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Politique Publié le vendredi 5 juin 2015 | L’intelligent d’Abidjan

Procès des commandants Séka Séka et Jean-Noël Abehi : Ce qui s’est passé hier au Tribunal militaire

© L’intelligent d’Abidjan Par Danielle Tagro
Procès de Abéhi et Séka Séka
Jeudi 4 juin 2015. Abidjan. Ouverture ce matin à 8 heures, à la salle de conférence de l’état-major des Armées au Plateau, du procès des Commandants Jean-Noël Abéhi et Anselme Séka, deux ex-chefs militaires sous l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo.
Pour plusieurs actes qu’ils sont soupçonnés avoir commis pendant la crise postélectorale de 2010-2011, Séka Yapo Anselme (plus connu sous le nom de commandant Séka Séka), ex-aide de camp chargé de la sécurité de l’ancienne Première dame Simone Gbagbo, et Jean-Noël Abéhi étaient présents le jeudi 4 juin 2015 devant le Tribunal militaire avec 7 de leurs frères d’armes. Au cours de l’audience, la lecture de l’ordre de convocation a révélé que de lourds soupçons pèsent sur Séka Séka et ses hommes, en tant qu’auteurs de l’assassinat du chauffeur et des gardes de corps du ministre Joël N’Guessan, présent à ladite audience et dont le nom figure sur la liste des témoins légalement constitués.

L’ordre de convocation lu par le greffier a fait ressortir qu’entendu sur le meurtre de ses gardes de corps et de son chauffeur, le ministre Joël N’Guessan mettait directement en cause le commandant Séka et ses hommes. « Il expliquait que le 5 avril 2011, à l’appel du président Ouattara demandant aux forces de l’ordre de sécuriser la population, il sortait de chez lui pour rendre visite à ses parents en compagnie de 9 gardes de corps avec deux véhicules. Parvenu à l’hôtel “Belle Côte’’ de la Palmeraie, il a été interpellé par une patrouille de militaires. Ses aides de camp sont sortis du véhicule pour décliner leurs identités, mais ils ont été violemment extraits des véhicules et placés sur le goudron. Dans cette position, ayant su qu’il s’agissait du commandant Séka, le ministre se présentait lui-même. Au même moment, il entendait un coup de feu et réalisait qu’un de ses gardes de corps venait d’être abattu par un élément du commandant Séka. Par suite, des échanges de tirs eurent lieu entre la patrouille du commandant et les éléments FRCI. Le commandant Séka mettait tout le monde à l’abri au bas d’un immeuble en construction. L’accalmie revenue, le ministre se présentait à nouveau au commandant Séka Yapo en précisant qu’il est l’oncle de monsieur Stéphane Kipré, gendre de l’ex-Chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Mais contre toute attente, le commandant Séka ouvrait le feu sur le chauffeur du ministre. Ce dernier mourut sur le coup. Le commandant mettait la main dans le sang du chauffeur pour badigeonner le ministre. Peu après, les hommes de Séka Yapo abattaient le deuxième chauffeur et l’autre garde de corps. Après tout ceci, monsieur Stéphane Kipré qui était dans l’un des véhicules du commandant, plaidait pour qu’on épargne la vie du ministre. Puis, la patrouille le conduisait d’abord à la résidence du couple Gbagbo, ensuite au domicile du Premier ministre Charles Konan Banny », a révélé la lecture de l’ordre de convocation.

Par ailleurs, relativement à une blessure dont l’élève officier de gendarmerie Tiapo Nangui Jean Hugues avait été victime de la part du commandant Séka, l’ordre de convocation précise : « L’élève officier de gendarmerie Tiapo Nangui Jean Hugues, entendu, expliquait qu’au sein de l’école de gendarmerie, il inspectait son arme lorsque par inadvertance, un coup de feu en sortait. Interpellé par le commandant Séka, ce dernier lui arrachait l’arme et lui tirait une balle dans son pied gauche ».

