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Politique Publié le mercredi 18 février 2015 | Le Sursaut

Entretien / Magloire N’déhi (vice-président Cnj) prévient: « Il faut repenser notre système de gouvernance»

A quelques mois de l’élection présidentielle, Magloire N’déhi, vice-président du comité de pilotage du Conseil national de la jeunesse, met les jeunes en garde contre leur instrumentalisation politique. Dans cet entretien qu'il nous a accordé lors d'un passage à notre rédaction, il fait des suggestions pour la participation des jeunes aux instances de décision.

Quel est votre message à la jeunesse à l’orée de la présidentielle 2015 ?
Notre démocratie est encore à l’état embryonnaire.Nos nations étaient-elles prêtes à embrasser cette nouvelle forme de gouvernance ? Leur fragilité nous laisse croire le contraire. Mais nous restons positifs. Pour ce qui est des élections de 2010, il faut dire que les violences sont la conséquence d’un manque de confiance aux institutions et aux personnalités en charge de l’organisation des élections et aussi de l’incompréhension de nos textes et de tous les accords signés. C’est donc l’occasion d’interpeller nos autorités politiques afin qu’elles mettent en place un processus électoral fiable et indépendant. Ainsi, nous pourrons aller aux élections dans la confiance car tous les partis politiques se reconnaîtront dans ce processus. Il n’y aura donc pas de contestations. Aux jeunes, je dirai que l’avenir nous appartient. Nous ne devons pas sacrifier notre avenir sur l’autel des ambitions égoïstes de certains hommes politiques qui ne pensent qu’à leurs propres intérêts.

Comment expliquez-vous le fait que les jeunes ivoiriens soient aussi enclins à la politique?

La situation sociopolitique de notre pays présente deux tendances, deux groupes de jeunes engagés. D’une part, il y a ceux qui pensent que la politique est un bon moyen pour s’enrichir facilement. Le modèle souvent présenté par nos hommes politiques et la télévision nationale, c’est que si on sait bien parler et haranguer des foules, on devient un héros et on peut avoir beaucoup d’argent. Il y a un autre groupe de jeunes qui ne sont pas intéressés par la politique politicienne mais plutôt par les questions de société. C’est ce dernier groupe qui constitue la majorité. Ceux-ci veulent s’engager pour le développement de leur communauté et les questions de société.Ils veulent que leurs voix soient aussi prises en compte. Il faut regarder cette tendance avec un œil positif.

Parlant de gouvernance, les jeunes sont-ils dignement représentés dans les instances de décision ?
Les jeunes sont quasi absents dans les instances de gouvernance et de prise de décisions.

Figurez-vous que dans un pays où les moins de 35 ans représentent plus de 77 % de la population, soit près de 17 millions, ils sont mis en marge de la gestion des affaires publiques. En cela, nous sommes d’accord avec Abraham Lincoln qui disait : « Vous ne pouvez pas aider continuellement les hommes en faisant à leur place ce qu’ils devraient faire eux-mêmes ». Il faut donc repenser notre système de gouvernance qui met à l’écart la majorité, les jeunes. Il faut davantage de jeunes dans l’administration publique et aussi dans le privé. Dans le gouvernement, nous n’avons qu’un seul jeune en l’occurrence, le ministre délégué au Budget. C’est l’occasion de féliciter le président de la République pour cette marque de confiance. Il faut donc continuer de faire confiance aux jeunes. C’est pourquoi avec certains amis, nous avons lancé un concept qu’on appelle le « pari des générations » qui est un concept de gouvernance qui consiste en une prise en compte de toutes les générations (jeunes et ainés), une implication et une participation de la jeune génération au côté des aînés à la prise de décisions et à la gestion des affaires publiques.

Vous êtes vice-président du comité de pilotage du Conseil national de la jeunesse (Cnj). Où en sommes-nous avec la mise en place de cet organe ?
Je voudrais profiter de cet espace pour demander aux autorités ce qu’elles veulent vraiment du Cnj. Par décret N°2012-989 du 10 octobre 2012, le chef de l’Etat a créé le Cnj. Après de nombreuses difficultés dans sa mise en œuvre, le ministère de la Promotion de la jeunesse, des Sports et Loisirs a confié l’organisation du processus aux jeunes par la mise en place d’un comité de pilotage.Mais pour mettre en œuvre ce processus, le ministère de la Jeunesse nous dit qu’il n’y a pas de ressources. On se pose bien la question de la volonté politique de nos dirigeants quand on sait que l’équipe de Côte d’Ivoire a reçu près de 3 milliards pour participer à la Coupe d’Afrique des Nations. On espère que le gouvernement mettra les moyens à la disposition du comité de pilotage pour que le Conseil national de la jeunesse voie enfin le jour.

Parlant de l’emploi des jeunes, que préconisez-vous ?
Des réformes s’imposent. Les entreprises n’embauchent plus car évoluant dans un environnement précaire qui ne leur permet pas de créer des emplois stables. Avec les crises, l’environnement des affaires est fragile en Côte d’Ivoire. Ceci est couplé avec la pression fiscale qui ne motive pas les entreprises qui ont peur d’employer des personnes de façon indéterminée. Il faut donc que les réformes entreprises continuent. On peut faire mieux pour améliorer notre classement dans le « Doing business » et l’indice de liberté économique qui s’est amélioré mais reste encore en-deçà de la moyenne. Le chef de l’Etat Alassane Ouattara a récemment décidé de centraliser les ressources et les efforts en créant une entité unique pour l’emploi des jeunes. C’est une bonne chose mais l’analyse doit être poussée plus loin. Les impôts représentent pour l’heure un grand handicap pour les entreprises. Nous proposons à l’Etat un pacte avec les entreprises visant à supprimer sur un certain temps (5 ou 10 ans) certaines charges fiscales et sociales des entreprises, notamment sur les salaires pour les encourager à recruter les jeunes. C’est l’une des solutions qui pourrait permettre de réduire le chômage.

Par Cyrille Nahin
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