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Société Publié le jeudi 25 juin 2015 | Abidjan.net

Kili Fiacre Fagnidi, Directeur Général de l’Office national de la protection civile (ONPC): ‘’l’incendie de la Pyramide était prévisible’’

© Abidjan.net Par Danielle Tagro
Kili Fiacre Fagnidi, Directeur Général de l’Office national de la protection civile (ONPC): ‘’l’incendie de la Pyramide était prévisible’’
Jeudi 25 juin 2015. Abidjan. Entretien avec Kili Fiacre Fagnidi, Directeur Général de l’Office national de la protection civile (ONPC), au siège de la structure à la Riviera Golf, dans commune de Cocody.
Dans cet entretien réalisé ce jeudi 25 juin, le DG de l’ONPC donne des conseils pratiques sur la conduite à tenir pendant cette saison pluvieuse et revient sur les causes de l’incendie survenu, hier mercredi, à l’immeuble Pyramide, au Plateau.

En prélude à la saison des pluies, l’Office national de la protection civile (ONPC) a organisé le mercredi 15 avril, un atelier de lancement officiel de la campagne de sensibilisation contre les effets néfastes des pluies diluviennes avec tous les acteurs intervenant sur la problématique (sapeurs pompiers, mairies...). Un mois après le début de la saison des pluies, quels sont les résultats du dispositif mis en place?

Un adage dit il vaut mieux prévenir que guérir. Chaque année nous savons que juin est un mois de pluie. Donc pour prévenir les risques engendrés par ces pluies, le 15 avril dernier, le Ministre d’Etat, Ministre de la Sécurité a procédé au lancement de la campagne de sensibilisation à l’endroit des populations non seulement des zones à risques mais des populations du district d’Abidjan. Le message lancé à partir du district s’adressait également à toute la Côte d’Ivoire: dire aux populations n’habitez pas dans ces endroits qualifiés de dangereux par les experts du ministère de la Construction. Les prévisions météo étaient connues. On savait qu’il allait pleuvoir. Au lendemain du lancement, plusieurs équipes ont été constituées. Elles sont allées à la rencontre des populations des zones sinistrées pour leur porter un seul message: ‘’quittez ces zones car vous mettez votre vie et celle de votre famille en danger’’. Pour accompagner cette campagne de prévention, une opération de déguerpissement ordonnée par le gouvernement a eu lieu. Donc déguerpissement et sensibilisation sont les deux actions qui ont été menées sur l’instruction du gouvernement avant la saison actuelle des pluies. Je dirai que nous avons eu un bon retour. C’est vrai qu’il y a eu quelques exceptions mais le retour est positif. A part quelques brebis galeuses comme il y en a toujours.

Justement sur ce point, la pluie a encore tué le week-end à Mossikro. Est-ce que le message que vous lancé est entendu par les populations de ces zones à risques?

Le message est entendu par les populations. La pluie a tué à Mossikro c’est une exception. Cette année la pluie n’a pas tué à ‘’Gobelet’’ et dans la commune de Cocody parce que nous avons procédé à un déguerpissement de ces endroits. La pluie n’a pas tué dans d’autres secteurs. A Mossikro, c’était sur un flan de colline, une zone qui a été déguerpie et qui a été, pour utiliser notre jargon, recolonisée par ces populations emportées par un éboulement suite à des pluies diluviennes. C’est dommage, c’est regrettable. Nous voulons profiter de cet incident pour encore dire aux populations: respectez les recommandations du gouvernement, il y va de votre vie. N’habitez pas ces zones en évoquant des raisons de pauvreté; parce que très souvent c’est ce qu’ils nous disent. Les zones à risques ne doivent pas être habitées. Par le passé, on a eu à les accompagner qui à aller dans son village, qui à habiter ailleurs. Eu égard aux résultats de cette année nous pouvons affirmer que la campagne a porté ses fruits. Nous allons continuer cette campagne. Après Abidjan, dès la semaine prochaine, nous nous proposons de faire la sensibilisation dans d’autres régions de la Côte d’Ivoire.
On nous a signalé ce matin qu’Agboville, l’Agnéby est sorti de son lit. La route de Dabou est coupée, la côtière est difficilement praticable. Ces populations sont dans les eaux mais aucune perte en vie humaine n’a encore été signalée dans ces secteurs. Le gouvernement va dépêcher vers ces populations les structures techniques compétentes. En rapport avec les Conseils régionaux et les mairies nous allons poursuivre la sensibilisation. Comme des enseignants, nous allons parler, nous allons toujours leur parler au nom du gouvernement.

