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Politique Publié le mercredi 22 avril 2015 | AIP

Interview/Renouvellement des bases du RDR, cohésion sociale à Yopougon, essor communes ivoiriennes : Gilbert Kafana Koné fait le grand déballage

© AIP Par Atapointe
Visite d`Etat dans le district des Savanes: Le Président Alassane Ouattara à Ferkessédougou
Dimanche 7 juillet 2013. Le Président de la Republique, Alassane Ouattara a échangé avec les populations de Ferkessédougou au cours d`un meeting, en présence du Président de l`Assemblée nationale et de plusieurs membres du gouvernement. Photo: Gilbert Kafana, maire de Yopougon
Gilbert Kana Koné est le député-maire de Yopougon, mais également secrétaire général adjoint chargé de l'organisation, de l'administration et du patrimoine du Rassemblement des Républicains (RDR, parti au pouvoir), et président de l'Union des villes et communes de Côte d'ivoire (UVICOCI). De retour d'une tournée de mobilisation et d'information pour le compte de son parti dans la région de Bondoukou, M. Kafana Koné s'est confié, sans détour, à l'AIP pour dresser le bilan de cette mission, mais aussi pour aborder d'autres questions, notamment le renouvellement des bases du RDR, et sa vision pour l'essor des villes ivoiriennes. Entretien.

AIP : Monsieur le député-maire, vous rentrez fraîchement d’une tournée de Bondoukou, une zone où votre parti, le RDR, peinait à s’imposer à cause de perpétuelles crises internes de leadership entre ses cadres et militants locaux. Qu’en est-il à ce jour ?

Gilbert Kafana Koné : Je voudrais vous remercier. Ce que j’ai pu constater sur le terrain par rapport au parti, vous savez que l’année dernière il y a eu des élections des secrétaires départementaux, et dans bon nombre d’endroits, il est arrivé à la tête de nouvelles personnalités. En ce qui concerne Bondoukou, je suis arrivé sur un terrain qui a complètement changé. La première des choses, nous étions dans une zone où il n’y avait pas d’élu. Et aujourd’hui, nous avons des députés, des maires. Ce qui montre déjà le nouveau visage du parti. La deuxième raison, c’est qu’avec le nouveau départemental, j’ai constaté qu’il avait une prise en main du parti, qu’il avait des rapports de proximité avec les militants, avec les électeurs, et qu’il n’hésitait pas à mettre ses moyens à la disposition du parti. Il a par exemple doté chaque section de bâche de chaises, de chaises, et même, il a apporté un appui à des départements voisins. Et donc, partout où je suis passé, il a été relevé chaque fois cette action du secrétaire départemental de Bondoukou. Contrairement au passé, j’ai trouvé une symbiose entre les cadres, les élus de Bondoukou ; ce qui est totalement à l’inverse de ce que nous avons pu vivre par le passé.

AIP : Quels enjeux particuliers peut représenter ce retour à cette "symbiose" au sein du RDR-Bondoukou ?

GKK : Vous savez, l’objectif de cette tournée que j’ai effectuée dans la région de Bondoukou, qui entre dans un vaste programme de remobilisation et d’information initié la direction du parti, était surtout de sensibiliser nos militants par rapport aux acquis des quatre ans de pouvoir du président de la République (Alassane Ouattara), et d’entretenir la population par rapport aux perspectives, notamment les élections prochaines. Et par rapport au message concernant le chef de l’Etat, j’ai constaté que j’ai poussé une porte qui était déjà ouverte. Les populations étaient déjà acquises. Chacun appréciait le travail du gouvernement et du président de la République, mais surtout s’est inscrit dans l’appel de Daoukro. Partout dans ma tournée, tous les partis du RHDP étaient représentés, et ça a toujours été le même message. Les chefs, les rois, m’ont demandé de rassuré le chef de l’Etat, et qu’en ce qui les concerne, aucune voix ne lui fera défaut aux élections d’octobre 2015. C’est tout ça l’enjeu du retour à la symbiose entre les cadres et militants de Bondoukou, car rassemblés, ils parviennent à mieux faire passer le message et à susciter plus d’adhésion autour de l’action du chef de l’Etat.

AIP : Au point qu’un village de la région, autrefois majoritairement proche de l’ex-majorité, c’est-à-dire le FPI (Front populaire ivoirien), vous ait annoncé son virement au RDR ?

GKK : Je ne sais pas de quel village vous parlez…

AIP : Des journalistes locaux qui l’on pourtant annoncé…

GKK : A aucun moment nous n’avons parlé de basculement de militants du FPI au RDR. Mais en revanche, partout où je suis passé je n’ai vu aucune réticence.
AIP : Pour en revenir à votre fonction de secrétaire général adjoint chargé de l’organisation, l’administration et du Patrimoine du RDR, savez vous que certains militants grognent et réclament le renouvellement des bases après celui des départementaux ?

