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Société Publié le jeudi 30 juillet 2015 | Cote d’Ivoire Economie

Entretien avec Mme Cissé Aïssatou, DG de Pendis-CI

© Cote d’Ivoire Economie Par DR
Mme Cissé Aïssatou, DG de Pendis-CI
« Notre ambition est de contribuer au dynamisme des entreprises »

Pendis-CI est une entreprise de transport spécialisée dans le transport du personnel d’entreprise. Leader dans ce secteur d’activité, Mme Cissé Aïssatou, épouse Seye, entend contribuer au dynamisme et à la compétitivité des entreprises auxquelles elle offre ses prestations.


Pourquoi cette spécialisation dans le domaine du transport du personnel d’entreprise ?
Nous pensons que les valeurs universellement partagées favorisent le dynamisme et la compétitivité des entreprises. Le personnel de l’entreprise est au cœur de toutes ces réflexions. Si le personnel d’une entreprise arrive au travail à temps, s’il retourne chez lui après le travail sans difficulté de transport, il ne peut fournir que le meilleur de lui-même pour que son entreprise se développe. Et c’est justement là qu’intervient la société de transport Pendis-CI. C’est-à-dire permettre au personnel d’entreprise d’être à l’heure sur son lieu de travail. Tout le monde y gagne, employeurs comme employés. Même l’Etat en tire d’énormes dividendes, étant entendu que la performance d’une telle entreprise équilibrée vient booster la croissance. Nous voulons donc, par notre professionnalisme dans le transport du personnel d’entreprise, contribuer au dynamisme et à la compétitivité des entreprises ivoiriennes.

Qui sont vos clients ?
Nous travaillons avec des banques, et beaucoup plus avec le secteur portuaire.

Lorsqu’on parle du secteur des transports en Côte d’Ivoire, l’on pense immédiatement au mode de transport traditionnel, notamment le transport urbain et interurbain des passagers. Vous avez voulu éviter la pagaille qui règne au quotidien dans ces secteurs-là ?
Voyez-vous, le transport du personnel des sociétés, c’est un transport bien structuré. Ce qui nous amène déjà à être exigeants envers nous-mêmes au sein de notre entreprise. Il faut respecter les engagements pris vis-à-vis de nos clients, entre autres le respect des horaires de ramassage, car nous sommes jugés sur la ponctualité, marque indélébile de compétitivité. Nous avons tout simplement voulu nous spécialiser dans ce domaine où nous sommes leader aujourd’hui grâce à notre professionnalisme. Par ailleurs, le secteur des transports classiques dont vous faîtes mention ne nous fait pas peur, au contraire… Lorsque nous allons véritablement nous lancer dans cet autre domaine, ce sera pour nous implanter durablement. Bien entendu, nous nous préparons à relever ce défi, c’est tout simplement une question d’organisation.

Le segment du transport des marchandises fait-il aussi partie de vos ambitions ?
Absolument. C’est tout un package dans notre cagnotte, étant entendu que nous sommes dans une dynamique de création de richesse. Cependant, je le dis toujours, pour véritablement être compétitif, il faut agir de façon professionnelle. Cela ne sert à rien de toucher à plusieurs segments des transports en même temps sans avoir cerné tous les contours. Il vaut mieux, dans un premier temps, se concentrer sur un seul secteur, bien le faire, et puis après voir dans quelle mesure se déployer avec professionnalisme dans d’autres secteurs. C’est l’attitude que nous adoptons pour l’instant, et c’est stratégique.

