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Société Publié le samedi 16 mai 2015 | Nord-Sud

Djibo Nicolas: le fils sur les traces du père

© Nord-Sud Par DR
Ouverture de la foire carnaval de Bouaké
Mardi 07 avril 2015. Bouaké. L`édition 2015 de la foire carnaval de Bouaké a ouvert ses portes en présence du maire de la ville, Djibo Nicolas (photo).
Djibo Sounkalo, 1er maire de Bouaké décédé depuis plusieurs années devrait certainement être fier de son fils Youssouf Nicolas.

Du 5 au 12 avril dernier, 29 ans après sa dernière foire, Bouaké organise une foire carnaval. A l’apothéose le 12 avril, à la place de la  foire, un vaste défilé se termine par l’incinération du ‘’vieux Papa Carnaval’’. Les anciens des années 70 qui sont présents à cette fête se croient sous la gouvernance du maire Djibo Sounkalo. « C’est comme si c’était au temps du vieux Djibo Sounkalo», lâche un vieillard à son promotionnaire. Sous notre regard, les deux nostalgiques parlent du bal masqué, de la piscine municipale, du concours miss carnaval de Bouaké et de l’Orchestre de la fraternité ivoirienne (Ofi) qui ont meublé l’ère de Djibo père. Le week-end suivant l’apothéose du carnaval, Camara Thomas, directeur général de la Sir et maire de Katiola, invité à une rencontre de l’Initiative Libérale de Côte d’Ivoire (ILCI) déclarait : « Djibo fils est sur les pas de Djibo père ». Mais qui est ce Djibo qui veut marcher dans les pas du père ? Seul de la fratrie à s’intéresser à la politique, Djibo Youssouf Nicolas est devenu maire de Bouaké à l’issue des élections du 21 avril 2013. En accédant à cette fonction, le père de deux enfants, parvenait ainsi à battre un record : succéder à son père à la tête de la mairie de Bouaké. Ainsi, le chrétien catholique Djibo Youssouf contribue à confirmer l’adage : «tel père, tel fils ». Pourtant, l’actuel président de la Cham­bre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire, né le 16 août 1949 à Bouaké, n’était pas prédestiné à faire de la politique. Son père, comme son compagnon de lutte Félix Houphouet-Boigny s’était évertué à orienter ses progénitures dans divers domaines autres que la politique. C’est ainsi que certains de ses frères et sœurs sont devenus médecins, pharmaciens, notaires ou  diplomates.  Djibo Nicolas  qui a les traits physiques de son père, voulait faire carrière dans le management. Très tôt à l’âge de 6 ans, le petit ‘’Nico’’, alors fils d’instituteur, part à l’école primaire Irdo Air France 1-Bouaké. Après le Cepe et le concours d’entrée en 6e à Béoumi où il poursuit ses études, chez un ami de son père, le jeune Nicolas se retrouve en France. Dans l’Hexagone, il obtient le Bepc puis le Bac D en 1968, avec la mention « Bien ». Resté à Paris, il s’inscrit à l’université de la Sorbonne. Après une maîtrise en économétrie, inscrit au 3ème cycle universitaire, Djibo Nicolas obtient un Diplôme d’études supérieures (Des) en Gestion. Rentré au pays quelques années plus tard, il travaille à la Socitas puis aux Etablissements Robert Gonfreville (ERG) où il termine Directeur général. Il assure également la représentation de la filière textile de transformation de la fibre de coton en Côte d’Ivoire (COTIVO, FTG, UTEXI). Féru des nouvelles technologies de la communication et de management, l’homme retourne à l’école. En juin 1991, Nicolas Djibo obtient un Certificat de perfectionnement en administration. Pendant la même période, il se jette dans le marigot politique ivoirien. Comme tous les cadres du Rdr, sa famille politique actuelle, il fait ses premières armes au Pdci-Rda. Membre du bureau politique du parti doyen, Il finance les campagnes des cadres du Pdci-Rda à Bouaké. En 1994, il crée une section locale du Cercle national Bédié (CNB) qui soutient l’ex-chef de l’Etat Henri Konan Bédié. Cette structure contribue grandement à  l’élection en 1995 du sphinx de Daoukro. Cet engagement pour le Pdci-Rda ne le met pas à l’abri des démons de  l’ivoirité. Aux élections de 1995 et de 2000, le parti doyen refuse de le parrainer. Pour l’écarter, ce sont ses origines qui sont mises en avant (Son père était originaire du Burkina Faso, et sa mère du Bénin, ndlr). Débute alors pour lui, une longue hibernation politique. Il se tourne vers le monde économique, industriel et commercial. Sur la liste victorieuse de Jean-Louis Billon, il est désigné 1er vice-président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire. De 2002 à 2006, il est membre du Conseil d’administration du Port Autonome d’Abidjan. L’année suivante, il intègre le  Conseil d’administration de la Banque nationale d’investissement (BNI).