Avez-vous les moyens pour secourir toutes ces zones. Parce qu’on se rappelle encore ce jeune homme qui est mort enseveli dans la boue sur un chantier la semaine dernière. Le chef de l’opération de sauvetage a dit sur les antennes de la télévision nationale que vous n’avez pas les moyens pour intervenir sur le terrain…

Il y a des moyens techniques qui nous font défaut. Mais nous avons recours à d’autres structures publiques ou privées. Lorsque le Groupement des sapeurs pompiers a besoin d’un matériel spécifique qui lui manque, nous nous adressons à d’autres structures privées qui ont ce matériel pour le mettre à notre disposition en vue de faire le travail.

N’est-pas un problème dans l’accomplissement de vos tâches?

Il y a des problèmes de moyens partout. L’ONPC sensibilise, le GSPM intervient, c’est la structure opérationnelle avec les moyens dont il dispose. S’il n’a pas des moyens, il a recours â d’autres structures, c’est un problème qui ralentit notre action. Donc s’il y a un grave accident avec plusieurs blessés que les ambulances du GSPM ne peuvent pas absorber tous les blessés, on a recours au SAMU, on a recours aux formations sanitaires. L’ensemble des moyens dans le cadre du plan ORSEC (Organisation des secours, Ndlr) est mis à la disposition du Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur pour sauver des populations, aussi bien des moyens des structures publiques que des structures privées. C’est l’organisation qui est mise en place en Côte d’Ivoire et c’est cette coordination que joue l’Office national de la protection civile.
Je vois le cas de ce jeune de 35 ans qui a été retrouvé quelques jours plus tard, on a eu recours à l’ONU-CI, à d’autres structures, pour le sortir enfin mais il était déjà mort. Le problème de moyens, il se pose aujourd’hui, il se posera partout. Regardez le tsunami aux États-Unis, les inondations en France, ce n’est pas par un coup de baguette magique ou en une minute que les services de secours arrivent à bout des inondations. Ce sont des phénomènes naturels contre lesquels l’être humain ne peut rien. Il a plu l’année dernière, il pleut cette année et il pleuvra l’année prochaine. Il nous appartient de suivre les consignes du gouvernement. C’est déjà important. Faisons preuve de civisme. Ne bravons pas l’autorité de l’Etat en allant habiter là où on nous dit de ne pas habiter.

Avez-vous avez l’impression de ne pas être écoutés ?

Prenons l’exemple de la Pyramide qui a brûlé hier (mercredi: Ndlr). Cela fait longtemps que nous sensibilisons la population, les squatters qui y sont. Qu’est-ce qu’ils ont fait? Des branchements anarchiques. Ce qui est arrivé hier était prévisible. Ce n’était pas un accident, c’était prévisible.

Et pourquoi?

L’Etat des lieux a été fait. C’est un immeuble qui ne devait plus être habité. Des non ayants-droit ont occupé le site. Ils ont tiré des fils électriques de partout pour avoir de l’électricité. Ce qui devait arriver est arrivé. Heureusement qu’il n’y a pas eu de pertes en vies humaines. Une fois, profitons des accidents que nous connaissons actuellement pour demander aux Ivoiriens, à nos compatriotes, et aux habitants de la Côte d’Ivoire de faire preuve de civisme en respectant les recommandations du gouvernement à travers les structures compétentes. Ce n’est pas une question seulement de l’Office national de la protection civile mais lorsque la Direction générale de la Construction dit que ce site est dangereux et qu’il ne faut pas y habiter, on n’y habite pas. Lorsque la Direction générale de l’assainissement et du drainage fait curer des caniveaux, il ne faut pas y jeter des ordures à nouveau, c’est ça le civisme. Dans d’autres États, dans d’autres pays et dans d’autres villes de par le monde, on ne voit même pas une feuille traîner parce que les gens sont disciplinés. Les gens respectent d’eux-mêmes. On ne va quand même pas mettre un pompier derrière chaque habitant de ce pays, ce n’est pas possible. Donc chacun à son niveau doit être un agent de protection civile.