GKK : J’avoue que je ne m’offusque pas de petites difficultés et de conflits qui peuvent exister par-ci par-là. Concernant le renouvellement des structures de base, le travail est en train de se faire sans beaucoup de tapage. Chaque fois qu’une équipe de la direction va en mission à l’intérieur du pays, il y a une équipe du secrétariat national chargé de l’installation des comités de base et des sections qui l’accompagne, et parallèlement, qui s’occupe de l’information, la sensibilisation des responsables par rapport à l’articulation des sections, à la mise en place des comités de base, de manière à ce que le travail que nous avons commencé depuis les années 2005 se poursuive. Donc à ce niveau, le secrétariat national assume cette tâche sans tapage. Qu’il puisse avoir de petites frictions par rapport au renouvellement des base, je pense que ces tout à fait normal, même si je n’ai pas connaissance de friction majeure. Là où il n’y a pas de petit heurt, c’est qu’il n’y a pas d’ambition. Donc je considère que c’est l’engouement de servir, de se positionner dans le parti qui est à l’origine de ces frictions, mais sans que cela ne crée de véritables divisions.

AIP : Mais il y a lieu de reconnaître que la plupart des secrétaires de section ont trop duré à leur poste…

GKK : Que des secrétaires de section aient trop duré, je ne vois pas en quoi cela pose problème. On ne donne pas de top départ pour le renouvellement des sections. Il n’y a pas de période consacrée à ça. Les renouvellements se font en fonction des opportunités, et de l’intérêt à le faire. Nous avons des priorités, celles de préparer des élections. Et la priorité aujourd’hui n’est pas de remplacer X par Y. Donc il appartient aux secrétaires départementaux de voir là où il y a des dysfonctionnements, de prendre leur responsabilité et faire en sorte que cela soit corrigé. Pour le reste, enlever des anciens pour les remplacer par des nouveaux, ce n’est pas la préoccupation du parti. Nous nous sommes en période électorale, c’est pour cela que le renouvellement des structures doit se faire dans la plus grande discrétion et surtout en regardant l’efficacité sur le terrain. Il faut considérer que nous sommes en campagne.

AIP : A cette allure, Monsieur le député-maire, vous donnez raison aux militants estiment que le RDR est en train de s’effacer au profit du RHDP (Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix, coalition au pouvoir)…

GKK : Non pas du tout, bien au contraire. Je ne vois pas du tout cela, parce que les uns et les autres se plaignent même que le RHDP ne fonctionne pas bien, alors on ne peut pas dire que le parti est en train de s’effacer pour le RHDP.

AIP : Autre sujet, depuis un peu plus d’un an vous êtes le maire de Yopougon, une commune qui a beaucoup souffert des affres de la crise postélectorale. On constate beaucoup de grands travaux depuis quelques mois dans la commune, mais cela suffit-il pour semer la réconciliation parmi vos administrés qui restent encore marqués par cette période douloureuses ?

GKK : D’abord mon rôle de maire est de répondre aux préoccupations des populations en fonction de nos moyens. Et c’est ce que nous nous sommes attelé à faire depuis notre élection. Que Yopougon soit en chantier, c’est la volonté du gouvernement, la volonté du chef de l’Etat de changer le visage de Yopougon comme il le fait pour l’ensemble du pays. Donc ces travaux qui sont en cours sont le reflet de la concrétisation de cette ambition-là. Et je voudrais donc saluer le chef de l’Etat qui a bien voulu permettre que ces travaux, ces chantiers que tout le monde apprécie à Yopougon, qui se déroulent de façon satisfaisante. En ce qui concerne la réconciliation, il faut que vous sachiez qu’ici à Yopougon, nous misons plus sur la cohésion sociale. Et justement la réalisation de ces routes, ces bâtiments, etc. entre dans ce cadre. Construire des routes et des bâtiments, c’est ce qu’il y a de plus facile. Il suffit de trouver les moyens et les choses arrivent. Tout est une question de temps. La question de la cohésion sociale c’est le point le plus délicat parce que c’est ce point-là qui conditionne toutes nos actions, toute notre ambition de réaliser le vivre-ensemble. Donc c’est pour cela que je considère que c’est un point essentiel, et que c’est un point extrêmement important sur lequel nous devons mettre l’accent. Parce que les résultats dans ce domaine n’arrivent pas facilement, ne sont pas très visibles, et pourtant, c’est ce qui est le plus durable et qui conditionne le développement. C’est pourquoi, parallèlement à ce qui est en train de se faire et qui est visible, nous sommes en train de mettre l’accent sur la cohésion sociale.

