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Editorial Publié le mardi 7 juillet 2015 | L’intelligent d’Abidjan

Crise de la dette grecque: les leçons du non au référendum

Le non massif à 61,21 % sur plus de la moitié des bulletins dépouillés en Grèce le dimanche 5 Juillet 2015, est la réponse claire, nette et franche du peuple. La voix du peuple est la voix de Dieu. L'Union Européenne doit tirer les leçons du référendum et être plus attentive à la voix de Dieu, car il est plus proche d'elle que les réformes et propositions d'austérité qu'elle impose à la Grèce depuis cinq ans. L'UE n'a plus droit à l'erreur de diagnostic et de conditionnalité drastique pour le remboursement d'une dette qui n'est pas soutenable. Elle ne doit pas souffrir d'une mauvaise audition et d'une vue défaillante de la technostructure de Bruxelles qui privilégie et impose la technicité, la feuille de route, les mécanismes de l'économie de marché et l'ordonnance médicale pour une thérapie de choc au détriment de l'écoute attentive des aspirations des peuples et des recettes pour une Europe alternative non antagoniste. il faut dire les mots et nommer les choses, l'Europe doit se réformer. Depuis la crise financière de l'Euro en 2012, il y a un problème de leadership au sein de l'UE, un déficit de rapprochement fiscal, solidaire et intégrateur, ouvrant la voie à la contagion systémique bien que limitée, en raison des pare-feux de la Banque Centrale mais existe tant que la pensée conservatrice et technocratique ne reconnait pas que l'avenir de l'Europe n'est pas à Bruxelles mais se trouve dans les mains des peuples souverains dont la volonté majeure est de vivre dans la dignité, pour lesquels l'échéancier de la dette doit être viable, soutenable et durable.

Le soir du vendredi 3 Juillet 2015, lorsque le jeune Premier ministre grec de 41 ans, rejoint la manifestation du non au référendum en traversant la foule, avant de monter sur la scène et s'adresser à 50.000 manifestants, il est entré dans la légende et les Grecs ne croyaient plus aux mesures d'austérité. L'Eurogroupe n'a pas vu venir la victoire écrasante du "non", fruit de l'imagination et de la méthode. Alfred Einstein disait que " l'imagination est plus importante que la connaissance car pour lui la connaissance est limitée, l'imagination englobe le monde ". Tout génie sans méthode s'égare. Alexis Tsipras a été à la fois imaginatif et méthodique. iI a vite compris que la force et la grandeur de l'Europe se trouvent dans le compromis, la demi-mesure et l'équilibre. Il sait que la Grande-Bretagne veut organiser en 2016 un référendum sur le maintien du pays dans l'UE. Lui aussi, il peut tenir son coup de poker avant David Cameron, en faisant appel au peuple grec par voie référendaire, la voie de la démocratie moderne, le 5 Juillet 2015 le jour le pape François est en visite en Equateur, en Bolivie et au Paraguay, trois pays marqués par la pauvreté en Amérique Latine. En Equateur le Pape dit " nous avons tous une dette envers les plus fragiles " comme si la politique d'austérité n'est plus la solution idoine mais le problème et le contre poids de la solidarité et du partage des richesses.

Alexis Tsipras est méthodique et doué du sens élevé de la pédagogie pour reprendre la main des négociations avec les créanciers, la BCE et le FMI. Membre de la jeunesse communiste grecque (KNE) à 17 ans et président à 33 ans du petit parti eurocommuniste et altermondialiste SYNASPISMOS, devenu SYRIZA en 2008, il prend toujours une décision calculée loin de l'improvisation, à l'image du Président russe Vladmir Poutine qui empêche plus d'un de dormir, pense à tout, n'est ni déconcentré ni déstabilisé en apparence. Le jeune Premier ministre grec ne connaît pas l'hésitation, le doute, la peur, le recul et n'a pas encore joué le coup de trop avec la légitimité démocratique dont il dispose. Il a toujours une tactique réfléchie avec d'autres atouts dans sa manche. A preuve, suite à la victoire écrasante du "non ", il adopte un profil bas et n'agace plus l'Europe par son ton belliqueux, sachant que l'Eurogroupe est obligé de discuter avec lui à Bruxelles sur d'autres nouvelles bases car la démocratie ne peut pas être soumise au chantage. Stratège raffiné et apparatchik de la gauche européenne antilibérale, il fait savoir publiquement que " le référendum n'est pas une rupture avec l'Europe mais un renforcement de notre pouvoir de négociation " après avoir marqué des points comme suit:

