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Afrique Publié le mardi 13 octobre 2015 | Diasporas-News

BENIN / Présidentielle 2016: Patrice, le Talon d’Achille de Yayi

© Diasporas-News Par SEYLLOU
Sommet extraordinaire de la CEDEAO à Dakar
Dakar, le 12 septembre 2015. Un Sommet extraordinaire de Communauté Économique des États de l`Afrique de l`Ouest s`est tenu Dakar. Huit chefs d`État étaient du rendez-vous pour parler de la sécurité. Photo: Le president du Benin, SEM Boni Yayi.
Depuis Cotonou, YAYI talonne Patrice. Depuis Paris, TALON continue d’empoisonner le palais de la Marina. Au Bénin, la course à la magistrature suprême prend un tournant décisif et atteint sa vitesse de croisière. En mars 2016, les Béninois iront aux urnes pour élire leur nouveau président. Dans le pays, deux grands noms animent l’actualité de la période pré-électorale : Thomas Boni YAYI et Patrice TALON, deux ennemis jurés.

L’un, en fin de mandat qui entend régler ses comptes, positionne ses pions et est soupçonné militer pour Lionel ZINSOU fraîchement ramené de France pour être nommé Premier ministre, un poste jusqu’alors inexistant. L’autre, présidentiable, un richissime homme d’affaires, met à profit ses réseaux et peut compter sur son impressionnant moyen financier pour contourner le stratagème de son pire ennemi. Et depuis son exil en France, il télécommande. Entre Patrice et Thomas, c’est une guerre de tranchée.

Au Bénin, Paris rime avec Patrice. Cotonou, la course présidentielle de 2016 a commencé depuis plusieurs mois. De plus en plus, les rumeurs autour de la candidature du richissime homme d’affaires, l’ancien bras droit du président sortant Yayi BONI, qui étaient sous la tente deviennent un secret de Polichinelle. On en sait davantage. Talon s’annonce en grand renfort médiatique. Son ambition agite le palais de la Marina. « Ma candidature relèvera d’une décision concertée », a-t-il confié récemment à Rfi. Et depuis son exil en France, main droite sur le coffre-fort, le magnat du coton prépare son cocktail gagnant, mobilise ses stratèges politiques, peaufine sa stratégie, multiplie les contacts et télécommande.

Entre Cotonou et Paris, les allers et retours des poids lourds de la politique béninoise, opposants comme dissidents du pouvoir Yayi, deviennent plus réguliers qu’avant. Dans le seul mois de juillet, le ballet de l’opposant Bruno AMOUSSOU, du député Joseph DJOGBENOU ou du Robert GBIAN, 2ème Vice-président de l’Assemblée nationale n’était pas passé inaperçu dans la Ville lumière, Paris. En villégiature ? Un petit bonjour à l’Africaine à Patrice ? Des sources confirment que les visiteurs ont tout de même partagé un pot avec Talon, même si ces derniers démentent l’avoir rencontré. Passons.

L’argent. Dans son pays qu’il a quitté depuis 2012 dans une rocambolesque affaire de tentative d’empoisonnement où il était mis en cause par Docteur Boni, la candidature de l’homme continue de drainer des hommes et des femmes. Au Benin, des mouvements de soutien à la candidature de Patrice TALON s’intensifient et gagnent (presque) les villes. Visiblement. A Cotonou ou à Porto-Novo ou encore à Godomey, les femmes sonnent le ralliement au milliardaire en exil et incitent les autres à être sur leurs talons. « Patrice Talon est la pierre précieuse, la qualité rare, la merveille, mieux, le fruit béni des entrailles sur qui les femmes du Bénin ont jeté leur dévolu pour conduire la destinée du Bénin en 2016. Homme de vision pétri d’expériences dans le domaine de l’économie, Patrice Talon appartient au monde des hommes rares dont le Bénin a besoin pour son développement. Ses dernières sorties médiatiques ont, plus que jamais, convaincu les jeunes sur ses ambitions et ses visions pour le Bénin », ont-elles scandé le 20 septembre dernier lors d’un meeting initié par le Mouvement Fènou 2016 au stade Charles de Gaulles de Porto-Novo. A Tindji ou à Godomey dans la Commune de Kandi, TALON reçoit des soutiens des cotonculteurs qui demandent son retour au bercail dans la perspective de la prochaine échéance. A Akpakpa, le Cercle de Soutien à Patrice TALON (CSPT) est implanté avec pour leitmotiv, « Patrice Talon à la Marina en 2016 ».