AIP : Dans ce même cadre vous avez réhabilité l’école primaire SICOGI 6 au quartier SIDECI, qui avait été transformé en base militaire par des miliciens durant la crise postélectorale. Et ce qui est particulier, c’est que ces travaux ont été exécutés par des ex-combattants de tous bords ? Justement sur cet exemple concret, quel message Yopougon veut donner à l’extérieur ?

GKK : Oui, quand nous disons que nous travaillons sur la cohésion sociale, ce n’est pas seulement les équipes d’action citoyennes qui sont mises en place, mais justement apprendre à faire ensemble, à réaliser ensemble des actions d’intérêt commun, et permettre aux uns et au autres de se fréquenter, de se parler, et de comprendre qu’au fond, nous avons un destin commun, nous avons des choses communes qui vont au-delà des divisions artificielles. Donc l’objectif, c’est d'utiliser la construction, la réhabilitation d’une école pour servir la cause de la cohésion sociale. C’est ça le plus important. C’est d’amener les uns et les autres, à travers des actions sociales, de vivre ensemble, agir ensemble. C’était l’objectif à atteindre au-delà même de la réhabilitation de cette école.

AIP : Yopougon la commune martyre, la commune meurtrie, pourra-t-elle vaincre cette division profonde seulement avec des travaux, même d’intérêt général?

GKK : Commune meurtrie, oui ! Je n’aime pas le terme martyre, car vous savez que toute la Côte d’ivoire a été martyre. Grâce à toutes les actions menées par le gouvernement, les plaies sont en train de se panser tout doucement à Yopougon, comme la question de la réconciliation nationale au plan nationale. En tout cas de moins en moins, nous mettons l’accent sur ce qui nous a divisé, pour de plus en plus nous mettre autour de ce qui nous unit, afin de bâtir l’avenir.
AIP : Yopougon a donc son propre plan de réconciliation ?

GKK : Nous l’appelons cohésion sociale. Nous ne l’appelons pas réconciliation, pour ne pas mettre l’accent sur ce qui nous a divisé. Parce que la cohésion sociale est une action permanente. Pour vivre ensemble, il faut que nous bâtissions cette cohésion sociale-là. Et c’est une action qui fait partie de la mission du maire en général. Autant il es chargé d’un certain nombre de compétence, notamment l’école, la santé etc., la cohésion sociale fait partie de ses actions.

AIP : Mais aussi la mission du maire, c’est d’aller sur les marchés financiers pour mobiliser des ressources pour maximiser le développement de sa localité. Quand allez-vous franchir ce pas ? Car Yopougon regorge tout de même importantes potentialités. C’est quand même la deuxième plus de zone industrielle d’Afrique de l’Ouest, la plus grande et la plus peuplée commune d’Abidjan qui à lui seul représente selon des experts plus de 60% du PIB de la Côte d’Ivoire…

GKK : Oui je vous comprends, mais pour la mobilisation des ressources, nous agissons dans le cadre qui nous est imparti légalement. Pour l’instant, aucune commune de la Côte d’Ivoire n’est habilitée à aller sur le marché financier pour mobiliser des ressources, pour aller s’endetter. Nous n’en sommes pas là. Même le district d’Abidjan, n’est pas encore autoriser à la faire. Pour le moment, c’est l’Etat qui est habilité à aller sur les marchés financiers. Je crois que nous devons nous inscrire dans le long terme. Au moment opportun, l’Etat pourra apprécier et décider qui pourra aller emprunter sur le marché financier. Sinon je ne crois pas que ce soit pour demain. Le fait d’être arrivé à nous s’endetter auprès des banques est déjà une bonne chose. Mais aller sur les places financière, je ne crois pas que ce soit le moment.

AIP : A ce rythme, on se demande à quand l’émergence de nos villes, surtout qu’elles ne fonctionnent que sur la subvention de l’Etat et des recettes fiscales qui ne sont pas toujours évidentes? Vous qui êtes président de l’Union des villes et communes de Côte d’Ivoire (UVICOCI), comment vous accompagner les communes pour leur essor ?

GKK : Au niveau de l’UVICOCI, nous voulons faire en sorte que les villes et communes de Côte d’Ivoire perçoivent l’intérêt de l’Union. Nous assurons notre action d’accompagnement des maires dans leurs activités de tous les jours. Et c’est sur cela que nous sommes en train de travailler. De faire en sorte que la coopération décentralisée s’affirme tous les jours, tant entre les communes de Côte d’Ivoire, qu’entre les communes de Côte d’Ivoire et les celles de l’étranger. C’est en cela que nous devons mettre l’accent sur les jumelages, et aussi l’intercommunalité que nous saluons, et appelons les communes à fédérer, à mettre ensemble un certain nombre de moyens pour pouvoir se mettre ensemble sur des objectifs communs ; donc mutualiser nos moyens. C’est ce que nous essayons de faire pour rendre plus concret l’intérêt des communes de Côte d’Ivoire.

(AIP)

Interview réalisé par Traoré Mamadou
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