En marge des pluies il y a un autre danger qui guette la population abidjanaise: la détérioration voire même l’absence des balises de sécurité sur nos routes notamment sur l’autoroute du Nord, à la montée du pont Félix Houphouët-Boigny pour ne citer que ces exemples. Que fait l’ONPC à ce niveau?

La protection civile de la population a plusieurs aspects. Je le dis et je le répète l’Office national de la protection civile n’a pas vocation à se substituer aux autres administrations…

Mais vous faites de la prévention…

Lorsque nous sommes saisis d’un cas d’espèce, que fait le Directeur de l’Office national de la protection civile? Je prends mon téléphone et j’appelle le service compétent. En ce qui concerne les voies routières, quand on nous a signalé que la route de Dabou était devenue impraticable à la hauteur des plantations de bananes comme il y a quelques années, on nous a signalé que les balises de sécurité, les panneaux manquaient à différents endroits sur les voies d’accès, nous prenons notre téléphone, nous appelons le Directeur général des infrastructures. C’est cela aussi notre mission. C’est lui qui gère cet aspect. Si on nous signale qu’il y a un cas de grippe aviaire, là, nous prenons contact avec la structure technique concernée. Les catastrophes de manière globale relèvent de la gestion du ministère de l’Intérieur. Mais lorsque c’est dans un domaine particulier, nous le faisons en rapport avec le département techniquement compétent. C’est notre rôle, nous savons cela et nous avons alerté le Directeur général des infrastructures économiques. Lorsque le gouvernement par l’entremise du Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur et de la sécurité qui est notre tutelle, nous interpelle sur les prévisions météorologiques, l’Office national de la protection civile n’a pas vocation à donner la météo. Nous nous adressons au Directeur de la météo qui nous a envoyé les prévisions météo jusqu’à mi-juillet que j’ai avec moi. C’est à partir de ces données météo que nous arrêtons notre stratégie de sensibilisation et de communication en direction des populations. Nous voulons rassurer, les administrations sont à la tâche mais encore une fois confrontées aux problèmes de moyens.
Et justement l’Etat en créant une structure chargée de coordonner la gestion de toutes ces actions a voulu mutualiser les différents moyens, les mettre ensemble. Depuis février dernier, par décret 2015-102 du 18 février 2015 le gouvernement a créé un cadre de coordination de gestion intégrée des crises en Côte d’Ivoire. Cette structure est placée sous la tutelle du Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur et de la sécurité, présidée par le Directeur général l’Office national de la protection civile. Plusieurs acteurs en font partie. Nous avons une première réunion la semaine prochaine.

Vous avez confié le 15 avril que la météo prévoyait de fortes pluies. Nous sommes de plain-pied dans la saison pluvieuse. Avez-vous des conseils pratiques à donner aux populations toujours dans l’optique de préserver des vies en cette période?

Je voudrais dire à la population abidjanaise particulièrement, et à la population ivoirienne que la saison des pluies 2015 est loin d’être terminée et les inviter pendant cette grande saison des pluies à respecter les consignes de sécurité. Il ne faut pas s’engager dans une voie qui est inondée quand on est dans un véhicule, on peut être emporté par les eaux. Lorsque vous êtes dans votre maison et qu’elle est inondée, il ne faut pas toucher aux prises par exemple, vous pouvez être électrocutés. Il faut se mettre à l’abri, il ne faut pas braver la pluie quelque soit l’activité qu’on a à mener. Mettons-nous tous à l’abri, car non seulement on peut être emporté par les eaux mais à l’issue du passage des eaux polluées, usées, nous pouvons avoir certaines maladies liées à l’hygiène. Donc population abidjanaise, population ivoirienne, mettons-nous à l’abri lorsqu’il pleut. Reprenons notre activité lorsque la pluie aura cessé.
Réalisé par Danielle Tagro
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