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Art et Culture Publié le lundi 24 août 2015 | Fraternité Matin

Maison de l’artisan: Coulibaly Ali veut donner un nouveau souffle à l’artisanat

Peintre autodidacte, Coulibaly Ali veut faire sortir de l’ornière les œuvres et objets d’art confinés dans les différentes régions, oubliés et parfois en voie de disparition.

Petit par la taille, mais grand dans les idées, c’est peut-être ce qu’on pourrait dire de Coulibaly Ali, agent du ministère de l’entrepreneuriat national et de la Promotion des Pme et de l’Artisanat. Qui s’est engagé à ressusciter l’artisanat en Côte d’Ivoire en créant la maison de l’artisan située à Abidjan Cocody, dans le secteur Mahou.

Véritable creuset de richesse culturelle cette pièce de 28,50 m2 (maison de l’Artisan) regorge des objets d’art de tout acabit. Ces collections qu’il juge authentique proviennent en majorité de la Côte d’Ivoire profonde, du Burkina Faso ou du Mali. L’art Senoufo, l’art baoulé, l’art gouro, dan, wê et koulango sont représentés dans cette maison, à travers les grands tambours baoulé, attié, les ensembles gbofé (instrument de musique Senoufo), kotohou, kakonbin de Sinématiali, les grandes statues deble, les calaos, les masques karanga du Yatagan (origine mossi), sont les pièces les plus frappantes au premier regard.

Les poteries mortuaires et les n’bondièbélé (statuettes passeport) taillés dans des bois durs et qui avaient pour rôle de faire identifier au simple regard celui qui les portait, sont édifiants de par leurs séries remarquables par leur histoire, leurs originalités et leurs fonctions sociales.

Peintre autodidacte, Coulibaly Ali veut faire sortir de l’ornière les œuvres et objets d’art confinés dans les différentes régions, oubliés et parfois en voie de disparition. « Ma collection est la synthèse entre l’amour du partage, la passion pour l’art en tant que peintre autodidacte et la volonté de contribuer à la préservation, la conservation et la valorisation du patrimoine culturel matériel et immatériel de la Côte d’Ivoire», dira-t-il.

En outre, Il a aussi un diplôme de cycle ingénieur en Commerce international et Marketing Appliqué qu’il a obtenu au Cetig (Inphb) à Cocody après un Bts option Commerce International, obtenu au CBCG de Cocody. Après avoir été, dans les années 90, enseignant dans le district du Zanzan (Bondoukou), lieu même où il commence à mettre en exergue ses prédispositions.

Quatre ans plus tard, souligne-t-il, après son intégration au Ministère en charge de l’artisanat c’est-à-dire à partir 2008, il entreprend à titre individuel, des visites de prospections techniques de sites artisanaux, touristiques et galeries d’art à Abengourou, Bondoukou, Grand Bassam, Man, Yamoussoukro, Tiébissou, Bouaké, Katiola, Ferkessédougou, Korhogo, Boundiali, District d’Abidjan et même hors de la Côte d’Ivoire à Bobo-Dioulasso, à Sikasso et à Bamako, comme s’il pressentait un déclic.

Effectivement, en 2009, alors que le secteur du tourisme et de l’artisanat était agonisant, le Ministre du Tourisme à l’époque Monsieur Konaté Siriki dans sa politique de relance des activités touristiques et de l’artisanat, a lancé un appel à l’endroit des opérateurs desdits secteurs afin que chacun dans sa discipline, soit plus créatif et plus entreprenant pour soigner l’image du pays et vendre la destination Côte d’Ivoire.

Cette réaction du ministre a été l'élément déclencheur pour Coulibaly Ali, qui, avec un groupe d’amis experts en artisanat et objets africains ont harmonisé leur réflexion pour créer la maison de l’Artisan. Une maison spécialisée dans la préservation, la conservation, la valorisation du patrimoine culturel matériel et immatériel et la promotion des produits et du tourisme et de l’artisanat. « Cet espace se veut un cadre d’échange entre les hommes de culture, des chercheurs, les étudiants, en tout cas toute personne en quête d’information sur la culture notamment l’artisanat », fait-t-il remarquer.

