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Société Publié le jeudi 30 juillet 2015 | Cote d’Ivoire Economie

Interruptions d’électricité : délestages ou simples défaillances ?

© Cote d’Ivoire Economie Par DR
Interruptions d’électricité : délestages
Le premier trimestre 2015 a été une période très difficile pour les usagers de l’électricité distribuée par la Compagnie ivoirienne de l’électricité (CIE). Pendant la grande période de chaleur, de janvier à mars, les ménages ont en effet été confrontés de manière récurrente à des coupures intempestives du courant.

Des interruptions souvent brusques, pouvant durer tout une journée… Ou durant une nuit entière, plongeant de nombreux domiciles dans le noir… Cette situation, qui n’a pas été du goût des populations, a été à la base de nombreux accidents de circulation car en période d’interruption d’électricité les feux tricolores sont dysfonctionnels. Mais l’autre fait, et non des moindres, est le dommage causé aux appareils électroniques lors des coupures quelque peu brusques et violentes d’électricité. Pendant les mois de janvier-février-mars et avril derniers, le petit commerce a été impacté par ce que nombre d’Ivoiriens ont fini par considérer comme un délestage qui ne disait pas son nom. Des imprimeries de quartier aux nombreux commerces de vente de surgelés en passant par les bars, les maquis et les restaurants, les petits commerçants ont vu leur chiffre d’affaires baisser. «Dans mon charwarma, au premier trimestre de l’année, nous avons enregistré un véritablement ralentissement de nos activités. Nos clients, qui sont plus nombreux de nuit que de jour, ont commencé à se faire rares. Pour faire face à cette difficulté, nous avons dû nous séparer de quatre de nos employés en attendant des jours meilleurs», dixit M. A. Fouazi, propriétaire d’un charwarma à Angré.

Des doléances multiples
Dame Kouakou Sidonie, tenancière de maquis à la Riviera Palmeraie, est quant à elle très acerbe dans ses propos contre la CIE et l’Etat ivoirien. Pour elle, les interruptions intempestives d’électricité ne sont ni plus ni moins que du mépris affiché par ces différentes entités pour les populations. «Je ne comprends pas qu’au 21e siècle, nous soyons confrontés à un problème de rationnement d’électricité. C’est un mécanisme qui fait perdre beaucoup d’argent. J’ai eu du mal à écouler mon approvisionnement de boissons dans mon maquis. Nos bénéfices ont littéralement décru», a-t-elle lâché, visiblement en colère. La coupure d’électricité s’est généralisée à tout Abidjan. Tous les quartiers, des plus huppés ou moins nantis, les habitants sont plongés dans le noir la nuit tombée. «C’est un délestage déguisé», a vociféré un badaud arpentant les rues de la Huitième Tranche à Angré, un soir du mois d’avril dernier. Pour la CIE, il faut éviter d’utiliser les termes de «délestage» ou de «rationnement». Selon ce concessionnaire du service public d’électricité «les cas de perturbations constatées ces derniers temps ne sont ni organisés, ni même ordonnés par quartier». Les responsables de cette entreprise affirment qu’ils n’ont aucun intérêt à interrompre la fourniture du service d’électricité qui est leur principale mission, en plus d’assurer l’équilibre financier de l’ensemble du secteur de l’électricité en Côte d’Ivoire. «La majeure partie de ces incidents auxquels nos équipes font face sont des pannes imprévisibles qui surviennent alors que nos ouvrages sont en bon état de fonctionnement», explique-t-on à la CIE. En fait, ils font savoir que les transformateurs cessent de fonctionner automatiquement dès lors qu’il y a une surconsommation. «Des transformateurs de 10 MW sautent seuls si la demande de consommation dépasse sa capacité. A partir de 11 MW, l’appareil se déclenche seul.» La CIE a argué que dans le gros quartier d’Adjouffou, sis dans la commune de Port-Bouët (au sud d’Abidjan), par exemple, pour un transformateur prévu pour alimenter trente ménages, il y en a soixante-dix qui sont connectés frauduleusement au réseau. Plus grave, selon ces responsables de la CIE, les agents commis aux réparations des défaillances sont empêchés d’accès au quartier pour interrompre les lignes parallèles.

