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Société Publié le mercredi 28 janvier 2015 | L’intelligent d’Abidjan

De retour d’une mission à Paris, Noël Dourey explose‎: Tiburce Koffi était USD, FPI, RHDP (....)Trop compliqué pour un individu

De retour d’Europe, l’artiste Noël Dourey (ND), était à la rédaction de l’Intelligent d’Abidjan le vendredi 23 janvier 2014. Dans cette interview, il parle de sa tournée, surtout de son projet qui consiste à rassembler les artistes autour de la mère patrie, la Côte d’Ivoire.
Vous revenez d’Europe dans le cadre d’une tournée. De quoi s’agit-il exactement ?
Je vous remercie pour l’honneur. Mais, avant je voudrais adresser à tous les lecteurs mes vœux de bonheur, de santé, de prospérité. Que cette année électorale 2015, soit le contraire de ce que nous avons vécu en 2010. Effectivement, j’étais à Paris, à Genève et à Bonn pour rencontrer les artistes de la diaspora, dans le seul but de nous unir. C’est vrai que les artistes ont été utilisés quelquefois pour chanter la réconciliation. Mais, on ne peut pas chanter la réconciliation quand soi-même, on n’est pas réconcilié. Dans la grisaille de la crise postélectorale que nous avons connue, les artistes ont payé le plus lourd tribut. Nous savons les conditions de précarité dans lesquelles nous vivons en Côte d’Ivoire et s’il faut déporter cette précarité au-delà de nos frontières, c’est difficile. Donc, je me suis proposé avec l’aide du ministre de la Culture, Bandaman Kouakou Maurice et avec l’appui du ministre d’Etat Hamed Bakayoko, de réunir les artistes pour que nous chantions ensemble le même hymne. L’hymne de la paix véritable et de l’unité.

Qu’est ce que ce voyage a apporté précisément?
D’abord une adhésion populaire. Contrairement aux voyages passés. Je ne suis pas allé chercher des artistes. Notre constitution ne permet pas qu’un Ivoirien soit en exil. Donc, je suis allé chercher des Ivoiriens parce que nous sommes tous natifs de ce pays. Nous revendiquons tous la nationalité et la paternité de notre hymne national. Nous revendiquons chacun chaque centimètre carré des 322 362 Km2. Aucun Ivoirien n’a de titre foncier sur la Côte d’Ivoire. C’est le message que je suis allé leur porter. Nous sommes tous des Ivoiriens et nous avons le devoir de nous parler pour participer au développement de notre pays. Je leur ai donné des exemples précis. En 1977, quand j’étais en France, certains disaient qu’ils ne rentreraient pas en Côte d’Ivoire tant que Houphouët-Boigny n’est pas mort. Aujourd’hui, Houphouët-Boigny est mort et pourtant, ils y sont toujours. Certains mêmes ont perdu toutes leurs dents (Rires). On peut bien aller se ‘’chercher’’ en France, mais cela n’empêche pas d’être présent pour prendre part au développement du pays. Dans tous les cas, au niveau de nos acquis, on peut dire que pour la 1ère fois, la loi sur la culture et le cinéma viennent de passer à l’Assemblée nationale. Nous avons des textes aujourd’hui qui réglementent les salaires des artistes. Nous sommes en train de réécrire les textes du Burida (Bureau ivoirien du droit d’auteur) et la copie se trouve actuellement sur la table du chef de l’Etat.

Pensez-vous que les artistes ivoiriens peuvent se faire entendre ?
Si nous évoquons ensemble nos difficultés, nous pouvons avoir des solutions. C’est vrai qu’il ya beaucoup de problèmes en Côte d’Ivoire. Mais aucun artiste quelle que soit sa force, ne peut les évoquer tous, et tout seul. C’est bien que Tiken Jah Fakoly parle, que Gadji Celi parle, qu'un tel parle de libération des prisonniers. Mais, il ne faudrait pas non plus que ce soit un thème à la mode. Il faut que tous les artistes se mettent ensemble pour dire : ‘’monsieur le Président vous faites beaucoup de choses. Mais nous souhaiterions que dans le cadre de la décrispation, vous élargissiez au maximum le chemin’’. Les artistes mis ensemble peuvent porter cette voix. De même que les artistes mis ensemble sauront apprécier le travail de développement du Président Ouattara. Il a fait le 3ème pont et annoncé un 4ème et un 5ème. En plus des infrastructures routières qui sont en cours ici et là. Donc, je pense que nous n’avons pas les mêmes besoins que certains artistes de la sous-région. Ailleurs, les artistes peuvent se permettre un certain nombre d’écarts. Ce qui nous importe ici c’est de solidifier nos bases. Faire en sorte que nous soyons sur des bases solides et fermes. Mais, cela ne veut pas dire que nous n’avons pas le droit d’avoir des opinions divergentes. Parce que c’est cela qui nourrit la démocratie.

