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Société Publié le jeudi 30 juillet 2015 | Le Quotidien d’Abidjan

Procès du commandant Séka Séka : les zones d’ombre d’une accusation

© Le Quotidien d’Abidjan
Le commandant Anselme Séka Yapo dit Seka Seka, proche de Simone Gbagbo, épouse de l`ex-président ivoirien
Séka Séka est accusé du meurtre du chauffeur de Joël N’guessan. Au cours des audiences précédentes, l’accusation n’a pas pu apporter de preuves convaincantes. Cela donne pour autant des chances à l’ex-aide de camp de Simone Gbagbo.

Le commandant Anselme Séka Yapo dit Séka Séka sera à nouveau devant le juge militaire le lundi 03 août prochain. Il est accusé de meurtre du chauffeur de Joël N’guessan, porte-parole du Rassemblement Des Républicains (RDR), le parti d’Alassane Ouattara. Depuis le début de ce procès, le tribunal, les avocats de la défense et l’auditoire sont restés sur leur faim quant aux preuves et autres déclarations des témoins. Trop de zones d’ombre qui confortent déjà la défense dans sa plaidoirie du lundi prochain. Selon Me Abié Modeste, membre du collège des avocats de la défense, ‘’ les preuves n’existent pas’’. Ce qui est profitable au mis en cause.

Les zones d’ombre

Que de non-dits et d’irrégularités enregistrés ça et là au cours des premières audiences ! Le lundi 13 juillet dernier, le greffier du tribunal militaire a procédé à la lecture du résultat de l’autopsie du corps de Yapo Arsène, chauffeur de Joël N’guessan. Ce rapport ne laisse pas paraître une véritable autopsie. Il fallait plutôt parler d’une simple analyse du corps. Manque d’analyse balistique, manque de précision sur l’état du corps du chauffeur. Le rapport évoque seulement la présence de plusieurs corps calcinés ou en état de putréfaction. Celui de Yapo Arsène a-t-il été calciné ou fait-il partie de ceux en état de putréfaction ? Aucune précision là-dessus. D’où l’importance des tests ADN. La justice n’y a pas pensé. Alors questions : Joël N’guessan et son épouse ont-ils les preuves de ce que les corps trouvés non loin du carrefour CNPS à Angré dans la commune de Cocody sont ceux de leurs collaborateurs ? Car au moment des faits, des corps jonchaient presque toutes les rues d’Abidjan. Pourquoi refusent-ils de confirmer la présence des impacts de balles sur les corps alors que l’ex-ministre avait déclaré à la barre que son chauffeur avait été abattu par Séka Séka avec une arme ? Autant de préoccupations qui mettent à nu la contradiction de l’accusateur.

Manque de certitude

Au cours de l’audience du lundi 27 juillet dernier, Joël N’guessan a refusé de répéter ses propos sur les circonstances de l’assassinat de son chauffeur. Lesquels propos ne datent seulement que de quatre mois. L’on a l’impression que ce témoin joue la carte de la prudence au risque de porter des contradictions à ses premières déclarations. Cette attitude dénote d’un manque d’assurance. « Je n'ai pas l'identité de ceux qui ont abattu mes trois gardes mais je peux dire que c'est Séka Yapo Anselme qui a tué mon chauffeur avant de me badigeonner avec le sang de ce dernier en me menaçant ». L’on s’attendait à ce que Joël N’guessan réitère ses premières déclarations. Que non. Il s’est contenté de donner une version qui ne démontre pas la culpabilité de l’ancien aide de camp de Mme Ehivet Simone Gbagbo. « Quand je me suis retourné, j’ai vu le corps de mon chauffeur à terre. Monsieur Séka Séka m’a badigeonné du sang de mon chauffeur », balbutiait-il. Ce cadre du Rdr qui tient à la condamnation à une peine lourde de Séka Séka, aurait-il inventé des charges graves qui ne lui reviennent plus à l’esprit ? Son attitude porte à le croire. D’autres zones d’ombre portent sur les images visionnées par le tribunal au cours de l’audience du lundi 27 juillet dernier.

Des images de rues

Ces images présentées par le commissaire du gouvernement Ange Kessy, étaient loin d’être des preuves attendues. Le procureur militaire s’est contenté de présenter des rues de Cocody supposées être les endroits où le chauffeur du porte-parole du RDR et ses collègues seraient exécutés. Les explications données par Ange Kessy ont laissé le commun des mortels sur sa faim. Parce que les prises de vue ont été effectuées plusieurs années après les faits. En plus Sidibé Mory, l’agent de la morgue d’Anyama alors en charge de l’enlèvement des corps, avait évoqué l’état du terrain où les corps étaient exposés. Selon lui, c’était un terrain en chantier. Mais Ange Kessy a montré des images des rues propres avec des immeubles déjà construits et bien construits. Par ailleurs, Mme Joël N’guessan et l’agent de la morgue avaient soutenu l’absence des gens au moment de l’enlèvement des corps. Mais sur les images, figurent des hommes et des taxis qui circulaient.
Face à toutes ces irrégularités et ces nombreuses zones d’ombre, l’on peut affirmer que Séka Séka a toutes les chances de son côté pour être purement et simplement relaxé. Pourvu que le tribunal militaire dise le droit, rien que le droit. Ce qui est rare sous le régime actuel où la sentence est prononcée depuis les palais. Les procès publics n’étant que du simulacre.


HENRI MEDI
medihenri@yahoo.fr
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