Pour lui, cette collection n’a pas été une tâche aisée, « faire une collection n’est pas une messe à faire, c’est d’abord une volonté nationale. Tout ce que vous voyez a été un long processus et cela a nécessité de nombreux vas-et-viens. Pour créer et unifier ces objets, j’ai dû voyager dans presque tous les hameaux de la Côte d’Ivoire. D’Abidjan à Korhogo, Bouna, Odienné en passant par Yamoussoukro, San-Pedro, Bouaké, Daloa, Man etc », nous raconte le collectionneur sur un ton un mélancolique, comme pour montrer les difficultés qu’il a surmonté.Car, « lorsque tu es Ivoirien ou de la région les populations ne veulent pas s’ouvrir à toi. Nous étions obligés d’utiliser d’autres méthodes en envoyant des éclaireurs sur les sites ciblés pour recueillir des informations. Lorsqu’ils y parviennent, nous repartons ensuite pour rencontrer les habitants, qui n’ont visiblement le choix que de collaborer en leur donnant toutes les informations précises, pouvant permettre de promouvoir ces objets», explique-t-il.

Aujourd’hui, ce passionné d’art a une collection de près de 450 objets de toute variété, tels que les objets d’art, des portes de luxe dont les motifs sont des reflets de ceux utilisés sur les tissages traditionnels Senoufo, des cadres de miroir originaux, des tissages traditionnels, des tenues traditionnelles (Akan, Yacouba, Bété, Sénoufo), la poterie traditionnelle (urne usuelle et funéraire), des emballages de cadeaux etc. Parfois, avoue-t-il, il ne sait plus comment il a réussi à avoir certains objets, longtemps mis aux oubliettes.

En visitant son catalogue, l’on se rend compte de l’immense richesse culturelle que possède la Côte d’Ivoire. « Ce catalogue a pour objet d’une part, de présenter la collection de la maison de l’Artisan et de faire découvrir les richesses culturelles de la Côte d’Ivoire et de la sous-région et d’autres part, de contribuer au traitement, à l’expertise et à la documentation des œuvres d’art de la sous-région parfois mal interprétées à cause des difficultés linguistiques ou des témoignages erronés », commente le promoteur de ce lieu. Pour lui, la passion pour l’art et la culture se justifie à la fois par la laborieuse et riche enfance qu’il a vécue et qui l’a très tôt éloigné de son environnement culturel qu’il réclame sans cesse.

« L’Afrique a été sauvagement pillée en matière d’objets d’arts par la faute des africains eux-mêmes. La Côte d’Ivoire est très riche. Dans le domaine de la sculpture, vous retrouverez toute cette richesse. C’est pour cela que je demande d’abord aux élus locaux de faire l’inventaire de ce qui existe dans leur région, ce qui pourra par la suite être l’objet de documentation », souligne Coulibaly Ali. Le disant il a fustigé le comportement d’un ancien ministre d’Houphouët-Boigny (premier président de la République de Côte d'Ivoire) a qui il avait, en son temps remis un tableau, qui s’est par la suite retrouvé dans son magasin.

Ouverte tous les jours, excepté le dimanche, la maison de l’artisanat, outre les activités de promotion des produits culturels et la vente et la location de certains de ces objets, organise périodiquement des rencontres ciblées avec des partenaires au développement, des acheteurs, des professionnels de la culture, du tourisme, de l’artisanat et de la presse.

Au nom de cette maison, 4 éditions des Journées Internationales de l’Artisanat Traditionnel d’ Abidjan ont été organisées, avec la participation des artisans de la sous-région. Malgré le contexte de ma maladie à virus Ebola, la dernière édition a vu la participation de 110 exposants 4 200 visiteurs dont 55% composés de jeunes, d’élèves et d’étudiants.

Kamagaté Issouf
Issouf.kamagate@fratmat.info
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