1. la Commission Européenne respecte le résultat du référendum;
2. la rencontre des Directeurs du Trésor de la zone euro se tient lundi 6 Juillet 2015;
3. le Président François Hollande et la Chancelière Angela Merkel se rencontrent le lundi soir à Paris;
4. le Sommet Européen se tient le mardi 7 Juillet 2015
5. l'euro a reculé à 1,0968 dollars américains (- 1,54%) après les résultats du référendum du 5 Juillet 2015;
6. Monsieur Emmanuel Macron, Ministre français de l'Economie dit que le vote du dimanche n'est pas innocent et prévient " si la Grèce sort de la zone euro, ç'a n'ira pas mieux ";
7. Monsieur Yanis Varoufakis, Ministre grec des Finances rassure que le " non " est un outil pour tendre la main à nos partenaires;
8. des voix s'élèvent en Europe pour que le FMI soit exclu de la négociation entre la Grèce, la BCE, les créanciers européens parce que le FMI est le mal aimé en Afrique et en Amérique Latine à cause des programmes d'ajustement structurel. Il est accusé d'avoir fermé les yeux sur l'opacité de l'octroi des milliards de dollars américains à la Russie de Boris Eltsine pour encourager le passage de l'économie socialiste au libéralisme. Ces milliards ont plus profité aux oligarchies et à la mafia russe qu'aux programmes et réformes de structure avec la complaisance du FMI;
9. la BCE détient 1,9 milliard d'euros de la Grèce accrochés dans ses livres. Par un jeu d'écriture, elle pouvait rembourser 1,6 milliard de la dette grecque au FMI depuis le 30 juin 2015;
10. la cadence des touristes ne faiblit pas en Grèce malgré la fermeture des banques et le contrôle des capitaux;
11. depuis cinq ans la misère a augmenté en Grèce avec un taux de chômage de 25,6 % en 2015, une dette de 322 milliards d'euro (176% du PIB);
12. l'Europe a encore besoin de la Grèce où le tourisme est vital (17% du PIB en 2014, 340.000 emplois directs et indirects et 34 milliards d'euros de recettes en 2014);
13. le chef de file de l'opposition conservatrice, chef du parti Nouvelle Démocratie, ancien Premier ministre, Antonis Samaras a démissionné après la défaite cuisante du " oui ";
14. la BCE doit remonter le plafond des aides d'urgence à la Grèce;
15. Monsieur Pascal de Lima, économiste et enseignant a Science Po recommande qu'il faut nuancer l'accord entre la Grèce, la BCE, le FMI et les créanciers parce que la Grèce n'est pas une entreprise mais un pays qui a un excédent budgétaire. Elle n'a pas besoin de tant de confusion, de peur, de doute, de pression et de division;
16. quelque soit l'issue du référendum, un rapport récent de Juin 2015 du FMI indique que la Grèce aura besoin de 50 milliards d'euros d'ici 2018 dont 36 milliards à la charge des contribuables européens.L'unité et la solidarité sociologiques de l'Europe précèdent l'unité économique et financière;
17. la voix du peuple est un outil de changement qui met fin à l'infantilisation, à la perte de la dignité et au théâtre de l'ombre;
18. le combat que porte le peuple grec est la lutte contre l'austérité non la sortie de la zone euro;
19. l'avenir de la Grèce est géopolitique. La Russie est un acteur historique et culturel du pays. La Grèce a fait un pas vers la sortie de la zone euro, selon Moscou;
20. le " non " massif à l'austérité est plus qu'un caillou mais un rocher dans la botte de l'Union Européenne. Il sera contagieux pour la zone euro si des mesures vigoureuses de développement économiques avec réalisme ne sont pas mises en oeuvre pour corréler le remboursement de la dette grecque avec la clause de croissance, car le peuple a son destin en main et personne ne peut ignorer la détermination d'un peuple, disait Alexis Tsipras. Il a engendré une équation difficile à gérer par Bruxelles, à savoir la démocratie, l'appel au peuple face un système technocratique

L'Union Européenne a effacé 117 milliards d'euros de la Grèce en 2012. L'Union a connu deux crises majeures, notamment la crise financière de l'euro en 2012 et la crise de la dette grecque qui est politique en 2015, sur fond de problème de compétitivité dans un espace monétaire où cohabitent pays riches et un pays pauvre (la Grèce) qui est entré dans l'Union Européenne
1. sans cadastre;
2. sans administration fiscale;
3. où les armateurs et l'église orthodoxe ne paient pas d'impôts;
4. où 2% du budget national sont alloués à la défense, l'un des plus élevés d'Europe;
5. où les entreprises ont une comptabilité parallèle,
6. où la TVA est de 9% tandis que l'Eurogroupe impose un prélèvement de 23%, une réduction des salaires et des retraites;
7. où les trafics d'êtres humains, de drogue et d'armes sont légion.

Laurent Maurice Kouakou
Chroniqueur expert consultant
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