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Société Publié le jeudi 30 avril 2015 | L’intelligent d’Abidjan

Sow Mariam, présidente de la COFA: « Les organisations féminines sont trop basées sur la politique politicienne »

Mme Sow Mariam est la présidente nationale et internationale de la Confédération des organisations féminines africaines (COFA). Dans cette interview, elle présente cette faîtière qu’elle veut apolitique, pour ne consacrer ses efforts qu’à la lutte pour l’émancipation des femmes.

Pouvez-vous nous faire une présentation de la COFA et des objectifs qu’elle s’est assignée?
La COFA a pour objectif principal de promouvoir le développement économique et social de la Femme africaine. Nous luttons pour la promotion du genre féminin. Nous favorisons dans le même temps, le développement des minorités c’est-à-dire l’assistance des couches minoritaires et vulnérables composées essentiellement des femmes. Etant donné que le troisième millénaire est celui des femmes, il faut qu’elles puissent s’exprimer pour sortir de la pauvreté dans laquelle elles demeurent depuis plusieurs décennies. Il faut dire que la pauvreté se ressent surtout au niveau des femmes.

La COFA est-elle une micro-finance, une ONG ou une faîtière d’ONG?

La COFA n’est pas une micro-finance mais une faîtière d’organisations féminines. Mais, les micro-finances sont en collaboration avec nous pour accompagner les femmes. A ce titre, nous avons entrepris des démarches pour permettre à près de 150 femmes membres de la COFA d’avoir des financements pour leur projet. Et c’est justement pour leur faciliter la tâche dans l’exercice de leur profession souvent commerciale, que nous essayons d’installer des représentations de la COFA dans des pays comme le Mali, le Burkina, le Sénégal, le Bénin, le Togo, le Ghana, le Rwanda et le Cameroun où nous avons déjà des points focaux.

Depuis quand êtes-vous à la tête de la COFA ?

Je suis la présidente de la COFA depuis le 22 mars 2014. Cela fait quasiment un an.

Comment êtes-vous arrivée à la tête de la COFA et jusqu’à quand court votre mandat ?

Comme toute organisation, je suis arrivée à la tête de la COFA à la suite d’une élection. C’est donc au cours d’une Assemblée générale que j’ai été élue par les présidentes des organisations féminines. Je suis la deuxième présidente de la Confédération. Je suis élue pour un mandat de 5 ans renouvelable autant de fois.

Quelles sont les grandes actions que vous avez menées en une année de présidence et comment pouvez-vous juger votre bilan ?

Depuis que je suis présidente, la lutte que j’ai engagée est d’abord de faire connaître la Confédération. Dans ce cadre, nous avons fait des tournées dans toute la Côte d’Ivoire. Nous avons installé des représentations dans quelques régions. Juste après ma nomination, nous avons pu installer par exemple la représentation de la région du Gôh. Cela, pour nous rapprocher de ce que les populations vivent au quotidien. Nous avons donc jugé bon d’installer plusieurs sections pour qu’à partir de la base, nous reviennent toutes les situations que les femmes vivent en organisation. Avant ces installations, nous avons des points focaux qui font un travail de terrain qui consiste à recenser les organisations d’une région donnée. Pour nous, ces installations sont une porte ouverte pour présenter la Confédération et montrer l’intérêt que les femmes ont à se mettre ensemble. Donc, nous avons d’abord installé des représentations dans 5 régions : le Gôh, l’Agneby-Tiassa, le Tchologo, le Guémon et le Cavally. A ces installations, nous avons eu l’occasion de bien expliquer ce qu’est la COFA et comment être pris en compte. Car, il est important que les femmes soient informées sur leurs potentialités et la nécessité de se mettre ensemble, au regard de leurs activités et ce qu’elles peuvent en tirer. Elles ont donc été formées en Comptabilité simplifiée, au montage de projet et en mobilisation des ressources internes. Par cette formation, j’ai voulu qu’elles soient conscientes de leurs acquis, indispensables pour qu’elles soient accompagnées par des partenaires.