Quelles difficultés rencontrez-vous au quotidien dans l’exercice de vos activités ?
La première des difficultés, c’est l’augmentation des coûts du carburant. Le prix du carburant à la pompe n’est pas toujours stable, et ça nous fatigue. Dès que le prix du carburant augmente, automatiquement, tous les intrants augmentent. Ce qu’il faut savoir, c’est que pour signer un contrat de prestation, nous répondons à un appel d’offres. Et dans nos offres, nous proposons des primes forfaitaires, bien sûr, sur la base de certains calculs. Lorsque le carburant augmente, même de 1 ou de 2 francs, cela impacte automatiquement sur les intrants. Et notre difficulté, c’est que nous ne retournons pas automatiquement voir le client pour retoucher la prime, même si le contrat le prévoit. Nous sommes obligés de jongler avec.
Le deuxième facteur, c’est le parc automobile vieillissant. Le ministre des Transports a un projet d’aide aux transporteurs en vue du renouvellement de leur parc. Cela nous donnera une bouffée d’oxygène. Mais en attendant d’en bénéficier, nous sommes obligés de travailler dans des conditions difficiles. Nous sommes contraints d’avoir un cash-flow pour acheter des véhicules, il faut être crédible vis-à-vis des banques pour qu’elles vous fassent confiance et vous prêtent de l’argent. Elles ne le feront pas non plus si le projet n’est pas fiable. Voilà !

S’agissant de la hausse du prix du carburant, comment parvenez-vous à surmonter cette difficulté vis-à-vis de vos clients ?
Si la hausse n’est pas trop prohibitive, c’est-à-dire si elle n’est pas au-delà de 5% par exemple, nous sommes obligés de revoir plutôt notre gestion et réduire certaines dépenses tout en évitant que cela n’impacte négativement nos prestations. Le client, tout ce qu’il demande, c’est qualité de la prestation.

Au niveau du renouvellement du parc auto, le gouvernement ivoirien a pris quelques dispositions pour soutenir les transporteurs. En avez-vous déjà bénéficié ?
Pour le moment, non. Avant, nous bénéficions des exonérations de TVA sur l’achat du matériel. Mais aujourd’hui, l’accréditation de transport qui est octroyée par le Cepici exige d’acheter les véhicules d’abord en toute taxe avant de se faire rembourser par la suite, en termes de crédit de TVA au niveau des impôts. Mais ce remboursement, dans combien de temps ? C’est pourquoi je dis qu’il faut avoir un cash-flow pour travailler.

La Côte d’Ivoire a traversé une crise profonde. Comment avez-vous survécu en tant qu’opérateur économique durant cette phase difficile de l’histoire de ce pays ?
Quand je reviens sur cette histoire, j’en suis triste. Parce qu’en tant que transporteur nous avons beaucoup souffert. Précisément, j’en ai souffert. Ma société offre des prestations d’un type particulier de sorte que mes collaborateurs ne sont pas habilités à faire la grève. Sinon, cela impacte immédiatement nos clients. Quand les choses sont donc devenues dures, les transporteurs ont décidé de faire la grève, mais nous, nous avons continué de travailler. Voyez-vous, dans mon parc aujourd’hui, de nombreux véhicules sont garés. Ces cars avaient été pris à partie par des vandales, et, malheureusement, l’assurance n’a pas pris en compte ces sinistres. Ces cars endommagés depuis la crise sont encore sur cale. L’Etat non plus ne nous a pas proposé un plan d’accompagnement, mais malgré ça nous avons tenu à continuer nos prestations.
Lorsque la crise a éclaté, j’ai convoqué mon personnel, j’ai essayé de le rassurer sur la préservation de l’emploi, et demander à Dieu de nous protéger davantage. J’ai dit au personnel que nous sommes malheureusement tenus de continuer notre activité, malgré la crise. Certains de nos contrats ont été de facto arrêtés parce que certaines sociétés ont tout simplement baissé les rideaux, leurs activités ayant cessé, d’autres sont parties ailleurs, dans d’autres pays. Cette situation de crise n’était pas du fait de mes employés. Je ne pouvais donc pas les mettre à la porte. Nous avons essayé de communiquer là-dessus pour tenter de trouver ensemble une solution. Et, grâce à Dieu, nous avons pu maintenir le personnel, les salaires ont été payés, et malgré la crise nous avons même payé les impôts. C’est vrai qu’à un moment donné on nous avait demandé de ne plus payer les impôts, pareil au niveau de la CNPS, puisqu’à ce moment-là les institutions ne fonctionnaient pas. Et dès qu’il y a eu reprise, nous nous sommes acquittés de nos impôts, et même de la CNPS.
Le personnel a été maintenu. Je n’ai pas fait de compression ni demandé des départs volontaires. J’ai maintenu le personnel avec les mêmes salaires. Et, petit à petit, avec la reprise, nous nous sommes remis dans le bain. Les clients qui avaient rompu leur contrat sont revenus et nous ont fait à nouveau confiance. Cela a été passionnant parce que nous avons pu maintenir le personnel et les salaires. Cela a été un honneur pour nous-mêmes. Ce qui nous révolte un peu aujourd’hui, ce sont les impôts qui reviennent et nous tapent dessus. Ils ne tiennent même plus compte de la crise malgré les explications que nous leur donnons, documents à l’appui. Mais bon…, ce sont les risques du métier.