Ce qui ressort de l’instruction du commandant Séka Séka
« A propos de la blessure par balles de l’élève officier survenue à l’école de gendarmerie, il (le commandant Séka Séka, Ndlr) précisait que l’individu s’était mis à tirer dans tous les sens, et que c’est en voulant lui arracher l’arme qu’un coup l’atteignait au pied. Sur le champ, il donnait des instructions pour que ce dernier soit conduit à l’hôpital. Après cette situation de l’école, son équipe et lui se rendaient en patrouille à la Riviera pour des courses de ravitaillement en vivres et récupérer certaines personnalités, notamment messieurs Stéphane Kipré et Dallo Désiré pour prendre la direction de la résidence de Laurent Gbagbo. Dans ce quartier, en direction de la CNPS, ses éléments ont subi des coups de feu. Ses éléments en tête de la patrouille ripostaient. (…) Là, il a été informé de la présence dans ces lieux d’un monsieur qui disait être le conseiller spécial de monsieur Alassane Ouattara. Il s’agissait du ministre Joël N’Guessan, l’oncle de monsieur Stéphane Kipré. L’ayant su, il mettait le ministre à l’abri dans le véhicule où se trouvait son neveu Stéphane Kipré, puis le conduisait chez le Premier ministre Banny, après avoir fait un tour à la résidence du couple Gbagbo. Il précisait que les gardes de corps du ministre Joël N’Guessan étaient morts au combat. C’était le 9 avril 2011 et vers 11 heures, débutaient les bombardements des hélicoptères à la résidence présidentielle jusqu’au 11 avril 2011 avec le blocage de toutes les issues de la résidence. Pendant les bombardements, il se refugiait dans une cachette d’où il était extrait pour être conduit par les militaires français à l’ONUCI. De là, il a été mis dans un jet privé par des amis pour sortir de la Côte d’Ivoire en direction d’Accra. Au camp de l’ONUCI, il précisait avoir appelé le général Kassaraté pour lui donner sa position puis le colonel-major Gnaoulé Beugré pour savoir comment rejoindre la gendarmerie. Il ajoutait avoir quitté le pays pour sauver sa vie », a indiqué le greffier dans sa lecture de l’ordre de convocation qui ajoute : « Entendu sur ces nouveaux faits à lui reprochés, le commandant Séka les niait en bloc ».
L’ex-aide de camp chargé de la sécurité de Simone Gbagbo, expliquait également lors de son instruction que jusqu’à la date du 30 mars 2011, il ne se souvenait que de deux faits. Il a affirmé « que se trouvant de façon fortuite en famille, il avait participé à repousser une attaque contre les positions des FDS au Plateau-Dokui. Puis lors d’une patrouille conduite par le colonel Ahouman, il avait participé à repousser une attaque du commando invisible contre les positions de la CRS 1, en compagnie des chefs de la BAE et du CECOS. Il ajoutait que pendant la période postélectorale, sur instruction du commandant du GSPR, le colonel-major Ahouman, et du commandant de la garde républicaine, le général Dogbo Blé, un dispositif de sécurité avait été mis en place aux alentours de la résidence de l’ex-Président Laurent Gbagbo, principalement dans les différents carrefours. Il précisait qu’il était le chef du dispositif mobile dont la mission était de faire des patrouilles dans la commune de Cocody. Un poste de commandement (PC) coordonné par le colonel-major Konan Boniface avait été mis en place. Avec cette organisation, il participait à plusieurs combats pour libérer plusieurs sites dont la RTI et le 3e pont de Yopougon ».

Détournements de deniers et de matériels, arrestations illégales et séquestrations, achats et détention illicites d’armes et de munitions de guerre, meurtres, recel de cadavres et violation de consignes sont les faits d’inculpation retenus contre les 9 prévenus militaires dont 2 étaient absents à cette audience.
« Le 4 mars 2015, le juge d’instruction inculpait le commandant Jean-Noël Abéhi pour les faits sus-cités. Sur ces faits, le commandant Abéhi reconnaissait s’être rendu à l’étranger pour sauver sa vie. Il ajoutait s’être rallié en présence du Premier ministre Guillaume Soro. Il avait déclaré ce jour qu’il se mettait à la disposition de son pays (…) », a souligné cet ordre de convocation.
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