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Économie Publié le lundi 4 mai 2015 | Le Sursaut

Filière café-cacao /Ces barons qui font marcher la réforme

En moins de trois ans, plus de 3 000 milliards Fcfa ont été distribués aux paysans et 30,5 milliards Fcfa investis dans les villages pour leur développement. Ce résultat a été possible grâce à la bonne collaboration entre le secteur public et le privé.
Massandjé Touré-Liste et Lambert Konan Kouassi, respectivement directeur général et président du Conseil d’administration du Conseil café-cacao et plusieurs opérateurs économiques ont beaucoup apporté à la filière, après la nouvelle réforme. Une synergie qui a permis la redistribution de 3000 milliards Fcfa aux producteurs. Entre 2011 et 2013, 2000 milliards Fcfa ont été distribués en deux campagnes grâce à la mise en place de la plateforme de partenariat public privé, en mai 2012. En 2014, ce sont plus de 1000 milliards Fcfa qu’ils ont perçus. La structure, à travers le Fonds d’investissement en milieu rural, finance l’équipement et la réalisation d’infrastructures sociales de base en milieu rural. Ce sont donc 30,3 milliards Fcfa qui ont été décaissés de 2012 à 2014 pour le développement des villages. A ce jour, la structure de régulation a signé des conventions avec des partenaires du secteur privé en vue de l’amélioration des conditions de travail et de vie des producteurs.

Les initiateurs de la réforme

Massandjé Touré-Liste, directeur général du Conseil du café-cacao est l’une des principales architectes de la nouvelle réforme. Elle est la principale initiatrice du programme Qualité, Quantité et Croissance (2Qc) né en 2009 à Yamoussoukro, alors 2ème vice-présidente du Comité de gestion de la filière café-cacao (Cgfcc). Elle s’est employée à mettre en place un système de traçabilité du cacao, des plantations jusqu’à l’exportation. Cela, pour mieux garantir la transparence dans la filière gangrenée auparavant par des détournements et des dépenses budgétivores. C’est elle qui a tenté de rééquilibrer les rapports de force entre les majors (Cargill, Adm…) longtemps dominantes et les exportateurs nationaux. Ces mesures ont suscité leurs lots de critiques, en décembre 2014. En effet, plusieurs grands opérateurs ont été contraints de revendre une partie de leurs stocks à des sociétés locales de négoce dont la plupart sont en prise directe avec le régime Ouattara. Ainsi, Africa Sourcing, l’entreprise de Loïc Folloroux, le fils de Dominique Ouattara, la firme Agricultural Comoddities de Yasser Ezzedine, un proche de Bédié ou encore Agro West Africa dirigée par Zoumana Bakayoko, le frère du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Hamed Bakayoko comptent parmi les bénéficiaires de ces mesures. Décorée dans l’ordre du mérite agricole français, elle travaille en étroite collaboration avec la Première dame Dominique Ouattara, très engagée dans la lutte contre le travail des enfants dans la culture du cacao. Elle préside le Comité national de surveillance des actions de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants. Devenue proche de la Première dame, elles font souvent des voyages ensemble à l’intérieur du pays comme à l’extérieur. Touré-Litse a toujours travaillé dans la transparence. Président du Conseil d’administration du Conseil du café-cacao, Lambert Konan Kouassi a apporté sa touche à la filière. Ex-ministre d’Agriculture sous Henri Konan Bédié, Lambert Konan Kouassi a renoncé à sa retraite dorée pour venir reconstituer la filière totalement décapitée par les anciens barons. Toujours influent même à la retraite, L.K.K. a bénéficié du soutien du président Guillaume Soro, alors Premier ministre. Il est partisan du maintien de la caisse de stabilisation et du soutien des prix de productions agricoles. Il était très opposé à la politique de libéralisation des prix prônée par le Fmi.

Des exportateurs et transformateurs proactifs
Lionel Soulard apporte sa contribution dans ce secteur. C’est lui qui a introduit Jos de Loor, président de la branche Cocoa & Chocolate de Cargill et Paul Naar, président pour l’Europe, auprès des autorités ivoiriennes. Chaque année, cette structure, filiale du géant américain des ingrédients alimentaires et du négoce de matières premières Cargill, met la main sur 300 000 tonnes de fèves de cacao, soit environ 1/5 de la production nationale. Par ailleurs, Ali Lakys, premier vice-président de l’organisation de la communauté libanaise de Côte d’Ivoire, est bien connu dans le paysage agricole, à travers Saf-cacao. Cette société est devenue l’une des principales exportatrices du cacao en Côte d’Ivoire. La Société Amer et frères cacao, créée en 2004, a réussi à détrôner Cargill avec 140 000 tonnes de fèves embarquées au Port de San Pedro contre 84 000 tonnes pour le géant américain. La même année, il porte sur les fonts baptismaux, une usine de transformation et de broyage, Choco ivoire. L’opérateur économique produit aujourd’hui 35 000 tonnes de liqueur de cacao. En 2014, elle a exporté 170 000 tonnes de cacao et 15 000 tonnes de café robusta pour un chiffre d’affaires de 250 milliards Fcfa.
Quant à Loïc Folloroux, président d’Africa Sourcing Côte d’Ivoire, il compte parmi ceux qui font avancer la filière. Sa société emploie 150 salariés en Côte d’Ivoire et exportera 50 000 tonnes de fèves cette année. Professionnel de la filière depuis de longues années, le fils de Dominique Ouattara a engagé une guerre d’usure contre le « Big Four » (Archer Daniel Midland-Adm-Catgill, Barry Callebaut et Cemoi), en participant activement, avec Derek Chambers patron de négoce de cacao chez Sucden à la création du groupement des négociants internationaux. Dissidente du Groupement professionnel des exportateurs de café et cacao (Gepex), cette organisation est censée défendre les intérêts des traders. Né en Allemagne, l’opérateur économique est venu en Côte d’Ivoire à l’âge de quatre ans.
Zoumana Bakayoko, frère du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Hamed Bakayoko est le neveu de Youssouf Bakayoko, président de la Commission électorale indépendante. Le Franco-libanais Philippe Naka est son adjoint. Cette société s’est vue octroyée l’agrément d’exportateur par le Conseil du café-cacao. L’essentiel de son activité reste concentrée sur les engrais, dont elle a vendu 33 000 tonnes en 2014, lui rapportant un chiffre d’affaires de 12 à 15 milliards Fcfa. Zoumana Bakayoko a signé des contrats avec plusieurs fournisseurs dont Transamonnia (Doubaï), Yara (Norvège) et l’Ocp (ex-office chérifien des phosphates, Maroc). Cette branche désormais stabilisée, il va pouvoir se consacrer au cacao en 2016 afin de monter en puissance dans la filière. Il s’est notamment lancé dans l’achat et l’exportation pour son compte, en fournissant des sociétés telles que Touton SA. Il est ingénieur en sciences de l’informatique. Loïc Biardeau a pris la tête de la Société africaine de cacao (Saco), filiale de Barry Caullebaut, en février 2014. Il représente environ 200 000 tonnes de fèves par an contre quelques 300 000 pour l’américain Cargill. La société, il faut le dire, transforme localement 80% de sa production. Après avoir agrandi son usine de San Pedro en 2008, elle est devenue l’un des premiers chargeurs de cacao ivoirien. En clair, si la filière détruite pendant la libéralisation monte en puissance, c’est grâce à ces personnes et structures.
Romaric Sako
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