Quand vous parlez des artistes, faites-vous allusion aux chanteurs ou à l’ensemble des artistes ?
Je parle de tous le monde. Les peintres, les chanteurs, les dessinateurs, bref ! Tout le monde.

Voilà que Tiburce Koffi qui est un artiste a été débarqué de son poste de DG de l’INSAAC pour avoir dénoncé ‘’l’appel de Daoukro’’ à travers un livre. Alors qu’il l’a fait dans la peau d’un artiste en tant qu’écrivain.

Quand vous suivez ma démarche, ça me permet de vous dire qu’il a exprimé une opinion politique. Parce que ‘’l’appel de Daoukro’’ est un appel politique. J’ai demandé aux artistes de s’occuper de l’art. S’occuper de l’art c’est quoi ? L’union fait la force. Si nous sommes unis et que nous dénonçons, nous constituons une force. Mais seul comme l’a fait Tiburce Koffi en dénonçant l’appel de Daoukro, il paie les pots cassés.

D’autres artistes ont dénoncé à leur manière, la gestion du pouvoir des régimes passés à travers des chansons. Ils n’ont pas été menacés. Tiburce fait la même chose par écrit…
Ce sont les thèmes employés qui sont mal adaptés à mon sens. Selon ce que j’ai lu, il dit que ‘’l’appel de Daoukro’’ est un déni de démocratie. Pensez-vous qu’un appel peut être un déni de démocratie ?


Mais, c’est un artiste comme les autres ? N’a-t-il pas le droit de dire ce qu’il pense ?
Je ne parle pas de cet aspect. Je parle de ce qui est écrit dans le livre. Partant de quelques extraits que j’ai lus, je déduis que Tiburce Koffi est un politicien. Il s’attaque de façon frontale à des dirigeants. Il fait de la politique, il en a payé le prix. Il ne faut pas se voiler la face.

‘’L’appel de Daoukro’’ est un appel qui peut être argumenté ou non. Argument contre argument. Mais, vous ne pouvez pas dire que vous doutez de la victoire de quelqu’un qui est au pouvoir. Etre artiste ne nous place pas au dessus de la loi. J’étais en France quand Charlie Hebdo a été attaqué. Selon les agresseurs, ils ont profané le prophète Mahomet en le caricaturant. Chacun à son niveau apprécie et apporte la riposte qu’il juge importante. Il y a une grande différence entre ‘’l’appel de Daoukro’’ et le fait que les artistes qui se mettent ensemble pour demander au Président d’aider la Côte d’Ivoire à avancer. En un mot, je vous dis que Tiburce Koffi est un politicien. Il était à l’USD, il a fait un tour au FPI, avant de se retrouver au RHDP. J’apprends maintenant sur les réseaux sociaux qu’il dit que Ouattara n’a pas gagné l’élection présidentielle, bref ! Tout cela est trop compliqué pour un individu. Je ne porte pas de jugement sur lui. C’est sa manière de voir, de parler. Donc, il assume. J’ai assumé à un moment donné, quand il s’est agi de soutenir un candidat ou de faire campagne pour quelqu’un. Mais, cela n’enlève en rien, à ma qualité d’artiste musicien, auteur-compositeur et sociétaire du Burida.