Comme vous l’avez dit, vous menez des actions qui nécessitent d’énormes moyens financiers. Comment trouvez-vous ces moyens ? En dehors de l’ONUCI, bénéficiez-vous parfois de financement de la part des hommes politiques?

Comme toute organisation, la COFA vit des cotisations mensuelles de ses membres. Il faut préciser que ce sont les organisations membres de la COFA qui cotisent et non les membres de ces organisations à titre individuel. En tant que présidente, je fais parfois des efforts financiers supplémentaires. J’en appelle quelquefois aussi à la bonne volonté des présidentes des organisations membres de la COFA, en plus de leurs cotisations mensuelles. Ce sont ces cotisations extraordinaires qui nous permettent d’effectuer nos déplacements par exemple. Aucun homme politique ne nous accompagne.

Comment justifiez-vous alors la récente présence du ministre d’Etat, Dosso Moussa à l’une de vos cérémonies d’investiture ?

Il faut dire que le ministre d’Etat, Dosso Moussa est le maire de Mankono. Et lorsqu’on doit aller installer une base dans une région, la COFA a pour habitude d’adresser un courrier d’information et d’invitation à la préfecture ainsi qu’à la mairie. C’est à la suite de ce courrier adressée à la mairie de Mankono et non personnellement au maire Dosso Moussa, qu’il a entendu parler de notre Confédération. Lorsque nous arrivons dans une région, nous allons également nous présenter de visu aux autorités. C’est ce que nous avons fait à Mankono. Il faut noter aussi qu’à Gagnoa, nous avons été reçues par le Conseil régional. A guiglo, nous avons été reçues par le maire et le préfet. Ce fut le cas à Duékoué et à Daloa où nous avons rencontré les autorités. Pour dire que c’est dans les habitudes de la Confédération d’aller rencontrer les autorités de la région où elle doit installer ses représentants. C’est dans ce cadre que nous avons été reçues par Monsieur Dosso Moussa à son domicile. Cela a été un honneur pour moi. Il a cherché à comprendre ce qu’est la COFA. Nous le lui avons expliqué.

Comment procède la COFA pour désigner ses représentantes dans les localités et hors de la Côte d’Ivoire ?

La responsabilité à la tête de toute organisation n’est pas facile. C’est pourquoi, nous donnons la latitude à celles qui sont intéressées par la Confédération de nous contacter par le biais des TIC : les réseaux sociaux (notre compte twitter, le site internet de la Confédération). Pour être désignée comme la représentante de la Confédération dans une région, il faut être présidente d’une organisation féminine. C’est le préalable. Et en tant que présidente d’une organisation, si vous pensez que vos objectifs sont pris en compte par la Confédération et que vous formulez votre demande de l’intégrer, nous apprécions votre démarche. Cela, au regard de la manière dont se présente votre organisation. En dehors de la Côte d’Ivoire par exemple, nous cherchons à savoir si l’organisation est reconnue et si elle a déjà mené des actions.

Pensez-vous pouvoir atteindre tous les objectifs que vous vous êtes fixés pour ce premier mandat?

Je me bats pour cela et j’espère y parvenir avant la cinquième année. Mon objectif est de parvenir à accomplir tout ce que j’ai promis aux femmes au bout de 4 ans, pour que la cinquième année soit uniquement consacrée à mon bilan.

Avez-vous un appel à lancer aux femmes et organisations pour qu’elles s’intéressent davantage à la COFA ?

J’ai constaté durant ma première année d’exercice que le milieu des femmes est trop politique. Les femmes s’adonnent trop à la politique à telle enseigne qu’elles oublient pratiquement l’essentiel de leur vie. Les organisations féminines sont trop basées sur la politique politicienne. Et c’est vraiment un problème que je rencontre lorsque je me déplace pour les installations. Il arrive même qu’elles se braquent contre la Confédération, pensant qu’il s’agit d’un instrument politique qui veut leur ravir leur place. J’aimerais dire à toutes les femmes que ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Il faut qu’elles comprennent que l’essentiel dans la vie, ce n’est pas la politique politicienne. Je ne dis pas forcément qu’elles doivent se détacher de la politique parce que chacune fait son choix.

A.A
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