Maire Mangellan

En dépit de la rébellion qui sévit à Bouaké, Djibo Nicolas rallie hebdomadairement Bouaké à bord de sa voiture. Certains agents des ex-Forces de défense et de sécurité (FDS),  le soupçonnent de ravitailler l’ex-rébellion armée. En 2006, il officialise son attachement au Rassem- blement des républicains (Rdr) présidé par Alassane Ouattara. L’actuel maire de Bouaké, croyait déjà aux capacités éco-diplomatiques de l’ancien Dga du Fmi. Il est sur tous les fronts aux côtés de son ainé Fanny Ibrahima, pour la cause du Rdr. Le 7 août 2011, Djibo Youssouf Nicolas est décoré officier dans l’ordre du mérite national ivoirien. En 2013, lors des élections municipales, le maire sortant Fanny Ibrahima décide de rempiler. C’est la scission au sein du Rdr à Bouaké. Le parti à la case refuse de parrainer  Djibo au profit de Fanny qui a implanté le Rdr dans la région. Mais l’actuel président de la fondation Ariel Glaser pour la lutte contre le Sida pédiatrique en Côte d’Ivoire ne recule pas. Il se présente en candidat indépendant. Son slogan est « Ensemble, reconstruisons Bouaké ». Son symbole est le fromager. La liste qu’il conduit sort victorieuse au soir du 21 avril 2013. Il devient ainsi le 6ème maire de Bouaké après son père Djibo Sounkalo, Konan Bledou, Konan Antoine, Konan Konan Dénis et Fanny Ibrahima. Investi, Youssouf Nicolas place son mandat sous les auspices de son père et le confie à son prédécesseur Fanny Ibrahima. 

« Ce n’est pas moi le maire. C’est mon aîné Fanny qui est le maire» aime-t-il à dire. Lors des cérémonies, cet homme humble cède volontiers son fauteuil à son prédécesseur. Il aime à dire à ses collaborateurs que Fanny est le Pca de la mairie et lui en est le Dg. Pour le rayonnement de son parti politique, il met à la disposition du Rdr à Bouaké un siège flambant neuf. Les factures d’eau et d’électricité ainsi que la paie du personnel sont à ses frais. Selon Ismaël Ouattara, membre du Grand Conseil régional du Pdci à Bouaké,  Djibo Nicolas est « le coordonnateur idéal que le Rhdp devrait se donner à Bouaké pour conduire Alassane Ouattara vers une victoire certaine en octobre 2015». A l’entendre, l’actuel maire  est « un homme du consensus pour toutes les chapelles politiques de Bouaké». Après le carnaval, Nicolas Djibo veut faire renaître le zoo et la piscine municipale. A ses heures perdues, le maire aime la pêche et la chasse. « Il s’adonne à la chasse et à la pêche dans son ranch du ‘’Dapra’’ à 15 km sur l’axe Bouaké-Béoumi. C’est un très bon chasseur », révèle Eric N’Da qui le considère comme un «père». Homme d’ouverture régionale, il intègre un « forum des villes secondaires» qui a regroupé récemment à Bouaké huit maires de l’espace Uemoa. Côté hobbies, le conseiller spécial du secrétaire général par intérim du Rdr, adore le golf, et raffole de la musique de Tiken Jah Facoly. Il aime la couleur bleue, mais accorde peu d’intérêt à la mode et au grand luxe. Bien qu’il ait grandi en Occident, ce collectionneur de tableaux d’art se veut un homme du peuple. « Sa simplicité nous dérange parfois», proteste un membre de son protocole. Il cède volontiers des bolides à ses connaissances quand lui-même circule dans des véhicules ordinaires. Il n’est pas rare de le voir à un feu tricolore au volant de sa voiture. Souvent, on l’aperçoit aussi pousser un chariot dans les supermarchés de la place, en compagnie de sa discrète épouse. Youssouf Nicolas   qui n’aime pas les retards, voyage beaucoup à travers le monde. Il n’y a pas de continent qu’il n’ait pas parcouru. D’où son sobriquet de « maire Magellan». «Etant président de la Cham­bre de Commerce et d’Industrie, je suis constamment au front pour toute la Côte d’Ivoire. Cela me prend du temps, souvent au détriment de Boua­ké », reconnaît-il.

« Mais si nous avons pu avoir un financement pour reconstruire notre marché central, c’est grâce à l’un de mes voyages aux côtés du chef de l’Etat », a-t-il répondu récemment à un confrère. Son élection à la tête de la mairie a suscité beaucoup d’espoir. Toutefois des murmures se font entendre deux ans après le début de son mandat. Les populations attendent avec impatience la construction du marché central ainsi que d’autres infrastructures promises pendant la campagne. Selon l’un de ses collaborateurs, la construction du marché tarde car l’option d’un financement privé en ‘’Build operate transfer’’ (BOT) a été abandonnée. Grâce à l’appui du président de la République, le marché central sera construit en 2017 à partir d’un financement public, a-t-il rassuré. Henriette Konan Bédié l’apprécie beaucoup pour ses actions dans l’humanitaire et ses collections de peintures d’art. Selon des témoignages, il a offert à l’ex-Première dame des tableaux de sa collection privée. Djibo est-il candidat à sa propre succession ? Aucun membre de son staff ne veut répondre à cette question. « Il ne se prononcera qu’après la réélection de son mentor Alassane Ouattara qui le préoccupe plus que toute autre chose en ce moment », révèle un de ses confidents.


Par Allah Kouamé à Bouaké
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