Où en sommes-nous avec le retour de Gadji Celi, parce que les Ivoiriens attendent cela ?
Non, Gadji Celi n’est pas le seul artiste à l’extérieur. Il y en a qui sont partis avant lui. Je suis parti parler avec les artistes. J’ai rencontré Gadji Celi et il m’a fait part de certaines préoccupations, qui sont légitimes. Mais, je dis que s’il ne s’agit que de l’argent du Burida, des personnes sous les régimes précédents, qui ont aussi fait des trous dans les caisses de l’Etat continuent de se balader en Côte d’Ivoire sans qu’on ne leur fasse quoi que ce soit. J’ai dit à Gadji Celi : ‘’ je ne t’ai pas vu avec une arme à la main. Pourtant, parmi ceux qui ont fait la guerre et qui sont en Côte d’Ivoire, certains sont ambassadeurs. Je ne connais pas les raisons qui font que tu es ici. Si tu te sens à l’aise tu restes. Mais, de temps en temps tu viens au pays’’. Je lui ai même présenté le cas de l’artiste Aïcha Koné qui, de temps en temps vient au pays. Je pense en tant qu’artiste, qu’il faut être témoin de ce que le Président Alassane Ouattara est en train de faire. Il ne faut pas être dans une logique où tu te gratteras la tête lorsque ton enfant te demandera de raconter l’histoire du troisième ou du quatrième pont. Donc tu viens être témoin du développement de la Côte d’Ivoire et tu pourras ensuite retourner faire tes concerts en France.

Quelle sera l’utilité d’une telle démarche si c’est pour venir regarder les réalisations du Président Ouattara et retourner en France ?
Il faut être témoin de ce qui se passe. En tant qu’artiste, il faut être témoin authentique. Et je dis toujours, qu’on peut être témoin authentique sans verser dans l’unanimisme. C'est-à-dire, sans dire que c’est tel ou tel qui est fort. Si vraiment on veut une démocratie forte, les opinions doivent être divergentes. Même à des niveaux divers. Mais, on doit toujours se rassembler pour la Côte d’Ivoire. Comment expliquez-vous le fait que quand les Eléphants jouent, tout se tait. Tout le monde fait chorus avec les éléphants, quel que soit ce qu’on pense. On a vu Drogba et les Eléphants aller à Bouaké en pleine rébellion. Ça été l’union. Autant le sport peut créer l’union, la solidarité, la paix, autant les artistes aussi peuvent avoir la même démarche.

En somme, quel bilan peut-on faire de votre séjour en Europe ?
Mon séjour a été fructueux vu que je n’y étais pas allé pour chercher des gens. L’ère où on attachait les hommes pour les mettre de force dans des bateaux est terminée et révolue. Aujourd’hui, les hommes viennent de manière volontaire. Ils viennent quand ils sentent le besoin. Et nous avons convenu de quelque chose.

De quoi par exemple ?
En Avril 2015, nous allons faire un grand concert. Les artistes résidant en Côte d’Ivoire iront à Paris pour rencontrer les autres afin de célébrer l’unité des artistes. Le 6 août 2015, nous aurons notre concerto à Yamoussoukro. Le 7 août nous serons dans les jardins du palais présidentiel, avec notre président pour la fête de l’indépendance. Et le soir, ce sera le ballet des feux d’artifice. Tous ont adhéré de manière unanime à l’idée. Des motions de soutien ont été faites à l’endroit du Chef de l’Etat, du premier ministre, du ministre de la culture ainsi qu’au ministre Hamed Bakayoko. Ma mission a décanté beaucoup de choses. Les gens avaient peur d’aller à l’ambassade, donc l’ambassade s’est déplacée sur le lieu de la réunion. Et quand on a fini, tout le monde s’est retrouvé à l’ambassade. On a eu droit à un cocktail qui a été offert par l’ambassadeur à Justin Stanislas, qui a présenté sa médaille. Les artistes on présenté leurs vœux à l’ambassadeur et cela a été des moments émouvants. Je pense avoir effectué une mission fructueuse. Aujourd’hui, si on veut être vraiment fort, on ne doit plus avoir un seul Magic System, ou un seul Tiken Jah. Parce que nous sommes 24 millions d’habitants. On doit avoir mille Meiway, mille Ismaël Isaac, mille Magic System. Pour cela, il faut que les gens se battent pour que nous puissions avoir un pilier important. Il ne faut pas choisir le métier d’artiste par accident. Il faut l’accepter, l’exercer parce qu’on le sent et parce qu’on peut gagner sa vie.

Réalisée par Dosso Villard, coll : R-O et S.A.G
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