Dark Forest (Liberia) - Peter Kollie, 20 ans, cherchait de l’or dans une forêt du Liberia lorsque l’effondrement du puits de mine qu’il creusait l’a englouti avec ses espoirs de richesse, qui animent aussi des milliers de ses compagnons d’infortune, y compris des enfants.
Le jeune homme connaissait les risques, comme tous les chercheurs d’or de cette région du Sud-Est frontalière de la Côte d’Ivoire, poussés par la pauvreté et le désespoir vers les mines clandestines, assure Lomax Saydee, un de ses collègues et membre d’une association de jeunes.
"Dans des cas pareils, nous ne pouvons rien faire. Nous laissons le corps et quittons le site pendant un certain temps", affirme M. Saydee à une équipe de l’AFP qui s’est rendue sur place à Dark Forest, dans la province de Grand Gedeh, où l’extraction de l’or alluvionnaire connaît un essor incontrôlé.
"A notre retour, nous déblayons et généralement, nous découvrons une énorme quantité d’or dans la zone où le mineur a été enseveli. C’est un peu comme si parfois on creusait notre propre tombe, en quelque sorte", ajoute-t-il.
A contrario de l’exploitation aurifère traditionnellement pratiquée dans le pays, à petite échelle et par les populations locales, à Dark Forest, des Libériens de tous âges, mais aussi des réfugiés des violences politiques de 2010-2011 en Côte d’Ivoire, s’éreintent à creuser des galeries parfois profondes de dizaines de mètres.
Ils en remontent des mottes de terre dans lesquelles ils recueillent les particules d’or, qui sera transporté clandestinement, généralement par des commerçants, vers Monrovia, la capitale, ou en Guinée et en Côte d’Ivoire.
Fondu et transformé en lingots, le précieux métal passera ensuite en contrebande vers les Emirats arabes unis.
Officiellement, le Liberia, pays ouest-africain parmi les plus pauvres de la planète, a exporté 416,5 kg d’or - d’une valeur estimée à 16,5 millions de dollars (près de 15 millions d’euros) - durant les trois premiers trimestres de 2013 mais selon des sources au sein de la profession, la production annuelle est probablement plus proche de 3 tonnes.
Le gouvernement assure en tirer peu de recettes - environ 500.000 dollars (près de 440.000 euros) en 2013 - et les courtiers officiels se plaignent de la concurrence de négociants illégaux et de leurs agents en Afrique de l’Ouest.
- ’Je veux aller à l’école’ -
Mais les plus mal lotis sont les mineurs eux-mêmes, qui gagnent parfois quelques dollars par jour et souvent rien, vivant dans des campements de toile dont les plus reculés manquent des services de base et sont surpeuplés.
Au coeur de Dark Forest, le camp de Benin regroupe environ 3.000 mineurs, certains très jeunes.
"Je veux aller à l’école, mais il n’y a personne pour payer mes frais de scolarité, mes parents ne travaillent pas. Depuis que je suis né, je n’ai jamais vu une salle de classe", soupire Jasper Tomapu, 12 ans, en sueur, avec à la main une pelle visiblement trop grande pour lui.
Pas d’école non plus pour Moses Kerkula, 8 ans, qui explique être devenu orpailleur pour avoir "de quoi acheter des vêtements".
Les autorités et l’ONU avaient décidé en 2012 de suspendre l’orpaillage alluvionnaire dans les régions frontalières mais la mesure est restée lettre morte.
En cause, selon les Nations unies, les mauvaises infrastructures, l’isolement de nombreuses mines et le manque de fonds pour déployer les fonctionnaires nécessaires.
De plus, tarir l’unique source de revenus de nombreux jeunes pourrait provoquer des problèmes encore plus graves pour la communauté, reconnaissent les autorités locales.
Arrêter cette activité "sans avoir d’autre emploi à leur proposer", estime Peter Solo, un haut responsable de la province, serait "contre-productif".
D’autant que les jeunes de Monrovia viennent de plus en plus grossir les rangs des mineurs des zones frontalières de la Côte d’Ivoire et de la Sierra Leone.
Las de quémander sa subsistance dans la capitale, Alvin Doe est venu à Benin pour financer son rêve de quitter le pays afin de devenir footballeur professionnel, assurant avoir croisé là nombre de joueurs de clubs réputés.
