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Politique Publié le mercredi 26 août 2015 | Le Quotidien d’Abidjan

Un spécialiste en relations internationales à propos de la Côte d’Ivoire : « Il faut en Côte d’Ivoire une transition apaisée »

Dans les pays dignes de ce nom, l’élection présidentielle est toujours le moment où les citoyens sont appelés à faire un choix de société. Sans faire l’exégèse de ce syntagme nominal (choix de société), disons simplement que tout choix suppose a minima un contexte. Quel est donc celui dans lequel les Ivoiriens seraient censés se prononcer en octobre 2015 ? Une CEI toujours présidée par M. Youssouf Bakayoko ; celui-là même qui a encore sur la conscience la mort atroce de milliers de jeunes Ivoiriens pour avoir proclamé des résultats contraires au choix de la majorité du peuple en 2010. La récente publication d’une liste électorale de six millions d’électeurs recensés dans un pays de vingt-deux millions d’âmes au moins, soit le tiers de ce peuple. Un chef d’Etat qui s’est déclaré candidat alors même que l’article 35 de la constitution dont il est censé être le gardien institutionnel le disqualifie sans appel. Quatre cents prisonniers politiques, chiffre déjà effroyable et paradoxalement en augmentation régulière … . Des prisonniers détenus dans des conditions inhumaines où ils subissent les affres de traitements dégradants régulièrement dénoncés par les organisations humanitaires en tout genre… .

Au-delà de ce contexte honteux et indigne de notre pays, quel est le projet de société ?
En 2010, le slogan du chef de l’Etat actuel était : « Donnez-moi cinq ans et je transforme le pays ! ». Sur cette promesse, les Etats français ; britannique et américain se sont accordés pour installer dans le sang le régime actuel au mépris des véritables résultats du scrutin présidentiel de 2010. Ces parrains d’hier doivent regarder le fonctionnement de la justice ivoirienne qui condamne aujourd’hui à tour de bras des opposants politiques sans être capable d’indiquer les faits qui leurs sont reprochés. C’est le signe d’une nation en insécurité sociale très avancée quand on sait que la justice est dans un pays normal, l’arme qui protège les plus faibles.

Le projet de société se trouve-t-il dans le mimétisme servile de ce que faisait hier le colonisateur dans les colonies d’exploitation à savoir un bout de bitume par ici, un bloc de béton par là, quelques infrastructures pour assurer son approvisionnement…Ce projet est-t-il à rechercher dans cette provocation puérile de « rattrapage ethnique » que les Ivoiriens, toujours bien avisés, ont fort bien compris comme la tentative d’installer entre eux une guerre fratricide sans fin… . Le projet de société est-il enfin à trouver dans l’angoisse permanente de se voir assassiné par des tueurs armés à dessein, lâchés ensuite dans la population et qui tuent indistinctement dans une impunité aussi révoltante que déconcertante… .Face à cet échec mais pas seulement, un échec dont la communication n’arrive plus à couvrir la pestilence, nous appelons à un sursaut pour mettre en place UNE TRANSITION NON POLITIQUEMENT INTERESSEE et apaisée. Elle s’attèlera entre autre à recoudre le tissu social ivoirien totalement détricoté parce que notre pays n’est pas juste un vulgaire super marché qui a simplement besoin d’un gérant. Le temps est venu de remettre l’économie à sa juste place ; celle d’être un moyen et non une fin. Le moment est venu de mettre fin à la présidence d’exception pour que la Côte d’Ivoire sorte de cet état d’exception que l’on tente de rendre désespérément permanent.

Une contribution de Raphaël DAGBO
Enseignant Chercheur et spécialiste en relations internationales
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