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Art et Culture Publié le jeudi 9 avril 2015 | L’intelligent d’Abidjan

Azoumana Ouattara, coordonnateur du colloque reggae: « Les universitaires et les Baramôgo vont se rencontrer et se confronter »

Professeur à l’Université Alassane Ouattara à Bouaké, Azoumana Ouattara est le coordonnateur du colloque de reggae, qui est une composante du concept Abi-Reggae. Nous l’avons rencontré pour une interview. Il livre les attentes du colloque Abi-Reggae qui débute ce matin et se tiendra tous les jours jusqu’au 12 avril 2015 au Palais de la Culture.
Quel est le thème du colloque ?
Quatre thèmes ont été retenus par les organisateurs. Il s’agit de l’expérience panafricaine dont une composante est le panafricanisme, du Rastafarisme (réfléchir sur ce qu’est le Rastafarisme), Exodus (retour en Afrique, libération, sortie de Babylone), l’univers musical reggae et le reggae en Côte d’Ivoire. Ce sont les thèmes autour desquels se déroulera le colloque.

Quels seront les animateurs du colloque ?
Après la cérémonie d’ouverture, le 1er thème sera animé par le professeur Mokolo, le professeur Ibrahim Tuo, recteur de l’Université Cheik Anta Diop, Lazare Ki-Zerbo, le fils du professeur Ki-Zerbo et le jeune chercheur Amzak Yabara. Sur cette table, on y aura l’intervention d’Alain Foka, qui va participer aux échanges. La séance sera modérée par le professeur Francis Pakindé.

Que cherchez-vous à travers ce colloque, quand on sait que le Reggae est une musique de révolutionnaire, de revendications ?
Nous ne cherchons pas à faire la révolution, encore moins à revenir à l’époque de la décolonisation de l’Afrique. Ce que nous cherchons est de donner une idée sur le panafricanisme. C’est de dire ce que le panafricanisme peut apporter. Parce que l’objectif du panafricanisme c’est la solidarité, l’unité et la cohésion comme le disait les grands leaders noirs. Tout le monde doit contribuer à faire en sorte que le développement ait lieu. On pense du coup à la diaspora, à ce qu’elle peut apporter au développement de ce qu’on a appelé Afrique. Nous vivons des périodes où la situation du développement de l’Afrique se précise. L’Afrique a les capacités d’un développement réel. Il y a des scénarii qui montrent que du point de vue démographique, sociologique, financier, les conditions se réunissent pour que nous fassions un bond en avant. C’est de cela que nous allons parler. Le concept du panafricanisme s’est développé en incluant des formes de développement économiques, politiques et bien d’autres.

A quel public voulez-vous vous adresser ?
Aux universitaires qui viendront discuter avec leurs homologues, aux étudiants pour qu’ils sachent comment l’histoire s’est passée, pour qu’ils voient des exemples de jeunes comme eux, qui sont des chercheurs, que cela les stimule. Au-delà, il y a aussi ceux qui pratiquent le Reggae et qu’on appelle les ‘’Baramôgô’’. Ce sont eux qui savent ce qu’est cette musique, le culte Rastafarisme. Tout le monde est invité. Il faut qu’on échange. Si vous négligez ceux qui connaissent Tangara Speed Ghoda, Alpha Blondy, Tiken Jah et qui savent d’où ils sont partis, les résultats seront biaisés. On vise le large public.

Dans la mesure où le colloque a lieu en même tant que le festival, ne craignez-vous pas que la population choisisse l’option d’abandonner le colloque au profit du festival?
C’est possible. Et c’est pour cela que nous sommes en train de nous battre pour que le colloque existe. Parce que, le colloque a une importance capitale. Il ne s’agit pas de faire la fête uniquement, mais aussi de réfléchir. C’est à nous de trouver et de proposer au public des thèmes qui les intéressent, avec des conférenciers qu’ils connaissent et qu’ils adorent. Je veux parler d’Alain Foka, d’Eric Mokolo et bien d’autres. Chris Blackwell, le producteur de Bob Marley, sera là pour nous expliquer cette aventure. Tous ceux qui sont des icônes. C’est à nous de nous battre pour expliquer au public et faire exister le colloque. Si le colloque n’existe pas, on sera à la fête et le lendemain on rentre chez soi sans rien avoir appris. Ce colloque sera une occasion, de documenter notre histoire et surtout notre histoire culturelle.

Vous disiez tantôt que le Reggae est la musique des ‘’Baramôgô’’ et vous dites que le colloque vise les universitaires. N’est-ce pas là, le jour et la nuit ?
Mais, c’est ce qui est bien. C’est cette confrontation entre les universitaires qui s’y connaissent à leur manière et les ‘’Baramôgô’’ qui s’y connaissent également à leur manière que nous recherchons. Parce qu’eux les ‘’Baramôgô’’, non seulement s’habillent Rasta, vivent Rasta et ils font la musique Rasta. Ils ont leur expérience que les universitaires n’ont pas. Il faut absolument que les deux mondes se rencontrent.

Quelles sont les dispositions prises à votre niveau pour maintenir le public à partir de 9h jusqu’au soir ?
Le palais de la Culture sera un village, un espace où il y aura de tout (échanger, manger, faire du cinéma…). Toutes les dispositions ont été prises y compris des dispositions sécuritaires pour qu’on soit dans des conditions souhaitables.

Quel est votre regard aujourd’hui sur le Reggae en Côte d’Ivoire ?
Un des concepteurs, Simon Akindes pose la question de savoir quel est le poids du Reggae par rapport aux autres musiques. La question pose la problématique de fond, des espaces de réinvention du Reggae. Et tout cela mérite discussion. Ce qui est sûr, aujourd’hui, lorsque vous allez au Parker Place, le constat est simple. Aiment le Reggae les gens qui ont des cheveux blancs (comme moi), et plus jeunes encore et d’autres qui viennent d’ailleurs (Blancs, Jaunes, Noirs). C'est-à-dire un univers bigarré. Ce qui traduit que le Reggae est vivant. La question qui se pose est de savoir si cette musique pourra développer sa vitalité. La question sera abordée par Simon Akindes. On échangera avec les spécialistes, les musiciens et on verra si au-delà de ce qui est sorti du Reggae (Raga, Reggeamorphile), cette musique a encore des possibilités d’aimanter les autres musiques.

Avez-vous un cri de cœur ?
Ce que je dirai, c’est de ne pas laisser tomber les idées, la discussion, l’échange. Quand on s’arrête, c’est pour faire la fête. Et c’est intéressant parce que les vibrations nous lient. Mais, s’arrêter pour réfléchir, pour envisager l’avenir ; c’est également une excellente chose. Il ne faut pas laisser tomber les idées et les échanges.

M.Ouattara, coll R-O
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