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Art et Culture Publié le mercredi 22 avril 2015 | Le Sursaut

Production cinématographique : La piraterie, au cœur de la réussite de Nollywood

Le Nigérian Jahman Oladejo Anikulapo, directeur artistique et critique de cinéma était à Abidjan sur invitation de la Rotonde des Arts Contemporains dirigée par Yacouba Konaté. Par ailleurs président-directeur de la Commission pour l’art pertinent (Cora), Jahman Oladejo fait partie du comité artistique international du Marché des arts du spectacle africain (Masa 2016). En marge du lancement de la 9è édition du Masa, il a tenu une conférence sur le thème «Nollywood et industrie du cinéma au Nigéria». Le cinéma nigérian, a-t-il indiqué, à été inspiré par le théâtre et les fictions télévisuelles.
A côté de Nollywood, il y a les moins connus Kanowood, Yoruwood et Ibowood qui constituent l’industrie cinématographique. Les origines du nom Nollywood remontent à un article de presse rédigé par un journaliste américain qui qualifiait de mauvais les films nigérians parce que celles-ci étaient des copies de certains films américains. «Nous n’en sommes pas fiers aujourd’hui. Mais le nom Nollywood qui représente aujourd’hui l’industrie cinématographique au Nigéria a été donné par un blanc», précise Jahman.
S’il ne doute pas de l’originalité des films nigérians, il fait remarquer que certains «films sont des copies des films américains». En sa qualité de journaliste, Jahman reconnait avoir été très critique à l’endroit de Nollywood. «Aujourd’hui, je le regrette. Il faut faire des critiques constructives», conseille-t-il.


Nollywood, Kanowood, Yoruwood, Ibowood, etc.
La précision qu’il fait, c’est que «quand on parle de Nollywood qui s’évalue à cinquante mille emplois, il s’agit de films nigérians qui sont seulement produits en Anglais». Cependant, la forte production en films vient de Kanowood qui représente les productions cinématographiques dans le nord du Nigéria. «Si Nollywood produit 4000 films par an, Kanowood en produit plus», souligne Jahman. Quant à Yoruwood dont il est issu parce que d’ethnie Yoruba, ce sont des centaines de milliers de films qui sont produits.
Les films issus de l’Ibowood ne sont pas, selon lui, de bonne qualité comparés à Kanowood. Cependant, relève-t-il, ce sont au total cinquante dialectes dans lesquels sont produits les films nigérians. Aussi rappelle-t-il le régime militaire d’Abacha avait mis fin à la production de films de fictions. Le public, par crainte de se faire arrêter n’allait plus au cinéma. La fermeture des salles et leur rachat par l’église s’expliquent. «Nollywood sera une opportunité», soutient le critique Jahman.
«L’une des raisons pour lesquelles Nollywood est célèbre, c’est le piratage dans la distribution», admet Jahman Anikulapo. «Certains producteurs, pour faire connaître leurs films, les remettent aux pirates qui se chargent de la distribution. C’est pareille avec la musique nigériane», fait-il savoir.

Nollywood et le financement privé
L’organisation du cinéma nigérian est de l’avis d’Oladepo «informel». Mais, reconnait-il, le système est «ouvert» et «démocratique» et les productions se font sans cesse.
«Jusqu’aujourd’hui, Nollywood ne reçoit aucune aide du gouvernement nigérian», a témoigné le Nigérian Jahman.
«La dévaluation de Naira dans les années 1980 suivie d’un plan d’ajustement structurel a plombé l’aide à la culture. Le financement des productions vient du secteur privé», précise-t-il.
Pour Jahman, le regard sur les films de Nollywood doit changer parce que ceux diffusés sur les écrans, «représentent le vieux Nollywood». Ce sont des films qui datent de dix ans. Dans le nouveau Nollywood qui est constitué des nouvelles productions, Jahman souligne la qualité du script, de l’image, le jeu des acteurs, etc.
Nollywood ne répondant pas aux normes européennes, il propose des standards propres aux Africains. «Il faut pouvoir trouver des standards propres aux valeurs africaines. Ce sont des films produits par des Africains et consommés par des Africains», plaide-t-il.
«Nous avons pris possession de nos écrans et c’est à saluer. Nous allons nous fonder là-dessus pour que le cinéma ivoirien et d’une manière générale le cinéma africain s’appuie sur l’expérience du cinéma nigérian», a soutenu le cinéaste Fadika Kramo Laciné, par ailleurs directeur de l’Office nationale du cinéma de Côte d’Ivoire.

Koné Saydoo

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