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Sport Publié le mercredi 23 septembre 2015 | Le Sursaut

Enquête express/ Organisation de voyage de jeunes footballeurs : le nouveau business des anciens joueurs

Plusieurs footballeurs ivoiriens à la retraite, excellent désormais dans l’organisation de voyage, à l’extérieur du pays. Un business juteux qui fait pourtant grincer les dents.

Si Alain Gouamené, Dao Lassina, Amani Yao Jules-César, Maxime Gouaméné, Lago Bailly Guillaume, Aka Kouamé Basile, ces anciens pionniers des Eléphants, ont opté pour une carrière d’entraîneur, après avoir rangé les crampons, tel n’est pas le cas de certains de leurs coéquipiers. Ces derniers, à la tête de structures montées de toutes pièces ou propriétaire de centres de formations de football (sic), convoient de jeunes footballeurs dans les pays du Maghreb en Afrique du Nord, dans le Moyen-Orient et surtout en Europe (France, Russie, etc.). Le business prend de l’ampleur. Chaque jour, ce sont une dizaine de jeunes footballeurs qui sont sélectionnés pour aller participer aux tournois partout dans le monde, grâce aux anciens joueurs. Pour être sélectionné, il faut débourser entre 1,5 million F cfa et 4 millions F cfa. « Le Centre de formation ivoirien de football (Cfif) travaille de façon professionnelle. Nous demandons juste une petite contribution aux parents pour un voyage en France pour participer aux tournois qui rassemblent les équipes de jeunes d’Arsenal, du PSG et bien d’autres. Si un joueur frappe dans l’œil d’un technicien étranger, c’est une chance. Mais il faut préciser que depuis que nous organisons les voyages, tout s’est bien passé. Aucun joueur n’a fui et nous avons la confiance de l’Ambassade de France à Abidjan qui nous délivre les visas. Nous aidons à notre manière, les jeunes footballeurs. A la fin de chaque tournoi, les jeunes qui ont pris part au voyage, regagnent le bercail », précise Ahmed Aziz Koné, président-fondateur du Cfif. Il reconnaît néanmoins que dans le rang des anciens pros du foot ivoirien, il y a de vrais arnaqueurs et de vendeurs d’illusions: «Il y a des gens qui gâtent ce business. Ils veulent vite gagner et soutirent assez d’argent aux parents pour un seul voyage. Or, ils peuvent attendre jusqu’à ce qu’un élément de leur écurie signe un contrat professionnel». Depuis quelques jours, l’ancien joueur de l’Africa Sports d’Abidjan, Dié Serge, à la tête d’Athletic One, une structure qui selon lui, offre des opportunités aux jeunes talents ivoiriens, est au centre d’un scandale. Depuis la France, il est accusé d’avoir laissé s’échapper six de ses joueurs partis en essai dans un club. Pis, il aurait empoché plus de 4 millions F cfa sur chacun des joueurs convoyés en France. Vrai ou faux ? La rumeur se fait de plus en plus persistante. « Ce genre d’information ou rumeur sape le moral de tout le monde et gâte le travail de ceux qui font des efforts», a réagi un ex-attaquant des Eléphants qui bosse avec un agent de joueur anglais. Quant au concerné, Dié Serge, il nie tout en bloc et fait remarquer que l’histoire a été montée depuis la France pour mettre les bâtons dans les roues de sa jeune structure : «Je m’attendais plus ou moins à ce qu’on mette les bâtons dans les roues. Mais il en fallait beaucoup pour m’ébranler. Je ne me reproche absolument rien dans cette affaire fabriquée de toutes pièces ». Qu’à cela ne tienne. Dans cette affaire de transfert ou organisation de voyage, un ancien joueur a d’ailleurs séjourné au violon et même à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Il s’agit de Zahui Madou Laurent, ex-coach du Stade d’Abidjan. De sources bien introduites, il aurait arnaqué les parents de jeunes footballeurs. Le voyage promis n’a jamais eu lieu. Et Zahui s’est retrouvé à deux reprises en prison. Il a fallu l’intervention d’Alain Gouamené pour qu’il soit remis en liberté. Le héros de Sénégal 92 a remboursé une partie de l’argent «bouffé» par Zahui, dans cette affaire. Autre détail important, des anciens joueurs seraient spécialisés dans une autre forme d’esclavage. «Ils prennent l’argent avec les parents, organisent bien le voyage. Et une fois au Maroc, ils abandonnent les jeunes à leur triste sort. Pas d’essais, encore moins de signature dans un club comme promis au départ. Faîtes un tour au Maroc, en Tunisie et en Egypte et vous verrez de jeunes Ivoiriens en détresse dans ces pays. Ils ont été arnaqués et ce qui choque, ces jeunes n’ont pas le courage de revenir au bercail », confie un journaliste ivoirien qui a séjourné en 2013 au Maroc, à la faveur du match Sénégal-Côte d’Ivoire. Cependant, si les anciens pros se comportent ainsi, cela est dû à la passivité ou à la légèreté de la Fédération ivoirienne de football et du ministère des Sports et Loisirs.

Des laissez-passer qui interpellent

Avant de se rendre dans une ambassade pour l’obtention d’un visa, tout organisateur de voyage à l’extérieur d’un pays quelconque a obligatoirement besoin de deux laissez-passer. D’abord, il doit avoir le ok de la Fédération ivoirienne de football (Fif) et une autorisation de sortie du pays qui elle, est l’affaire du ministère en charge du Sport. C’est donc muni de ces deux sésames que l’organisateur se rend à l’ambassade pour le visa. C’est vrai que l’ambassade ne délivre pas aussitôt le visa, sur la base du ok de la Fif et du ministère, mais il est clair que les deux institutions manquent de vigilance sur certains dossiers. De concert avec la tutelle, la Fif devrait au moins durcir les conditions pour un voyage à l’extérieur. «La Fif fait des efforts pour éviter la traite des jeunes football. Aujourd’hui, pour laisser voyager un enfant, nous exigeons les signatures du père et de la mère. Mieux, nous menons des enquêtes pour voir si les parents présentés sont réellement ceux du jeune. C’est délicat, mais ne croyez pas que la Fif ne veille. Il y a des dossiers que nous rejetons. Et puis, les gens contournent parfois la fédération», confie un responsable du football des jeunes à la Fif qui a requis l’anonymat, sur le sujet. Même son de cloche au ministère des Sports et Loisirs : «C’est lorsqu’ils sont coincés au niveau de l’ambassade qu’ils ont recours au ministère. Nous pensons que la nouvelle loi relative au sport, règlera beaucoup de choses dans quelques mois. Nous avons le point des jeunes footballeurs abandonnés dans de nombreux pays et il faut sévir. Ce ne sont pas seulement les anciens joueurs, il y a des présidents de clubs et responsables de centres de formation. Des particuliers vendent aussi des joueurs ». Pour ce technicien au ministère des Sports et Loisirs, la Fif et la tutelle doivent travailler de concert afin de mettre un frein au voyage ou transfert clandestin. Très en colère, l’agent de joueur, Yves Sawagodo, confond les anciens joueurs ivoiriens en ces termes: «C’est impensable et inadmissible qu’un agent ou intermédiaire prenne de l’argent pour faire voyager quelqu’un. Pas au joueur de dépenser. Ces anciens joueurs ne servent pas le football. L’agent ou l’intermédiaire est rémunéré, donc c’est à lui de trouver de bons joueurs à proposer aux clubs. S’ils n’ont rien gagné lorsqu’ils jouaient, ce n’est pas la peine de venir gâter le travail des honnêtes personnes ».

Annoncia SEHOUE
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