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Société Publié le vendredi 31 juillet 2015 | Treichville Notre Cité

Fête de l’indépendance du 7 août 1975 à Treichville: 40 ans après, des anciens s’en souviennent comme si c’était hier

A l’occasion du 55ème anniversaire de la Côte-d’Ivoire indépendante, le 7 août 2015, votre Mensuel ne pouvait rester indifférent à ce qu’a vécu Treichville 40 ans plutôt. A savoir les souvenirs des Anciens lors de la grande célébration du 7 août 1975 dans la Commune N’zassa. Souvenirs Emouvants !

Moussa Dyss (5ème Adjoint au Maire) :
« Un moment Inoubliable ! »
«A cette époque, il n’y avait qu’un Maire, celui de la ville d’Abidjan, qui était à l’hôtel de ville. Dans les Communes, c’étaient des Délégués au Maire. Pour Koumassi-Port-Bouët, on avait Boniface Ouédraogo, à Adjamé, Joseph Attoungré (si j’ai bonne mémoire), à Treichville-Marcory, c’était Kouassi Lenoir (Paix à leurs âmes). Ils étaient un peu comme les Adjoints au Maire d’aujourd’hui. Pour la Fête de l’indépendance du 7 août 1975, qui a emballé tout Treichville et Marcory, le Comité d’organisation mis en place par Kouassi Lenoir comptait, entre autres personnes, feux Yao Etienne, Abadé Dominique dit « Avion », Bakary Touré. Le Délégué au Maire Kouassi Lenoir m’avait confié les femmes et les hommes qui allaient défiler. Je devais veiller sur leurs hébergements et tenues. En ce temps, l’Ugtci offrait un pagne à toute personne désirant défiler. Mais, pour nous, c’étaient des uniformes, qui devraient être retouchés (agrandir pour certains, diminuer pour d’autres). Cela a duré de 20 heures au petit matin du 7 août 1975. C’était au Collège Voltaire à Marcory où nous avons, donc, veillé avec deux dames (feues Mamie N’Damelan et Tantie Chocho) à mes côtés. A cinq (5) heures, tout était prêt. Nous avons esquissé un avant goût du défilé avant de demander à tout le monde de s’apprêter. Puis, nous sommes allés sur le Boulevard Giscard d’Estaing, lieu de la cérémonie et du grand défilé. Le Président Houphouët était là entouré de tous ses Ministres, Hauts cadres de l’Administration et du Pdci-Rda. Les Ambassadeurs, l’Assemblée Nationale aussi avec son Président Philippe Yacé. Tout se passait bien, jusqu’à ce que j’entende un grand bruit. Tout le monde a sursauté. Un coup de fusil ? Une bombe ? Il y avait tellement de monde, que de ma position, je ne pouvais pas vraiment savoir ce qui se passait. Puis, le calme est revenu et la belle fête a continué. En dehors de ce fait isolé, le défilé était beau. Pour l’organisateur, c’est le moment le plus important de ma vie. Inoubliable aussi pour Treichville et Marcory ».
Ayemou A. Benoît (Retraité, Président de Comité de base Pdci et de Cgq d’Habitat-Belleville) :
« Extraordinaire ! »
«Personnellement, le 7 août 1975 marque ma première année de travailleur à la Société Ivoirienne d’Emballage Métallique (SIEM) sise en face de la Solibra. Le Maire Amichia était 42ème Conseiller de Kouassi Lenoir. Ce Monsieur a été très patient. L’évènement général a été la Fête de l’indépendance sur le boulevard (Giscard d’Estaing ancien avec ses deux voies séparées par des arbres) au rond point de Marcory, jusqu’au boulevard du Gabon en passant par le carrefour Tiacoh. Il nous a fallu partir très tôt pour avoir des places offrant une belle vue. Arrivé sur les lieux, le Président Houphouët a salué majestueusement les personnalités de la tribune d’honneur. Alors qu’il se tournait vers la tribune des civils, un jeune homme, qui avait dissimulé un couteau dans un bouquet de fleurs a tenté de le poignarder. Mais la promptitude du chef de Protocole, Georges Ouégnin, a eu raison de l’irréparable. Des gendarmes en ont profité pour menotter le voyou et l’exfiltrer des lieux. Il y a, certes, eu des bruits, un remous, mais sans gravité pour la suite de la cérémonie marquée par un grand défilé. La fanfare de la gendarmerie a ouvert les vannes, ont suivi les civils dont l’Association des Femmes Ivoiriennes (AFI). Pour la petite histoire, en 1974, des femmes ghanéennes ont appris à nos sœurs ivoiriennes comment défiler (faire les pas, fermer les mains). Après ont défilé les Elèves de l’Ecole Normale de l’Administration (ENA), les Etudiants, les Sages -femmes. La population de Treichville, les militaires, gendarmes, policiers, etc., n’étaient pas en reste. Le clou a été donné par la Garde Présidentielle. Tenue impeccable, air grave, marche imposante, poings fermés. Tout cela ponctué de chants en Baoulé. Ce passage a été remarquable. Un silence de cathédrale. Indescriptible, légendaire moment. Je frisonne en vous le disant. C’est un moment inoubliable que vous me faites revivre. (Il secoue la tête, très joyeux). Après le défilé, tout le monde se retrouvait au stade Houphouët-Boigny pour assister à de grandes danses traditionnelles des régions du pays. Dans la soirée jusqu’au matin, c’étaient les soirées dansantes dans les bars. On allait même au domicile du Président. A l’époque, les parachutistes ne prenaient pas part au défilé de la Fête. C’était plutôt, le 6 août, à quelques minutes du coup d’envoi de la finale de la Coupe nationale, qu’un parachutiste descendait avec le ballon du match. C’était très démonstratif, parce qu’il devrait atterrir au rond point central du stade. C’était beau avec les tribunes pleines à craquer… (Il marque une pause, très nostalgique et songeur). Il n’y a plus de matches de football. Avant, manquer une finale Asec-Africa du 6 août, c’était rater son année. Après le match, à 20 heures, il y avait retraite flambeau. Militaires et civils allumaient des torches pour envahir tout Abidjan. A Treichville, c’étaient la rue 12 et le rond point d’antan, très différents de ceux d’aujourd’hui en piteux états. Ils étaient bondés jusqu’au matin du 7 août. Il n’y a plus d’évènements majeurs et véritables de nos jours, si ce ne sont pas des crises. Mon souhait est que ces moments joyeux reviennent en Côte d’Ivoire ».