Comme tant d’autres, il espère tomber sur la pépite miraculeuse qui changera son destin: "Nous demandons à Dieu de nous aider à nous sortir d’ici".
zd/ft/cs/sst/mba
Le jeune homme connaissait les risques, comme tous les chercheurs d’or de cette région du Sud-Est frontalière de la Côte d’Ivoire, poussés par la pauvreté et le désespoir vers les mines clandestines, assure Lomax Saydee, un de ses collègues et membre d’une association de jeunes.
"Dans des cas pareils, nous ne pouvons rien faire. Nous laissons le corps et quittons le site pendant un certain temps", affirme M. Saydee à une équipe de l’AFP qui s’est rendue sur place à Dark Forest, dans la province de Grand Gedeh, où l’extraction de l’or alluvionnaire connaît un essor incontrôlé.
"A notre retour, nous déblayons et généralement, nous découvrons une énorme quantité d’or dans la zone où le mineur a été enseveli. C’est un peu comme si parfois on creusait notre propre tombe, en quelque sorte", ajoute-t-il.
A contrario de l’exploitation aurifère traditionnellement pratiquée dans le pays, à petite échelle et par les populations locales, à Dark Forest, des Libériens de tous âges, mais aussi des réfugiés des violences politiques de 2010-2011 en Côte d’Ivoire, s’éreintent à creuser des galeries parfois profondes de dizaines de mètres.
Ils en remontent des mottes de terre dans lesquelles ils recueillent les particules d’or, qui sera transporté clandestinement, généralement par des commerçants, vers Monrovia, la capitale, ou en Guinée et en Côte d’Ivoire.
Fondu et transformé en lingots, le précieux métal passera ensuite en contrebande vers les Emirats arabes unis.
Officiellement, le Liberia, pays ouest-africain parmi les plus pauvres de la planète, a exporté 416,5 kg d’or - d’une valeur estimée à 16,5 millions de dollars (près de 15 millions d’euros) - durant les trois premiers trimestres de 2013 mais selon des sources au sein de la profession, la production annuelle est probablement plus proche de 3 tonnes.
Le gouvernement assure en tirer peu de recettes - environ 500.000 dollars (près de 440.000 euros) en 2013 - et les courtiers officiels se plaignent de la concurrence de négociants illégaux et de leurs agents en Afrique de l’Ouest.
- ’Je veux aller à l’école’ -
Mais les plus mal lotis sont les mineurs eux-mêmes, qui gagnent parfois quelques dollars par jour et souvent rien, vivant dans des campements de toile dont les plus reculés manquent des services de base et sont surpeuplés.
Au coeur de Dark Forest, le camp de Benin regroupe environ 3.000 mineurs, certains très jeunes.
"Je veux aller à l’école, mais il n’y a personne pour payer mes frais de scolarité, mes parents ne travaillent pas. Depuis que je suis né, je n’ai jamais vu une salle de classe", soupire Jasper Tomapu, 12 ans, en sueur, avec à la main une pelle visiblement trop grande pour lui.
Pas d’école non plus pour Moses Kerkula, 8 ans, qui explique être devenu orpailleur pour avoir "de quoi acheter des vêtements".
Les autorités et l’ONU avaient décidé en 2012 de suspendre l’orpaillage alluvionnaire dans les régions frontalières mais la mesure est restée lettre morte.
En cause, selon les Nations unies, les mauvaises infrastructures, l’isolement de nombreuses mines et le manque de fonds pour déployer les fonctionnaires nécessaires.
De plus, tarir l’unique source de revenus de nombreux jeunes pourrait provoquer des problèmes encore plus graves pour la communauté, reconnaissent les autorités locales.
Arrêter cette activité "sans avoir d’autre emploi à leur proposer", estime Peter Solo, un haut responsable de la province, serait "contre-productif".
D’autant que les jeunes de Monrovia viennent de plus en plus grossir les rangs des mineurs des zones frontalières de la Côte d’Ivoire et de la Sierra Leone.
Las de quémander sa subsistance dans la capitale, Alvin Doe est venu à Benin pour financer son rêve de quitter le pays afin de devenir footballeur professionnel, assurant avoir croisé là nombre de joueurs de clubs réputés.
Comme tant d’autres, il espère tomber sur la pépite miraculeuse qui changera son destin: "Nous demandons à Dieu de nous aider à nous sortir d’ici".
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