Avec la relance économique, vous êtes à plein régime malgré les incompréhensions des impôts ?
Nous avons repris, mais nous ne sommes pas encore à 100% de notre régime, puisque je vous ai dit que j’ai encore des cars sur cale depuis la crise. On essaye de tenir, mais j’ai l’ambition d’y arriver à 100%. Je ne désespère pas.

Combien de véhicules votre parc auto contient-il aujourd’hui ?
Nous avons 50 véhicules. Depuis la fin de la crise, nous avons acquis à fonds propre quelques-uns de ces cars.

En termes d’investissement, combien cela vous a-t-il coûté ?
Si nous sommes sur la base d’un car à 45 millions FCFA, nous ne sommes pas loin du milliard FCFA.

Ce sont des véhicules neufs ou d’occasion ?
Ce sont des cars neufs, nous n’allons jamais sur les véhicules d’occasion. C’est vrai que les cars neufs sont chers à l’achat, mais c’est plus avantageux en termes de confort pour nos clients, et c’est moins polluant pour l’environnement.

Aujourd’hui, y a-t-il toujours une complicité entre le personnel et vous ?
Une forte complicité d’ailleurs. Avec le système de communication dynamique que nous avons instauré ici, il existe une relation de confiance entre nous. Tout est mis sur la table. Rien n’est caché, et mieux ça vaut ainsi, c’est la transparence totale. En cas de succès ou de difficultés, tout le personnel est informé. Nous lui faisons comprendre qu’il travaille d’abord pour lui, pour son bien-être. Dès cet instant, tous, nous mettons du sérieux dans tout ce que nous faisons. Si nous voulons être émergeant, nous devons comprendre qu’on ne travaille pas pour l’autre mais pour soi, pour se faire plaisir et préserver sa dignité.

Quel est votre effectif ?
Nous comptons 60 personnes, dont 25% de femmes. Il y a encore du chemin à faire, j’essaye d’inciter les jeunes filles à s’investir dans ce secteur d’activité.

Quelles sont vos perspectives ?
C’est d’abord développer ce secteur, c’est-à-dire faire connaître le secteur du transport du personnel dans toute la Côte d’Ivoire et dans la sous-région. Lorsqu’on voyage et qu’on explique ce qu’on fait, les gens sont émerveillés : «Vous êtes une femme, comment vous avez fait pour intégrer et réussir dans ce domaine ?» Nous avons besoin que nos autorités nous fassent confiance, qu’elles nous donnent du travail, car nous prouvons chaque jour notre professionnalisme. Je ne suis pas dans l’informel. J’ai sorti cette activité de l’informel et il faut inciter les autres à faire pareil. Et nous avons l’ambition de mettre en place une école de transport. Nous allons former des jeunes gens, garçons et filles, à l’activité du transport. Enfin, nous demandons aux entreprises de nous faire confiance. Nous allons transporter leur personnel en toute sécurité, avec professionnalisme.

Propos recueillis par Alexis Noumé
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