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Économie Publié le jeudi 19 mars 2015 | AFP

La quête de l’"émergence" en Afrique, ou la fin de l’afro-pessimisme

© AFP Par Marc Innocent
Développement: ouverture à Abidjan de la conférence internationale sur l`émergence en Afrique
Mercredi 18 Mars 2015. Abidjan. Sofitel Hôtel Ivoire. Les Présidents Alassane Ouattara et Macky Sall du Sénégal ainsi que plusieurs personnalités nationales et internationales ont pris part la cérémonie d`ouverture de la première Conférence Internationale sur l`Emergence en Afrique.
Abidjan - L’Afrique, où de nombreux pays connaissent de forts taux de croissance sans que leurs populations en bénéficient, vise désormais l’"émergence" économique et sociale, doctrine prônant une meilleure
répartition des richesses qui doit mettre fin à l’afro-pessimisme.

Le terme est à la mode chez gouvernants et bailleurs. Une trentaine de pays du continent noir y ont souscrit ces dernières années, selon l’ONU. Le président ivoirien Alassane Ouattara, qui cherche à être réélu en octobre, en a fait son leitmotiv.

La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, qui se rêve
puissance minière et énergétique, sera "émergente" en 2020, a-t-il assuré mardi à l’ouverture d’une conférence régionale sur ce thème, qui se clôturera vendredi. Une affirmation dont se gausse l’opposition politique ivoirienne.

Ce pays, sorti il y a à peine quatre ans d’une décennie de crise
politico-militaire sanglante, mais fort depuis lors d’une croissance annuelle de 9%, aura ainsi "une base solide pour devenir un pays intermédiaire à revenus élevés à l’horizon 2030", a espéré M. Ouattara.

D’autres gouvernants africains sont moins ambitieux, mais tout aussi
déterminés. Le Tchad, à l’émergence initialement prévue en 2020, mise
désormais sur 2030, à l’instar du Togo. Le Sénégal, plus prudent, s’engage pour 2035.

"En plus d’être forte et durable, la croissance qui conduit vers
l’émergence doit générer des emplois, faire reculer le chômage et la pauvreté et réduire les inégalités sociales", a argumenté mardi le président sénégalais
Macky Sall.

L’émergence, calquée sur les réussites asiatiques (notamment les "bébés
tigres" que sont l’Indonésie, la Malaisie ou le Vietnam) et sud-américaines
(Brésil, Chili, Colombie...) en terme de développement, est convoquée comme l’antithèse d’une vision de l’économie trop capitaliste, déshumanisée.

L’émergence "n’est pas la croissance du PIB (Produit intérieur brut) en
soi: il s’agit plutôt d’une quête visant à améliorer la santé et le bonheur
des êtres humains", a lancé Helen Clark, administratrice du Programme des nations unies pour le développement (PNUD).

L’investissement dans la santé et l’éducation, la lutte contre les
inégalités (ville/campagne, hommes/femmes), la construction d’infrastructures ou encore la diversification des économies sont autant d’outils cités par les experts pour y parvenir, sans toutefois que des objectifs chiffrés ne soient communiqués.

Une Afrique émergente devrait ainsi "faire accéder 1,4 milliard d’Africains
aux rangs de la classe moyenne" et surtout "diviser par dix le nombre de
personnes vivant dans l’extrême pauvreté" d’ici 2050, selon Mme Clark.

- ’Pari sur l’avenir’ -

Sur un continent où 300 millions d’habitants étaient considérés en 2011
comme membres de la classe moyenne par la Banque africaine de développement (BAD), "l’afro-pessimisme cède désormais le pas à l’optimisme", se réjouit Albert Toikeusse Mabri, le ministre du Plan ivoirien.

"La manière de parler de l’Afrique a changé. Il n’y a pas si longtemps,
l’Afrique était exceptionnelle, mais négativement: il n’y avait pas de
croissance, pas de loi, il y avait la guerre, la mort... Tout ça, c’était
l’Afrique", se souvient Steve Kayizzi-Mugerwa, vice-président de la Banque africaine de développement (BAD).

Les conflits récents en Centrafrique, au Soudan du sud ou en Somalie, ne
font pas varier cette tendance.

Mais l’Afrique du Sud ou encore le Botswana, le Mozambique, et les pays
d’Afrique du Nord, font à présent parler positivement du continent par leurs réussites en terme de développement.

"L’émergence, c’est un pari sur l’avenir", selon Abdoulaye Mar Dieye,
directeur régional du PNUD.

C’est dire aussi qu’"une croissance économique sans retombées sociales n’a pas de finalité", que la "redistribution des richesses" est fondamentale pour le "bien-être" des sociétés, renchérit Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique.

Des handicaps forts, comme la trop grande dépendance de certains Etats
africains vis-à-vis d’une seule ressource - le pétrole pour le Nigeria ou
l’Angola -, le manque d’intégration des économies du continent ou encore leur
corruption massive empêchent pour l’instant des réussites aussi spectaculaires.

La fuite des capitaux coûte à l’Afrique entre 60 et 100 milliards de
dollars par an, observe M. Dieye. Et de soupirer : "Avec une bonne
gouvernance, voyez ce qu’on pourrait réinjecter dans les économies africaines".

jf/ggy/de
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