000 MW en 2020. La Côte d’Ivoire fournit de l’électricité à plusieurs pays d’Afrique, notamment le Ghana, le Burkina, etc.
Dans le domaine minier, le pays dispose d’un énorme potentiel, même s’il reste peu exploité, avec une contribution d’à peine 1% au PIB national. 30% du territoire ivoirien est couvert de roches du birrimien riches en minéralisation. 108 permis de recherche ont été attribués dont 4 pour le fer, 87 pour l’or, 2 pour la bauxite, 1 pour le chrome, 5 pour le manganèse, 6 pour le nickel, et 3 pour le diamant. Neuf permis d’exploitation ont été accordés (5 pour l’or, 3 pour le manganèse et 1 pour l’eau minérale). On estime à environ 3.000 les emplois directs pour les entreprises d’exploitation minière. Douze tonnes d’or sont produites annuellement, environ 400.000 tonnes de manganèse, et la production de diamant est estimée à 300.000 carats, réalisée de manière artisanale.
En matière de transport, la Côte d’Ivoire est bien desservie avec les compagnies aériennes Air Côte d’Ivoire, Corsair, Tunisair, Air Algérie, Royal Air Maroc, et surtout Air France qui a choisi Abidjan pour sa deuxième destination en A380, après l’Afrique du Sud. Sans oublier le chemin de fer allant jusqu’au Burkina Faso, les autoroutes devant relier le Burkina, le Nigeria. Mais aussi le pont Henri-Konan-Bédié, l’échangeur de la Riviera, le Port autonome d’Abidjan – le deuxième plus important d’Afrique après celui de HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Durban" \o "Durban"Durban, avec un trafic global de 21,5 millions de tonnes en 2013 – et celui de San Pedro, premier port mondial d’exportation de fèves de cacao… La liste est loin d’être exhaustive. Ce sont là autant de grands acquis qui consolident la position de leader de la Côte d’Ivoire dans la sous-région.

Banque, assurances, TIC, un marché mature
Le secteur bancaire ivoirien suscite aussi beaucoup d’intérêts pour les investisseurs nationaux et internationaux. Constitué de 25 établissements de crédits dont 24 banques et un établissement financier, il a vu ses ressources croître considérablement, Elles ont progressé de 17% pour s’établir à 4.736 milliards FCFA à fin décembre 2013, soit une progression de 17%, représentant 699 milliards FCFA de plus que l’année précédente. Au niveau des assurances, la Côte d’Ivoire se classe au premier rang dans la zone Cima avec 210 milliards FCFA de primes émises en 2012. «La Côte d’Ivoire est un marché relativement mature qui a maintenu son rang malgré la crise. Ses fondations sont solides, le marché est bien organisé. Tous les maillons de la chaîne sont présents: assureurs, réassureurs, fonds de garantie automobile, intermédiaires, prévention routière, contrôle national. C’est également la première économie de l’espace Fanaf, avec une croissance soutenue, un tissu industriel plus moderne et l’émergence d’une classe moyenne. En assurance-vie, l’on note la mise en place de produits populaires et peu coûteux comme les assurances funéraires et l’indemnité de fin de carrière. L’assurance-vie représente près de 45% de parts de marché, ce qui est exceptionnel en Afrique noire francophone», argumente l’ex-président de la Fédération des sociétés d’assurances de droit national africaines (Fanaf), Protais Ayangma. Le secteur des télécommunications, avec 131,9 milliards FCFA d’investissements en 2013 est aussi une activité en pleine expansion qui contribue à tirer, avec d’autres secteurs, la croissance d’une Côte d’Ivoire émergente, comme pourraient l’être la sous-région et l’ensemble du continent à l’horizon 2020.
Eviter d’être un géant aux pieds d’argile
Malgré ses bons résultats, la Côte d’Ivoire ne doit pourtant pas dormir sur ses lauriers. Beaucoup reste à faire pour lui éviter d’être un géant aux pieds d’argile. Son économie repose principalement sur une agriculture qui peine à passer à la phase de la transformation sur place, et le pays continue d’exporter ses produits sous la forme brute, subissant ainsi la fluctuation des cours mondiaux. Ainsi, la Côte d’Ivoire ne transforme qu’à peine 20% de son cacao alors qu’elle en est le premier producteur mondial depuis plusieurs décennies. Il en est de même pour l’anacarde. Solide leader de la production de noix brute en Afrique et deuxième mondial avec 550.000 tonnes l’an, le pays exporte pratiquement tout sous forme brute. Soit un taux de transformation de l’ordre d’environ 5,2%, contre 11% au Bénin, 15% en Tanzanie, près de 40% au Ghana et au Nigeria. Le gouvernement ivoirien semble avoir mesuré l’ampleur du défi et a décidé de réagir. Il entend accroître le taux de transformation du cacao, qui devrait pouvoir atteindre les 50% à l’horizon 2020. Pour les noix brutes de cajou, on espère passer de 5,2% en 2013 à 35% en 2016, et à 100% en 2020. Une échéance qui ne renvoie qu’à cinq petites années. Il est donc temps de passer à l’acte !
Des retombées toujours attendues au quotidien
La forte croissance que connaît le pays ne se ressent pas encore sur le quotidien des Ivoiriens. «Le niveau de pauvreté en Côte d’Ivoire est inquiétant alors que le pays dispose de fortes potentialités. La croissance n’a pas été assez créatrice d’emplois», s’est alarmée en novembre dernier le directeur des opérations de la Banque mondiale (BM) en Côte d’Ivoire, Ousmane Diagana. Près d’un habitant sur deux est en effet considéré comme pauvre en Côte d’Ivoire, selon des chiffres officiels. Ousmane Diagana indique que la priorité consiste à rendre la croissance durable et inclusive afin qu’elle réponde aux besoins pressants d’une population jeune et en quête d’emploi. Le phénomène de la corruption reste également un souci majeur pour la Banque mondiale. La fraude ou la contrefaçon dans les industries textiles, sucrières et autres, qui ont pris des proportions très inquiétantes, faisant perdre pratiquement la moitié des parts de marché des entreprises, sont également des réalités qui ne sont pas de nature à favoriser le développement et la consolidation d’un tissu industriel fort. Un pays émergent sans un tissu industriel fort, à quoi cela ressemblerait-il ?

Vincent Kouassi
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