Béïté Ousséini (Photographe-Cameraman) :
«Quelle belle fête !»
« J’ai participé au défilé du 7 Août 1975 sur le boulevard Giscard d’Estaing. J’étais dans le groupe des scouts. Nous sommes passés après les civils. Il y a eu un monde fou, fou ce jour-là. Il y a eu un petit moment de flottement avec des bruits de gaz lacrymogène. Je ne sais pas ce qu’il y a eu, mais tout est rentré dans l’ordre et la fête a continué de plus belle. »

Kangouté Fatoumata (quartier entente) :
«Ah ! Ces danses régionales ! »
«Je suis allée avec la seconde épouse de mon mari voir le défilé, mais surtout le Président Houphouët-Boigny. Le défilé était beau. Les militaires passaient devant nous. Tout le monde applaudissait. Et soudain, il y a eu des gaz, de la fumée, des bruits et des moments de panique, qui ont causé un temps mort. Puis la fête a repris. Tout le monde a défilé. Après le départ du Président, nous sommes allés rapidement à la maison pour partager le repas de la fête. Puis, malgré la fatigue, nous nous sommes rendus au stade Houphouët-Boigny pour assister à des danses régionales, qu’on ne voulait absolument rater. Je les adorais. Tout cela a changé aujourd’hui. C’est seulement au Palais que les choses se passent dans l’indifférence des populations».