Les travaux de renforcement du réseau en cause ?
Si le phénomène de trafic d’électricité s’est généralisé dans le District d’Abidjan, la CIE a expliqué également dans un communiqué à la presse au mois d’avril denier que la perturbation sur son réseau est essentiellement due aux importants travaux de renforcement des capacités de production et de transit engagés par le gouvernement avec la construction de nouvelles unités de production, à la centrale thermique d’Azito et celle de Ciprel, ainsi que des ouvrages de transport et de distribution dans la région d’Abidjan. La concessionnaire avait annoncé pour le 30 avril dernier la fin de ces perturbations. Plusieurs semaines après cette annonce, c’est un véritable soulagement pour toutes les couches sociales, qui restent néanmoins prudentes et très attentives. Quant à l’Etat ivoirien, s’il ne peut pas garantir aux Ivoiriens qu’ils ne connaîtront plus des interruptions intempestives d’électricité dans les mois à venir, il rassure toutefois sur les initiatives en cours en vue d’accroître capacité énergétique de la Côte d’Ivoire. L’on parle alors du projet Ciprel 4, d’un coût de 225 milliards FCFA, qui va permettre à cette entreprise de passer à une capacité totale de production de 543Mw fin 2015 et une production annuelle de 4 milliards FCFA. Le projet d’extension du poste d’Azito en 225/15 KV et de renforcement des réseaux associés, les travaux des postes de la Djibi, Anoumabo et bien d’autres à réaliser en douze mois, ainsi que le barrage de Soubré qui sera fin prêt fin 2017 ou début 2018, permettront, eux, de répondre aux besoins de consommation d’électricité des Ivoiriens qui a accru de 17% en 2012 et de 12% en 2013. «Au total la capacité de production d’électricité devrait passer de 1600 Mw à 2000 Mw fin 2015 et 4000 Mw en 2020», a expliqué le Premier ministre Daniel Kablan Duncan lors de la pose de la première pierre d’Azito en 225/15 Kv et de renforcement des réseaux associés, demandant à l’occasion aux Ivoiriens de patienter.

Quand le prix de l’électricité augmente
La décision est tombée comme un couperet, le mercredi 20 mai dernier, après le Conseil des ministres tenu à Odienné, dans la région du Denguélé. A partir du 1er juin, le prix du kilowattheure change. Les ménages paieront plus pour la consommation de l’électricité. Actuellement, le prix du kilowattheure (Kwh) est de 36,05 FCFA jusqu’à 80Kwh de consommation/ bimestriel, et de 73,99 FCFA au-delà. Les nouveaux prix n’étaient pas encore officiellement connus lorsque nous mettions sous presse et les consommateurs risquent de les découvrir lorsqu’ils recevront leur première facture. C’est une situation qui n’agrée pas visiblement certaines organisations de la société civile qui se sentent marginalisées dans le processus décisionnel. Pour eux, une augmentation du coût de l’électricité aura certainement un effet domino. Les produits de grande consommation (lait, sucre, huile, pain…) seraient ainsi vendus à des prix élevés. Quoi qu’il en soit, le gouvernement n’entend pas revenir sur sa décision, car pour lui le prix de vente de l’électricité est bas par rapport à son coût de production. Les comptes de l’opérateur national d’électricité, en «équilibre précaire» aujourd’hui, ont enregistré jusqu’à 200 milliards FCFA de déficit ces dernières années. Aussi, la hausse des tarifs permettront-elles «d’éviter de faire face à de nouveaux déficits et à des délestages» et de «réaliser les ambitions qu’elle s’est données en matière de couverture et d’accès en électricité». Le gouvernement envisage de porter la couverture à 95% en 2020, contre 53,6% en 2015.

Dieudonné Wognin
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