L’argent joue gros dans cette synergie autour de la probable candidature de TALON. Certains observateurs le pensent. A la veille des dernières législatives dans ce pays à l’issue desquelles l’opposition est sortie revigorée, l’anti révisionniste a réussi à rassembler l’Union fait la Nation, la Renaissance du Bénin et le Parti du Renouveau Démocratique contre la mouvance. Selon les indiscrétions, il avait financé la campagne de l’UN à plus de 1 milliard de F FCA, chiffré Valentin Aditi HOUDE et son parti à 500 millions de F FCA et remis150 millions à Alliance Soleil. Actuellement, pour la prochaine bataille, il embarque pour sa cause, le candidat malheureux de 2011, Abdoulaye BIO TCHANE et Robert GBIAN et espère emballer Adrien HOUNGEDJI, président de l’Assemblée nationale, n°1 du Parti Renouveau Démocratique (PRD). Rappelons qu’à Cotonou, du 19 au 20 septembre dernier, ce parti a tenu son Université d’été, édition 2015. Mais il faudrait attendre d’ici décembre pour connaître le nom de celui-là qui va porter le flambeau du parti pour 2016. Puisque le choix doit être mûri. « Confier son destin et celui de tout un peuple à un homme, n’est pas un acte banal, mais un acte bien mûri surtout que les années Yayi Boni ont soumis notre démocratie, l’Etat de droit et nos libertés, à rude épreuve », a déclaré Adrien HOUNGEDJI. Le PRD lorgne-t-il Paris ? En tout cas, TALON tente tout pour le tout pour se faire passer. L’homme au porte-monnaie largement ouvert peut attirer dans ses rangs les pourfendeurs du pouvoir Boni et les faire rallier massivement à sa cause. Mais la bataille n’est pas gagnée d’avance. Il faudrait compter avec l’accord de tous les acteurs, du moins les dinosaures dans le sérail de l’opposition. Même si tout lui semble acquis, l’homme d’affaires dans sa course tout droit vers la Marina a sur sa route, Boni YAYI, « un fin manipulateur » qui manœuvre toujours pour neutraliser son ennemi juré.

Le guet-apens. Thomas Boni YAYI ne briguera pas le 3ème mandat. La Constitution béninoise le lui interdit. Mais, il a ses comptes à régler avec TALON. Et c’est l’occasion ou à jamais. Après avoir aidé à le faire élire en 2006 puis réélire en 2011, Patrice n’aurait pas voulu s’engager avec Thomas dans ses velléités et périlleuse entreprise de modification de la Constitution pour un troisième mandat. Un camouflet ressenti comme un affront à laver. Octobre 2012, brouille. Le roi est en colère. L’ancien financier de Thomas Boni YAYI tombe en disgrâce. Dans une affaire de tentative d’empoisonnement, le faiseur du roi est forcé à l’exil chez François HOLLANDE (France). Mai 2014. Thomas sous pression de l’Elysée gracie Patrice qui rechigne à prendre la porte du retour de l’enfant prodige à lui ouverte. Et pour cause, il doute de la sincérité du pardon du Docteur président.

Entre les deux hommes, la guerre de tranchée est ravivée et empoisonne le jeu politique au Benin. Thomas Boni YAYI joue sa carte et tente d’anéantir l’ambition du richissime homme d’affaires. « Aussitôt informé du retour au Benin, courant septembre, de l’ex-magnat du coton, le chef de l’Etat a consulté le ministre de la Justice, Evelyne da Silva, et le procureur général près la Cour d’Appel de Cotonou, Gilles Sodonon. Objectif : faire le point sur les procédures judiciaires dont l’homme d’affaires est toujours la cible », révèle la Lettre du Continent dans sa livraison n°712 du 2 septembre. Il pourrait réactiver contre lui les dossiers de détournement de fonds lors de la campagne cotonnière 2011-2012 pendants devant la Justice. A en croire les indiscrétions, l’écurie du Béninois qui entend attirer Patrice TALON dans un guet-apens, mobilise ses sources pour glaner çà et là des informations relatives à son probable retour au Benin.

En faisant l’option de Lionel ZINSOU et de François ABIOLA, son ami d’enfance (nommé Vice-Premier ministre), deux dauphins putatifs qu’il place sur la rampe de lancement, Thomas Boni YAYI veut jouer les prolongations, même après lui. La nomination au poste du Premier ministre, le 19 juin, de Lionel ZINSOU, patron de PAI Partners qui continue de siéger au Conseil d’Administration de la Fondation AfricaFrance lancée sous l’égide de François HOLLANDE, se laisse appréhender comme une stratégie pour damer le pion à TALON. L’élection d’un homme de Thomas à la Marina pourrait être fatale à Patrice et compromettre sa réhabilitation et son retour au pays.
L’activisme. Le pouvoir de l’argent de Patrice TALON, son activisme sur le terrain pourrait-il fortement compromettre la stratégie YAYI ? Le travail de mobilisation, de propagande, d’opération de charme, mené sur le terrain par Olivier BOCCO (bras droit et fidèle de l’exilé), Oswald HOMEKEY, PDG de la chaîne Canal 3, Charles TOKO, patron du groupe de presse Le Matinal, Issa SALIFOU, détenteur de la compagnie de téléphonie mobile BellBenin et des parlementaires dont Candide AZANAI peuvent faire l’affaire d’un TALON rassuré. Dans cette affaire de tentative d’empoisonnement et la cabale qui en a suivi, l’homme, loin d’être affaibli, sort plutôt avec une côte de popularité renforcée. Tout porte à le croire. Mais tout n’est pas encore joué. Thomas Yayi Boni n’a pas encore dit son dernier mot.

Entre Thomas et Patrice, la périlleuse nuit de longs couteaux est en train de connaître son épilogue avec la présidentielle de mars 2016. Peut-être.

Pierre-Claver KUVO
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