Mariam Maïga (avenue 24, rue 44) :
« C’était vraiment yéyé »
«J’ai tout fait pour avoir le pagne confectionné pour cette fête du 7 août 1975. On m’a fait un beau modèle yéyé. C’était ça à l’époque, et je suis partie à la fête. On chantait, dansait. Il y avait une foule immense, de nombreuses femmes venues de partout. Je n’avais pas encore vu de plus près une si grande cérémonie en dehors de la télévision. J’étais joyeuse, contente d’être parmi tout ce monde, qui était heureux et en paix. A un moment donné, les gens qui étaient face à la tribune du Président étaient couverts de fumée, il y a eu du bruit, des mouvements. Jusqu’à ce jour, je ne sais pas la cause de cette frayeur. Et puis le calme est revenu. Après le défilé, tout le monde est parti au Plateau, au stade pour voir des danses traditionnelles. Moi, non. La fête avait réussi parce que la vie était moins chère et il y avait du travail pour tous. L’unité de la Côte-d’Ivoire était intacte. Il n’y avait pas de division. C’était la belle époque».

El Hadj Soumahoro Baba (Enseignant retraité) :
«De Grands défilés aux grands discours et danses folkloriques »
«Avant la création des communes en 1980 et l’élection de Ernest N’Koumo Mobio comme Maire d’Abidjan, qui était aussi Maire d’Attécoubé, seul Konan Kanga était le Maire de la ville d’Abidjan. Il n’y avait que des Délégués au Maire, dont Kouassi Lenoir pour Treichville-Marcory, qui est resté par la suite Maire de Treichville jusqu’à sa succession en 1995 par François Albert Amichia. Ce petit rappel pour dire que c’est sous Kouassi Lenoir, que s’est déroulée la fête de l’indépendance du 7 août 1975 à Treichville sur le boulevard Giscard d’Estaing. Le Président Houphouët, Philippe Yacé, les Ministres, tout le monde était là. Le défilé débutait depuis le monument de la Place de la République jusqu’au grand carrefour de Koumassi. L’armée, les femmes, les écoles, toutes les couches sociales défilaient. La Garde Présidentielle (GP) faisant la différence avec ses chansons en baoulé et un défilé lent. J’ai été marqué par le sérieux du défilé dans son ensemble : la discipline, le silence de mort au passage de la GP. L’autre élément inoubliable est la prestation du gendarme, qui maniait magiquement une baguette devant l’armée. Il la tournait dans tous les sens avec ses doigts, la balançait au-dessus de lui sans qu’elle ne tombe. Ce monsieur était d’une dextérité inouïe. Koné, il s’appelle, est unique en son genre. Il était maître de sa chose ; Cet homme admirable et inimitable, aujourd’hui retraité, qui a aussi marqué tous les Ivoiriens, est, encore, vivant. Je suis persuadé, que le Président était tombé sous son charme. Je n’oublie pas, aussi, cet évènement malheureux : la tentative d’assassinat du Président Houphouët. J’étais un peu loin des faits, mais je m’en rappelle comme si c’était hier. Tout s’est passé par la suite dans le brouhaha, la foule était apeurée par les bruits. Quelques légers blessés ont été signalés. Toutefois, le calme est revenu et le défilé a continué. A la veille de cette fête, Treichville était en ébullition, personne ne dormait. Partout des danses folkloriques, les rues étaient bondées. Cette façon de faire la fête était la meilleure, parce que tout le monde se retrouvait, l’armée communiait avec toutes les forces vives de la nation soit sur le boulevard Giscard d’Estaing soit sur Nangui Abrogoua, mais pas au Palais comme aujourd’hui. Maintenant, il n’y a plus de fête. On prend un groupuscule de soldats, on s’enferme au Palais. Je ne vous apprends rien, on ne fête plus l’indépendance en Côte d’Ivoire, si on compare les années 1960 à 80 à celles d’aujourd’hui. Nous, qui étions habitués aux grands défilés, aux grands discours et danses folkloriques, nous sommes déçus. On peut le comprendre, ce n’est plus le miracle ivoirien avec tous les moyens financiers d’alors».
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